Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard et le maire de Lyon, Grégory Doucet. (@Nathan Chaize)
Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard et le maire de Lyon, Grégory Doucet. (@Nathan Chaize)

Notes de frais à Lyon : accusé d'opacité, Bernard assure avoir "déjà tout publié"

Alors que la Ville et la Métropole de Lyon sont accusées par nos confrères d'Actu Lyon de cacher volontairement une partie des notes de frais de Grégory Doucet et de Bruno Bernard, ce dernier se défend de tout camouflage.

C'est un sujet qui, en pleine période électorale, est souvent synonyme de polémique. Selon nos confrères d'Actu Lyon, Grégory Doucet, maire de Lyon, et Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, refuseraient de fournir l'intégralité de leurs notes de frais depuis le début de leur mandat à la tête de leur collectivité respective. Si l'édile de Lyon avait publié il y a quelques mois, et "dans un souci de transparence", des données relatives aux frais de représentation, toujours selon nos confrères, certaines dépenses de transport, de restauration et d'hébergement n'ont jamais été communiquées par la Ville et la Métropole, malgré plusieurs demandes citoyennes et malgré la loi qui oblige toutes les collectivités à communiquer ces documents administratifs "à toute personne qui en fait la demande".

Guillaume Leroy, président de l'association Transparence Citoyenne, avait notamment demandé aux deux collectivités de transmettre ces documents une première fois en juin 2024. Une première demande qui avait donné lieu à un refus et à la saisie de la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA). Ce n'est qu'à l'été 2025 que Ville et Métropole ont finalement transmis certains de ces documents. Le 31 juillet 2025, les services de la Métropole avaient en effet transmis, en réponse à l'association Transparence Citoyenne, un tableau dévoilant les frais de repas et de déplacements de Bruno Bernard entre 2020 et 2024, sans qu'aucune facture ou justificatif de paiement n'apparaisse avec ce document consultable ici.

"On a déjà tout publié"

Questionné ce vendredi 19 décembre en marge d'une conférence de presse, le président écologiste de la Métropole de Lyon s'est défendu de toute volonté d'opacité. "On a déjà tout publié", explique-t-il, évoquant le tableau transmis par ses services évoqué ci-dessus. "Les autorisations de déplacement sont publiques et sont donc consultables dans chacune des délibérations de la Métropole", poursuit-il, estimant "qu'il n'y a pas beaucoup de collectivités en France qui sont dans ce cas au niveau de la transparence, et en tout cas pas la région Auvergne-Rhône-Alpes". "En arrivant aux responsabilités, j'ai diminué énormément les dépenses autour du président de la Métropole", complète-t-il, comme pour prouver sa bonne foi sur des documents que sa collectivité tarde pourtant à transmettre à la presse. Bruno Bernard affirme notamment avoir supprimé un poste au secrétariat du président et plusieurs postes sur le pôle chauffeur, soit une économie "d'au moins 1 million d'euros annuels" pour la collectivité.

A lire aussi : Polémique des notes de frais parisiennes : à Lyon, les achats et déjeuners du maire sont consultables

L'été dernier, les données transmises par la Ville de Lyon avaient démontré que Grégory Doucet n'était pas un maire très dépensier. Il avait en effet utilisé à peine 4 000 euros sur les 18 000 euros possibles sur la période 2020-2025. Des dépenses qui étaient en réalité simplement les frais avancés par le maire pour des achats ou des repas et remboursés ensuite par la municipalité. Concernant les autres dépenses, notamment les nuits d'hôtel et les frais de déplacement payés directement par la collectivité, la Ville aurait refusé de les communiquer.

Une stratégie surprenante de la Métropole de Lyon

Toujours selon nos confrères, et pour justifier ce manque de transparence supposé, les services de la Métropole de Lyon auraient avancé un argumentaire plutôt étonnant : tant que la Région Auvergne-Rhône-Alpes ne communiquera pas elle-même les notes de frais de ses élus, la collectivité présidée par Bruno Bernard ne jouera pas le jeu de la transparence. Une justification hasardeuse quand on sait que les écologistes ont toujours vivement critiqué la position de la Région et de son exécutif LR sur la question.

Bruno Bernard, qui s'est montré passablement agacé par ces questions, a avoué se "méfier des utilisations qui peuvent être faites de ces données", estimant qu'en qualité de candidat à sa propre succession, il n'était "pas là pour commenter les réponses des services de la Métropole".

La Région Auvergne-Rhône-Alpes, autrefois présidée par Laurent Wauquiez, a fait de cette question des notes de frais un vieux serpent de mer. En avril dernier, et face au refus de l'exécutif régional de communiquer les notes de frais de l'ancien président de la Région, Laurent Wauquiez, et de son cabinet sur les années 2021, 2022 et 2023, l'association anticorruption française Anticor avait déposé un recours pour excès de pouvoir auprès du tribunal administratif de Lyon. Une situation qui fait écho à celle de nos confrères de Médiacités, qui demandent en vain, depuis 2021, les notes de frais de l'ancien président pour les années 2019, 2020 et 2021.

Aulas s'invite au débat

Un début de polémique que n'a pas manqué de prendre au vol Jean-Michel Aulas ce vendredi sur ses réseaux sociaux. Le candidat à la mairie de Lyon a de nouveau affirmé sa volonté de renoncer à ses indemnités de maire et à son cabinet politique. "Mon engagement est clair depuis le début : servir Lyon, pas me servir", déclare l'ancien patron de l'OL, avant de conclure son propos par une formule teintée de démagogie : "La meilleure note de frais, c'est celle qui n'existe pas".

A moins de trois mois des élections métropolitaines et municipales, cette affaire de notes de frais illustre surtout combien la transparence, pourtant érigée en marqueur politique par la Ville et la Métropole, reste un exercice sensible. Entre refus, délais et arguments alambiqués, la polémique sur les notes de frais ressemble surtout à un jeu de cache-cache administratif.

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