Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet a fait hisser le drapeau palestinien sur l'Hôtel de Ville ce lundi.
Il avait fait hisser le drapeau israélien au lendemain des attaques du 7 octobre 2023, il fait hisser ce lundi 22 septembre le drapeau palestinien sur le fronton de l'Hôtel de Ville, "un geste de paix et de justice" écrit le maire de Lyon Grégory Doucet dans un long message. Selon l'édile, cet acte "s'inscrit dans la tradition lyonnaise : une ville attachée à l'humanisme, au droit, à l'autodétermination des peuples (...)" poursuit-il, alors que le président de la République, Emmanuel Macron va prononcer ce soir un discours devant les Nations unies, pour officialiser la reconnaissance par la France de l'État palestinien.
"Des crimes de guerre sont commis sous nos yeux. Je refuse que ces crimes restent sans réponse."
Le premier secrétaire du Parti socialiste avait appelé les maires de France à faire flotter le drapeau palestinien il y a une semaine déjà. Sollicité alors, l'entourage du maire s'était refusé à tout commentaire avant la déclaration du président de la République à l'ONU ce lundi soir. Selon le ministère de l'Intérieur, 12 mairies ont hissé le drapeau palestinien sur le fronton de leur Hôtel de Ville aujourd'hui, tandis que Paris a fait scintiller la Tour Eiffel dimanche soir et a affiché le drapeau palestinien et le drapeau israélien avec une colombe.
Par ce long texte, et en refusant de commenter les appels d'Olivier Faure, ou encore de la députée LFI de Lyon, Anaïs Belouassa Cherifi, qui déclarait qu'il était "le moment d'avoir le courage politique de faire cette action symbolique", Grégory Doucet veut faire de ce geste un acte réfléchit, qui ne répond pas à une logique de coup de com'. D'ailleurs, on assure dans son entourage que la décision a été prise dès l'annonce de la reconnaissance de la Palestine par Emmanuel Macron, le 24 juillet dernier.
Un peu plus tôt ce lundi 22 septembre, Bruno Bernard s'était félicité sur ses réseaux sociaux de cette reconnaissance de l'Etat de Palestine, "une revendication portée de longue date par la gauche et les écologistes, une étape indispensable pour rendre possible la solution à deux États". Aucun drapeau n'a en revanche été hissé par le président écologiste ce lundi.
La préfecture devrait demander le retrait du drapeau
Le maire, qui avait appelé solennellement à cette reconnaissance, tout comme le président écologiste de la Métropole, Bruno Bernard, se "réjoui(t) de cette décision, fruit d'un long combat mené par des générations d'associations, de syndicats, de partis politiques et de citoyens engagés". Et d'ajouter : "À Lyon, je veux saluer la constance des collectifs, des ONG, des acteurs culturels et des élus qui, depuis des décennies, défendent le droit des Palestiniennes et des Palestiniens à vivre libres, en sécurité et en dignité."
Grégory Doucet rappelle néanmoins "avec force que cette reconnaissance n'est pas un aboutissement", évoquant la situation "terrible" à Gaza et les "dizaines de milliers de morts, dont une majorité de civils et d'enfants". Et d'ajouter : "Les hôpitaux sont détruits, l’aide humanitaire entravée, conduisant à des situations dramatiques de famine, et des crimes de guerre sont commis sous nos yeux. Je refuse que ces crimes restent sans réponse. Mais je n’oublie pas non plus l’horreur du 7 octobre 2023 : l’attaque terroriste du Hamas a coûté la vie à plus d’un millier de civils israéliens, assassinés de sang-froid, et a plongé la région dans une spirale de violences."
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"Cette reconnaissance de l’Etat palestinien n’est pas une offense faite à Israël"
Le maire de Lyon a ces derniers mois multiplié les gestes de soutien à la cause palestinienne (aide financière à l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, jumelage avec la ville de Jéricho), à mesure que l'opinion observe la destruction de la bande de Gaza et que le président de la République durcit le ton avec le gouvernement israélien. "Cette reconnaissance de l’Etat palestinien n’est pas une offense faite à Israël. La sécurité d’Israël n’est pas négociable", conclut le maire qui considère que "reconnaître la Palestine, c’est donner une voix politique légitime à un peuple, et ainsi isoler ceux qui prospèrent sur le chaos et la désespérance".
Selon nos informations, la préfecture du Rhône devrait demander le retrait du drapeau. Elle répond à la consigne du ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau qui estime que hisser le drapeau palestinien contrevient au "principe de neutralité des services publics". La justice administrative a déjà rendu plusieurs décisions obligeant des mairies à retirer le drapeau palestinien de leur fronton, au motif que son affichage violerait le principe de neutralité des services publics. Des jurisprudences surprenantes alors que la justice administrative avait considéré que "mettre un drapeau ukrainien sur la façade d’un bâtiment public n’est pas une revendication politique ; c’est un symbole de solidarité envers une nation victime d’une agression".
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