La maison d’édition chamoniarde, créée en 1995 par Michel Guérin, continue de porter avec brio la littérature de montagne, à travers la réédition de classiques, traductions mais aussi récits d’une nouvelle génération d’alpinistes.
“Trop de livres tuent le livre. Il faut créer des repères”, écrivait Michel Guérin, ancien publicitaire, dans ses carnets avant de créer sa maison d’édition. Pari réussi avec sa collection de livres à la couverture rouge éclatant, rappelant la couleur des chaussettes et pulls des montagnards d’antan ou celle des combinaisons des moniteurs de l’ESF. Grimpeur, marcheur, skieur, Michel Guérin souhaitait faire des livres “sur la passion et ceux qui sont brûlés par elle”, la littérature de montagne et ses récits d’expériences extraordinaires ayant pour lui une dimension “universelle et éternelle”.
Dès sa première publication, une réédition de Les Conquérants de l’inutile de Lionel Terray, il réussit une percée dans le monde de la littérature alpine, suivie de l’édition d’un deuxième livre, celui de Louis Lachenal, vainqueur oublié de l’Annapurna, premier sommet de 8 000 mètres gravi lors de l’expédition menée en 1950 par Maurice Herzog. En 2007, Michel Guérin décède prématurément d’une crise cardiaque, mais la maison garde le cap avant d’être rachetée en 2010 par les éditions Paulsen, créées par le milliardaire suédois Frederik Paulsen, et spécialisées en littérature de voyage et d’exploration. Conservant leur spécificité éditoriale, les éditions Guérin perpétuent, au rythme d’une douzaine par an, la publication de récits célébrant littérature et écriture.
Trois questions à Charlie Buffet, journaliste, traducteur et directeur éditorial des éditions Guérin depuis 2017.

Lyon Capitale : Les éditions Guérin fêtent cette année leurs 30 ans. Dans le monde de l’édition est-ce une prouesse ?
Charlie Buffet : Au fil des ans, la maison Guérin a assis une belle notoriété, elle est très reconnue et identifiée, avec un rôle de leader sur le livre de montagne. Mais s’asseoir sur nos lauriers ne m’intéresse pas, je veux qu’on réfléchisse à l’avenir : à quoi ressemblera la maison d’édition et à quoi ressemblera la montagne en 2055 ?
Comment avez-vous rejoint les éditions Guérin ?
Michel Guérin était un ami. Je suis un passionné de montagne et mon histoire commence avec lui en 1995 alors que je travaille comme journaliste à Libération. À sa mort en 2007, j’ai apporté à la maison un peu de mon expérience éditoriale puis mon implication en dix ans a augmenté régulièrement.
Cette année anniversaire est-elle célébrée avec des rééditions ou sorties de titres phares ?
L’alpiniste Benjamin Védrines est le parrain de nos 30 ans. On l’accompagne avec deux livres, temps fort de cet anniversaire, K2, sur son expédition en Himalaya, et un livre plus intime, Solitude, sur son ascension solitaire des Drus. En parallèle, un lien avec le passé est tissé avec les nouvelles biographies sur Claude Jaccoux, doyen des guides de Chamonix et Samivel, peintre et écrivain très tôt engagé pour l’écologie. Trois petits livres, à l’image de notre maison, sont également réédités : Sur l’Annapurna de Louis Lachenal, Le Pilier de Walter Bonatti, L’Amont des sources, un essai sur les glaciers de Nastassja Martin. Une nouvelle d’anticipation inédite.
