Devant la plaque commémorative apposée au 12 rue Sainte-Catherine, Grégory Doucet, Fabienne Buccio se recueillent lors du 80e anniversaire de la rafle de la rue Sainte-Catherine, ainsi que le grand rabbin de Lyon.

Rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon : "Nous sommes là pour nous souvenir"

Le 80e anniversaire de la rafle de la rue Sainte-Catherine s'est déroulé ce dimanche matin. Grégory Doucet s'est exprimé en évoquant l'indignation qu'a suscitée l'organisation d'une table ronde sur le conflit israélo-palestinien.

Dans une atmosphère silencieuse, propice au recueillement, la cérémonie organisée pour le 80e anniversaire de la rafle de la rue Sainte-Catherine a regroupé plusieurs centaines de personnes ce dimanche à 11h, au numéro 12. Devant la plaque commémorative recensant les noms des personnes déportées le 9 février 1943 lors d'un piège tendu par Klaus Barbie, plusieurs personnalités politiques se sont recueillies, dont Grégory Doucet, maire de Lyon, Fabienne Buccio, préfète de région, et Yasmine Bouagga maire du 1er arrondissement.

Après l'énonciation des noms des 86 personnes déportées en 1943 rue Sainte-Catherine, puis un temps de prière, Grégory Doucet a pris la parole devant l'assemblée, en évoquant le contexte de tension entre la Ville et la communauté juive de Lyon de ces dernières semaines. "Je n'ignore pas que cette commémoration déjà bouleversante par essence se trouve aujourd'hui insérée dans un contexte de forte émotion, avivée au cours de ces dernières semaines. J'ai écouté les représentants de la communauté juive, et pris en compte les messages qui m'étaient adressés, entendu les alarmes, l'incompréhension et la colère suscitées par l'initiative que j'avais prise et que vous connaissez".

L'édile est revenu sur son choix d'annuler la table ronde initialement prévue le 1er février autour du conflit israélo-palestien, à laquelle était convié l'avocat Salah Hamouri, accusé de terrorisme contre Israël. "Cette initiative, comme vous le savez, j'ai choisi de l'annuler, pour ne pas prendre le risque d'altérer notre entente. Il m'était insupportable d'imaginer que sa tenue puisse venir abîmer notre amitié et recouvrir d'un voile de défiance l'attachement fondamental que j'ai pour le travail que nous menons ensemble depuis 2020 au service de la mémoire". Ses propos ont été accueillis dans le calme, sans aucune réaction dans l'auditoire. Lors de la cérémonie de commémoration de la libération des camps d'Auschwitz le 29 janvier place Bellecour, le maire, absent, avait été hué par la communauté juive lorsque son nom avait été cité.

Le futur mémorial de la Shoah évoqué

Le maire de Lyon a exprimé sa reconnaissance envers l'association des Fils et des Filles de Déportés Juifs de France, dont les Présidents Beate et Serge Klarsfeld, présents sur place. Il a par ailleurs mentionné "le travail méticuleux" des historiens et historiennes œuvrant "contre l'oubli et l'indifférence" ainsi que l'ancien maire de Lyon Gérard Collomb qui "a permis d'apposer cette plaque devenue stèle", inaugurée en 2011 avec Robert Badinter, fils d'un homme victime de la rafle de Sainte-Catherine.

Grégory Doucet a par ailleurs rappelé le lancement du concours d'architecture lancé pour l'édification d'un mémorial de la Shoah, qui devrait voir le jour en 2025 place Carnot. "C'est la concrétisation de l'engagement que j'ai pris fin 2020".

"Défendre les valeurs qui sont les nôtres"

Après le maire de Lyon, Richard Zelmati, président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) de Lyon, a pris la parole en mentionnant les témoignages de personnes déportées ayant survécu à l'Holocauste. "L'ensauvagement des mots précède toujours l'ensauvagement des actes", a-t-il tenu à rappeler. Serge Klarsfeld, président de l'association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France, s'est exprimé à son tour, suivi de la préfète de région Fabienne Buccio, qui s'est d'abord directement adressée à son prédécesseur : "C'est un honneur pour moi de parler après vous au nom de l'État et au nom de la France", a-t-elle déclaré, avant de rappeler le devoir de mémoire qui incombe à tous et toutes. "Nous ne devons pas penser que ce qui s'est passé ne reviendra pas [...] Nous devons défendre fermement les valeurs qui sont les nôtres. Entretenons cette humanité républicaine qui nous permet de faire corps".

Des élèves de l'établissement scolaire Notre-Dame de Bellegarde de Neuville-sur-Saône ont ensuite lu des textes mentionnant des victimes de l'Holocauste, avant le dépôt de gerbes au pied de la plaque commémorative.

Fabienne Buccio devant l'assemblée.

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