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Pourquoi une nouvelle régie publique de l’eau à Lyon ?

Pour la première fois depuis 1986, la collectivité gérera directement l’eau des Lyonnais dès le 1er janvier 2023. Quels seront les changements pour le consommateur ? Pourquoi y a-t-il des oppositions ? Lyon Capitale résume.

C’est une petite révolution silencieuse. L’eau des Lyonnais sera de nouveau gérée directement par les services publics à partir du 1er janvier 2023. En apparence, rien ne change. L’eau qui coule du robinet aura toujours la même saveur, au même prix, au moins la première année, et grâce aux services des mêmes personnes. Pourtant, c’est la fin du règne sans partage de Veolia. Le délégataire privé officiait sous l’appellation Eau du Grand Lyon, depuis 1986, et même avant : de 1853 à 1900 sous le nom de la Compagnie générale des eaux. C’est une promesse de campagne que les élus écologistes avaient annoncée. Un choix inédit qui mêle à la fois intention politique et vision stratégique, pour une ressource essentielle à la vie des habitants. En effet, l’option du passage en régie publique ne s’imposait pas d’elle-même dans la mesure où le service du prestataire était globalement jugé comme étant convenable.

La nouvelle régie comptera 350 salariés dont tous les anciens employés de Veolia en plus des agents métropolitains.

Dans les grandes lignes : selon les rapports de la Métropole, l’eau du robinet à Lyon est de bonne qualité, financièrement accessible et la prestation client est satisfaisante. Veolia atteint d’ailleurs près de 100 % des objectifs fixés par la Métropole elle-même. Une qualité de service très éloignée de ce qui a pu être fait avant 2015, où l’eau lyonnaise comptait parmi les plus chères de France. Selon une étude de l’association UFC-Que Choisir de 2006, l’eau lyonnaise était même la 2e plus chère des 31 plus grandes agglomérations françaises de l’époque. La nouvelle régie comptera 350 salariés dont tous les anciens employés de Veolia en plus des agents métropolitains. À ce stade des discussions, les anciens salariés du privé resteraient sous les mêmes conditions de travail qu’auparavant.

Les arguments des écologistes : contrôler une ressource vitale

Pourquoi vouloir ainsi changer de méthode ? Parmi les arguments, les Verts mettent en avant le besoin de protéger cette ressource stratégique : “Si certains en doutaient encore, cet été caniculaire nous a montré à quel point l’eau est une ressource fragile et vulnérable, même dans nos régions”, pointe Anne Grosperrin, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge du cycle de l’eau. Pour elle, les changements climatiques rendent nécessaire l’implication maximale des collectivités publiques dans la gestion de l’eau : “C’est un service d’importance vitale.” Derrière, apparaît d’ailleurs l’idée d’une grande régie publique nationale. Une idée que pourraient porter à l’Assemblée nationale certains élus écologistes. Autrement dit, la logique est la suivante : la ressource collective ne peut être gérée par une entreprise aux intérêts privés et ce d’autant plus que la ressource se raréfie.

Aujourd’hui, 95 % de l’eau consommée dans la métropole provient du champ de Crépieux-Charmy, situé au nord-est de Lyon.

D’ailleurs, Anne Grosperrin relève la marge que s’octroie Veolia, soit 6,5 % des 120 millions d’euros du chiffre d’affaires. “Ils ne font pas cela pour la gloire. Avec cet argent [7,8 millions d’euros, NdlR], nous pourrons accélérer l’entretien du réseau de l’eau et développer davantage de projets comme la protection des sources contre la pollution”, signale l’élue. À ces objectifs, s’ajoute aussi le dessein de diversifier davantage les lieux de captage “afin de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier”. Aujourd’hui, 95 % de l’eau consommée dans la métropole provient du champ de Crépieux-Charmy, situé au nord-est de Lyon. Certes, le plus grand champ captant d’Europe produit une eau naturellement potable, mais, puisant dans la nappe du Rhône, il est très dépendant de ce dernier. Or le Rhône pourrait voir son débit se réduire de 10 à 40 % selon la CNR. En cause, la multiplication des sécheresses et la fonte des glaciers, inexorablement condamnés à disparaître, et par là même ne pouvant plus fournir les fleuves. Il ne sera donc pas impossible de voir une zone de captage dans la Saône un jour selon la vice-présidente écologiste. Problème, “il faut entre 15 et 20 ans pour faire un champ captant”. L’éternité à l’échelle de la vie politique. Voilà pour l’argumentaire.

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