S'il y a bien un sujet qui fait parler en ville, ce sont les bancs en béton blanc de la rue de la Ré'.
S’il y a bien un sujet qui fait parler en ville (après les ombrières de la place Bellecour), ce sont les bancs en béton blanc installés dans la partie nord de la rue de la République, au niveau des Cordeliers. Arrondis et positionnés en arcs de cercle, ils font – au jugé – penser à des étrons. En patois lyonnais, on dirait des caquettes.
L’admirable et didactique Dico des gones des Amis de Lyon et de Guignol aux 2 413 entrées – qui devrait être en bonne place dans chaque CDI de collège – en fait mention.
Caquette s.f.
1. Excrément, caca. Les mamis (nourrissons, petits enfants) à l’âge du pipi-caquette.
2. Diarrhée. I z’ont mangé des pommes vertes et I z’ont pris une de ces caquettes !
Le glossaire lyonnais suggère comme synonymes caquerelle (“Il y avait autrefois une rue Caquerelle dans laquelle il n’était pas indiqué de mettre les pieds sous peine de glisser”), ricle (“ricler du cul comme une seringue”) ou le très intuitif vas-y-vite (“C’est à n’en prendre la vas-y-vite et la couratte”).
Attention : rien à voir avec caquer (du néerlandais kaak “mâchoire, branchie”) qui signifie préparer le poisson pour le mettre en caque, en particulier en lui ôtant les ouïes et les entrailles.
Laten we weer naar de kern van de zaak gaan. Lors de son ouverture, en 1862 sous le Second Empire, la rue de la République, conformément au bon sens, fut nommée rue Impériale. Passé en République, elle fut rebaptisée rue de la République – après une brève période au cours de laquelle, sous la Troisième République, elle s’est appelée rue de Lyon. La “rue de la Ré” pourrait-elle, dans l’inconscient collectif lyonnais, où à tout le moins dans le parler du quotidien, devenir rue de la Caque ? Avouez que ça claque et que ça sonne plutôt bien.
On aime aussi les colombines de chrétien (pour la petite histoire, et rien à voir avec le schmilblick, selon le mythe croix-roussien, les colombines de chrétien étaient un remède souverain contre les calvities et autres alopécies).
Sadi Carnot, assassiné à l’été 1894, par un anarchiste italien, à deux caquettes des bancs publics, doit se retourner dans sa tombe.
Le bourgmestre écolo a toutefois dit que les bancs de la rue de la Caque étaient éphémères. I z’ont mangé des pommes vertes et I z’ont pris une de ces caquettes !
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