Jacques Auffeves, secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des retraités CGT du Rhône, est l’invité de 6 minutes chrono sur Lyon Capitale.
Jacques Auffeves, secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des retraités CGT du Rhône, est l’invité de 6 minutes chrono sur Lyon Capitale.

"Pas de retraite en dessous du SMIC" : la CGT hausse le ton à Lyon

Jacques Auffeves, secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des retraités CGT du Rhône, est l’invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Alors que le gouvernement a suspendu la réforme des retraites de 2023 à la suite d’un accord avec le Parti socialiste, les organisations syndicales de retraités appellent à manifester le 6 novembre à Lyon et à Villefranche-sur-Saône. Pour Jacques Auffeves, la colère ne se limite pas à la question de l’âge légal de départ à la retraite : "On n’a pas l’impression d’être écoutés. Les retraités sont maltraités, on prétend qu’ils sont plus riches que les actifs, mais il faut regarder la réalité."

"Les retraités participent déjà"

Face à l’idée que les retraités pourraient contribuer davantage à l’effort budgétaire, Jacques Auffeves défend leur rôle social : "Ils participent à leur manière. Si on enlevait tous les retraités qui travaillent dans les associations, on ne s’en sortirait pas." Le syndicaliste s’indigne aussi des "211 milliards d’aides publiques aux entreprises dont personne ne sait où ils sont passés" et appelle à "investir dans les services publics et la santé".

Sur le fond, lla revendication principale de la CGT Retraités demeure : "Pas de retraite en dessous du SMIC." Jacques Auffeves conclut en rappelant que les retraités "ont participé à la construction de la France" et qu’ils méritent "le repos après avoir travaillé et cotisé".

Plus de détails dans la vidéo :


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler des retraites et des mouvements. En effet, nous recevons Jacques Auffeves, secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des retraités de la CGT du Rhône. Bonjour Jacques Auffeves. Alors, on vous reçoit parce que vous appelez à une manifestation le 6 novembre à 14 h, place de la Comédie à Lyon, et dans le même temps à VVillefranche-sur-Saône. Le contexte, c’est celui du Premier ministre qui a négocié tacitement un accord avec le Parti socialiste, un accord de non-censure en échange d’une suspension de la réforme des retraites de 2023, qui repoussait l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. On va rentrer dans le vif du sujet. Qu’est-ce qui cloche pour vous dans la situation actuelle ? Pourquoi cela ne vous convient-il pas ?

Alors déjà, on est dans une période où c’est quand même relativement compliqué de s’y retrouver. Je veux dire, on a des accords qui se font, comme vous venez de le dire, entre partis politiques, mais on n’a pas l’impression que la base soit écoutée. Les retraités ne sont pas écoutés. En plus de cet accord signé, il y a plein de choses qui ne vont pas : sur le doublement des franchises médicales, sur l’APA — l’aide aux personnes âgées —, il y a plein de choses comme ça qui ne vont pas, et surtout sur le montant des pensions et des retraites.

Vous voulez dire que ce n’est pas simplement la question des retraites ? C’est un sujet bien plus large, la santé notamment ?

La santé, etc. Alors, nous les retraités, par exemple, on a une triptyque revendicative qui porte sur le service public, sur le pouvoir d’achat. Et on n’y est pas. Aujourd’hui, on ne nous en parle pas. On a l’impression — et ce n’est même plus une impression — que depuis quelque temps, les retraités sont maltraités. On prétend que les retraités sont plus riches que les actifs, qu’ils sont propriétaires… Il faut regarder.

On va en parler après, mais on peut commencer en rentrant un peu dans ce sujet. C’est la question du partage de la valeur du travail, aussi de ce que ça vaut après une vie de travail. Sur les chiffres, tout de même, les retraités ont une situation financière qui, en moyenne, sur le revenu, est similaire à celle des actifs, peut-être un peu au-dessus. Et surtout, sur le logement, c’est ce qui change : 70 % effectivement sont propriétaires, ils ne paient pas de loyer, ce qui fait que leur niveau de vie est légèrement supérieur au reste de la population. Donc, est-ce qu’eux aussi ne pourraient pas contribuer à l’effort budgétaire, puisque tout le monde s’y colle finalement, par le travail mais aussi par la TVA ? Les retraités ne devraient-ils pas aussi participer, au moins les plus grosses retraites par exemple ?

