Métropole de Lyon vue du ciel

Pollutions du Rhône : l’état des lieux près de Lyon

Alors que la polémique sur les perfluorés au sud de Lyon se répand de commune en commune, Lyon Capitale fait le point sur les différentes pollutions des cours d’eau lyonnais.

Risque-t-on sa santé à chaque fois que l’on ouvre le robinet, ou lorsqu’on consomme un légume produit localement ? On sait, depuis les années 1970, que les eaux à proximité de Lyon sont contaminées par plusieurs polluants : hydrocarbures, métaux, nitrates, pesticides en tous genres et aujourd’hui les micropolluants comme les perfluorés (PFAS), les médicaments ou les hormones. Même si de nombreux progrès ont été faits sur plusieurs substances, notamment via un cadre réglementaire davantage contraignant, interdisant les produits les plus toxiques, et des stations d’épuration plus performantes, des pollutions historiques demeurent dans les sols et les sédiments dans et autour du fleuve.

Le champ des substances que l’on retrouve dans l’eau est si vaste que l’on n’a pas la capacité pour mettre un seuil à chaque fois.

Kristell Astier-Cohu, chef de projet à l’Agence de l’eau

Et les risques sur les habitants sont multiples : cancers, problèmes neurologiques, troubles de la fertilité, influence sur les fœtus et le développement des enfants… et tous ne sont pas encore caractérisés. “Il faut quand même rassurer les gens. Sur l’eau d’alimentation, des contrôles sont faits très régulièrement sur tous nos captages”, nuance Pierre Athanaze vice-président de la Métropole de Lyon chargé de la prévention des risques. Reste que les dernières révélations sur les perfluorés dans de nombreuses communes au sud de Lyon (voir la carte ci-dessous), suite à la diffusion du documentaire Vert de rage sur France 2 en mai 2022, met le doigt sur une problématique plus large : “La réglementation ne va pas aussi vite que la technologie”, pointe Kristell Astier-Cohu, chef de projet à l’Agence de l’eau. Elle poursuit : “Le problème c’est qu’on ne sait pas encore dire à partir de quand la concentration de certaines substances pose problème ou pas. Le champ des substances que l’on retrouve dans l’eau est si vaste que l’on n’a pas la capacité pour mettre un seuil à chaque fois. Il y a des priorités sur la base de présomptions d’impact fortes, mais par exemple on n’a pas d’indicateur réglementaire sur les pesticides en eaux de surface.

Il en va de même pour les perfluorés (PFAS) : la directive européenne qui concerne la qualité des eaux de consommation est en cours de transposition en droit français. Les PFAS devront être intégrés dans les analyses sanitaires de l’eau potable d’ici 2026, et pour seulement vingt éléments parmi les quatre mille sept cents que compte cette famille de polluants. Sur ces derniers, l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé prendre de l’avance et commencer d’ores et déjà sa surveillance. En attendant, les services de l’État en retrouvent déjà dans la chair des poissons entre Lyon et Givors, mais aussi dans les œufs de Pierre-Bénite et Oullins et les légumes du plateau mornantais, arrosés avec l’eau du Rhône.

Le contexte : moins d’eau, plus d’usages

Néanmoins, parmi les points positifs : la tendance globale du bassin du Rhône vers une amélioration de la qualité de l’eau. “C’est sûr que le Rhône est beaucoup moins pollué qu’avant les années 2000 car de gros efforts ont été faits avec les industriels, mais aussi les agriculteurs et les collectivités”, souligne Olivier Fontaine, expert surveillance des milieux naturels de l’Agence de l’eau. Un constat positif qui n’élude cependant pas le travail restant à fournir dans un contexte de réduction de volume d’eau du Rhône.

C’est sûr que le Rhône est beaucoup moins pollué qu’avant les années 2000 car de gros efforts ont été faits"

Olivier Fontaine, expert surveillance des milieux naturels de l’Agence de l’eau

Si les sécheresses ne sont pas nouvelles, celle de l’été 2022 a laissé des traces avec des tensions sur le partage de l’eau entre la consommation des habitants, les agriculteurs et les collectivités. Pour rappel, 95 % de l’eau potable de la métropole de Lyon provient d’un unique champ captant, Crépieux-Charmy, à proximité du Rhône. Une situation rendant très vulnérable la production d’eau potable tant face aux aléas liés à la pollution qu’à la réduction progressive, mais inéluctable, du débit du fleuve sur le long terme.

Pour aller plus loin sur ce sujet, le dossier de Lyon Capitale:

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