Alors que la France subit un été caniculaire, le nombre de noyades s'est multiplié. Dans le Rhône, la tendance est encore plus marquée, et le nombre de noyades suivies de décès a explosé en 2025.
Entre le 1er juin et le 2 juillet 2025 - derniers chiffres officiels publiés à date -, Santé publique France a comptabilisé 429 noyades accidentelles en France, dont 109 mortelles. Une hausse vertigineuse : + 95 % d’accidents et + 58 % de décès par rapport à 2024. Le phénomène s’explique en partie par la chaleur exceptionnelle de juin, où les températures ont dépassé les 35 °C pendant plusieurs jours consécutifs. "Plus il y a de pics de chaleur, plus il y a de décès", confirme Valentin Violet, sapeur-pompier professionnel à Villeurbanne Cusset et représentant syndical Sud SDMIS.
Le Rhône, un département sous tension
Dans le Rhône, la tendance se vérifie année après année : 23 noyades en 2023 (dont 8 décès), 29 en 2024 (8 décès encore) et déjà 37 entre le 1er juin et le 2 juillet, dont 14 mortelles. Cette semaine encore, trois nouveaux décès sont venus alourdir le bilan.
"Ce sont souvent des jeunes de 20 à 25 ans, qui parfois ne savent pas nager, et qui arrivent en fin de journée après s’être exposés au soleil, avec de l’alcool ou des stupéfiants. Dans ces conditions, l’accident arrive très vite", alerte Violet. Chez les adolescents, le constat est encore plus dramatique : cette année en France, près d’une noyade sur deux dans la tranche 13-17 ans s’est soldée par un décès (48 %).
"Une noyade n’arrive jamais avec un seul facteur de risque. C’est toujours une combinaison : chaleur, fatigue, alcool, santé fragile, solitude…"
Xavier Ranchon, directeur technique national de la Fédération professionnelle des maîtres-nageurs-sauveteurs
Le recul de l’apprentissage de la natation
Pour Xavier Ranchon, directeur technique national de la fédération professionnelle des maîtres-nageurs-sauveteurs, la multiplication des noyades illustre un problème structurel : l’effritement de l’apprentissage de la natation. "Toutes les piscines construites ces dernières années sont des complexes de loisirs ou de bien-être. Mais les bassins rectangulaires, conçus pour apprendre à nager, on n’en construit plus depuis les années 70", déplore-t-il.
Avec les fermetures de piscines pour raisons budgétaires ou faute de maîtres-nageurs, des classes entières d’écoliers se retrouvent privées d’apprentissage. "Ici, on n’a pas de culture maritime. Le Rhône et la Saône sont peu utilisés, contrairement à d’autres villes. Quand on vient à l’eau, c’est ponctuel, sans forcément connaître les risques", souligne-t-il.
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Le cas de Miribel-Jonage
Parmi les points noirs du département, le parc de Miribel-Jonage concentre de vives inquiétudes. Avec 2,8 millions de visiteurs sur quatre mois et jusqu’à 40 000 personnes lors des journées de canicule, le site se transforme en véritable cité balnéaire. "C’est une ville qui se déplace", image Xavier Ranchon. Pourtant, insiste-t-il, le plan d’eau ne présente pas de danger structurel : "Contrairement au Rhône ou à la Saône, il n’y a ni courant, ni tourbillon, ni vagues. Le vrai risque, c’est la densité de fréquentation et les comportements imprudents."
Pour contenir les risques, le dispositif de Miribel-Jonage a été renforcé cet été : 12 sauveteurs mobilisés, une équipe de médiation, et un appui des forces de l’ordre. "Il faut rappeler aux jeunes qu’on ne se baigne jamais seul quand on ne sait pas nager, qu’on rentre progressivement dans l’eau après une journée au soleil", conseille Violet.