Alors déjà, ils participent. Ils participent à leur manière. Par exemple, si on enlève tous les retraités qui travaillent pour des associations, si on faisait faire l’aide scolaire par des salariés, on n’y arriverait pas. Après, pour ceux qui sont propriétaires, s’ils le sont, c’est qu’ils ont cotisé, on est d’accord ? Ils ont eu l’argent pour le faire. Mais aujourd’hui, les maisons, il faut les entretenir, et ça a quand même un coût. Donc on ne peut pas dire que c’est une richesse. C’est ça qu’il faut regarder.

Et vous voulez dire qu’il y a aussi quelque chose qui ne se mesure pas dans l’engagement des retraités dans la société ? Vous avez parlé du milieu associatif, on peut aussi parler des aidants sur la santé. Beaucoup de gens qui aident les personnes âgées sont retraités.

Et c’est là où on se trouve. Et puis après, qu’est-ce qu’on est en train de faire au niveau du gouvernement ? On cherche de l’argent, on est bien d’accord. 211 milliards d’aides publiques aux entreprises, et personne ne sait où ils sont passés. 211 milliards !

Pour vous, on devrait plutôt flécher cet argent vers les retraités, mais aussi vers les ménages en difficulté ?

Tous les ménages en difficulté, oui. C’est aberrant de voir qu’il y a 211 milliards dont personne ne sait où ils sont passés. C’est 211 milliards qui ont été donnés par le gouvernement.

Après, effectivement, ils ont été difficilement calculables ; il a fallu une commission d’enquête pour arriver à ce résultat. Et même les spécialistes de Bercy n’étaient pas capables de sortir le chiffre, ils ont dû le calculer. Après, il y a débat sur la question de savoir à quel point l’État doit aider les entreprises pour créer de l’emploi, pour faire tourner l’économie. Simplement, il n’y a pas quand même une question sur les grosses retraites ? Certaines personnes ont des retraites très importantes qui les situent largement au-dessus du niveau de vie moyen des Français. Est-ce que ça ne pourrait pas être des…

… coups de rabot dans ces retraites-là ? Le problème, c’est que s’ils ont une grosse retraite, pourquoi ? Parce qu’ils ont cotisé pour l’avoir.

Donc pour vous, il n’y a pas de question à se poser ?

Voilà. Nous, notre revendication, c’est pas de retraite en dessous du SMIC. On pourrait déjà commencer par là. Ceux qui ont une grosse retraite, tant mieux pour eux, mais s’ils l’ont, c’est qu’ils ont cotisé. Donc je ne vois pas pourquoi on irait leur supprimer ce pour quoi ils ont cotisé.

Pour vous, la principale revendication, c’est de mettre toutes les retraites au moins au niveau du SMIC ? Est-ce qu’il y en a d’autres que vous portez et qui vous semblent importantes ? On arrive à la fin de l’émission, sur les revendications.

Oui, sur les services publics, sur la santé. Vous allez aux urgences, par exemple, vous restez huit, dix heures aux urgences, vous attendez. Et pour aller à l’hôpital, qu’est-ce que vous avez comme transport en commun pour vous y rendre ? Il y a tout ça qui ne va pas aujourd’hui. Il faut investir dans les services publics en général. Voilà. Et surtout, je le répète, qu’on ne nous dise pas qu’on n’a pas d’argent. On a de l’argent, mais où passe cet argent ? C’est ça la question qu’on doit se poser aujourd’hui. Est-ce que c’est normal de faire comme on le fait aujourd’hui ?

Pour vous, c’est la question de comment on répartit l’argent ?

Voilà, comment on répartit l’argent.

Parce que tout ce temps qu’on était actifs, on a participé à la construction de la France, on a créé des richesses, donc on n’a que ce qu’on mérite.

Oui, vous avez participé au système, et c’est aussi avoir ce retour, ce repos après avoir travaillé et cotisé. Très bien, ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Jacques Auffeves. On le rappelle, vous appelez à manifester avec d’autres organisations syndicales.

Avec la FSU, la CFTC, Solidaires, la CGT, on appelle à manifester à partir de 14 h de la place de la Comédie jusqu’à la préfecture à Lyon.

Voilà, ça se passe le 6 novembre, et aussi à Villefranche. Merci encore. Quant à vous, merci d’avoir suivi cette émission. Plus de détails sur l’actualité sociale lyonnaise sur le site lyoncapitale.fr. À très bientôt.

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