Fabienne Buccio, préfète d'Auvergne-Rhône-Alpes
Fabienne Buccio, préfète d’Auvergne-Rhône-Alpes @LC

Fabienne Buccio, nouvelle préfète d'Auvergne-Rhône-Alpes : une main de fer dans un gant de velours

"Consciente que ce ne sera pas un fleuve tranquille", la nouvelle préfète du Rhône espère "trouver un chemin" avec les collectivités locales "pour l'intérêt général".

"Je ne suis pas une femme de conflit mais quand il y a un conflit, je le gère." Si le ton est donné, il l'est dans un style plutôt bienveillant. Pourtant, l'exercice n'était pas des plus commodes.

Mercredi 1er février, Fabienne Buccio, la nouvelle préfète du Rhône et d'Auvergne-Rhône-Alpes, se présentait à la presse. Salle Jean Moulin. Un nom qui fait écho à l'hommage rendu l'avant-veille, lors de sa prise de fonction, aux soldats tombés pour la France devant le "Veilleur de pierre", place Bellecour.

Ce même monument devant lequel le nom du maire de Lyon avait été hué, dimanche, à l'occasion de la commémoration de la libération du camp d'Auschwitz (le premier magistrat de la Ville avait déclenché une polémique autour d'une conférence organisée par la ville avec l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, avocat soupçonné de terrorisme contre Israël).

La nouvelle préfète avait alors échangé au téléphone avec Grégory Doucet pour lui dire qu'elle allait devoir lui envoyer une mise en demeure d'interdiction de la table ronde, à l'aune de possibles troubles à l'ordre public, s'il n'annulait pas l'événement. "On ne peut pas ignorer que certains sujets demandent qu'on parle ensemble. L'Etat peut faire des choses seul, les collectivités aussi, mais quand on fait les choses ensemble, on va plus loin et on fait mieux" explique celle qui souhaite qu'on l'appelle "Madame la Préfète".


"L'Etat n'est l'ennemi de personne, le maire de Lyon doit bien le comprendre"

Fabienne Buccio, préfète du Rhône et de la région Auvergne-Rhône-Alpes

Féministe revendiquée, Fabienne Buccio le motive par le fait qu'elle a toujours "dû prouver plus en tant que femme". Sa nomination de préfète du Pas-de-Calais en février 2015 ? "Aucun préfet ne voulait y aller". Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, et avec qui elle a un "lien très fort", lui avait fixé un objectif : le démantèlement de la "jungle" de Calais, qu'elle s'était toujours refusée d'appeler ainsi, "c'était pas très correct pour les gens qui vivaient à l'intérieur". En deux semaines, "avec beaucoup de patience et d'empathie" (dixit Bernard Cazeneuve), Fabienne Buccio avait réussi à faire évacuer les migrants. "J'ai gagné mes galons". Après cet épisode, plus personne n'a douté de ses compétences.

Fabienne Buccio, préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes @LC

"Je ne suis pas une femme de conflit mais quand il y a un conflit, je le gère." Comme pour les incendies auxquels elle a dû faire face, en Gironde, à l'été dernier. On l'avait vu, à la télé, épuisée, des sanglots dans la voix, soulagée d'avoir évité le pire. "Chaque jour, j'avais peur de perdre quelqu'un."

On sent une bienveillance dans ses propos, un rapport simple et assez facile aux gens. Elle parle beaucoup d'"humain". "Je suis guidée par la question :"qu'est-ce qui est juste et le plus en règle avec ma conscience ?". Mon ADN, c'est l'intérêt général, d'essayer de me rendre utile dans les décisions que je prends, même si aucune d'entre elles ne fait l'unanimité."

Entendre et écouter sont deux choses différentes. Généralement, pour les gens, si l'on ne prend pas des décisions qui vont dans leur sens, ils pensent qu'ils n'ont pas été entendus.


"Je ne vous demande pas pour qui vous votez, je vous demande si vous voulez travailler pour moi".

Jacques Chirac à Fabienne Buccio

"Non politique" de son propre aveu, elle se rappelle du mot de Jacques Chirac, alors président de la République : "je ne vous demande pas pour qui vous votez, je vous demande si vous voulez travailler pour moi". Une phrase qui a "toujours marqué (sa) conduite".

"L'Etat n'est l'ennemi de personne, le maire de Lyon doit bien le comprendre". Et de prendre l'exemple de la sécurité, "un enjeu majeur", en particulier à Lyon, et au sujet duquel Grégory Doucet, les écologistes plus globalement, ne sont pas à l'aise. "Le maire a une responsabilité en la matière, comme j'en ai une. Il est aussi un représentant de l'Etat , il a les mêmes compétences que le préfet sur sa commune. C'est pour cette raison qu'il faut qu'on s'accorde le mieux possible."

Sur ce volet, la vidéosurveillance a toujours été une pierre d'achoppement entre le maire Grégory Doucet et l'ex-préfet Pascal Mailhos. Fabienne Buccio rejoint son prédécesseur : "la vidéosurveillance a fait preuve de son efficacité partout où elle a été installée", prenant soin de désamorcer les choses en expliquant que "ce n'est pas une raison pour les installer n'importe comment". Une main tendue et une oreille attentive, vers le maire de Lyon, opposé à un déploiement plus large des caméras à Lyon. Un audit, conduit par la Ville, en interne, est attendu mi-février.

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