Johanna Benedetti, présidente de l’association MyPresqu’île, est l’invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale
Alors que l’association MyPresqu’île vient de bénéficier d’un soutien exceptionnel de 110 000 euros dont 80 000 euros de la Ville et de la Métropole de Lyon, Johanna Benedetti rappelle les enjeux de ce financement. "Ces fonds exceptionnels visent en grande partie à ramener de la souplesse en termes de trésorerie à notre structure", explique-t-elle. Une bouffée d’air qui permettra notamment de maintenir le Lyon Braderie Festival, prévu du 10 au 12 octobre. "C’est un événement important pour le territoire, pour les nombreux visiteurs, clients, mais aussi commerçants et artisans qui participent à ces trois jours de fête", souligne-t-elle.
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Encadrer les loyers pour sauver le commerce indépendant
Si la conjoncture reste difficile pour les commerçants de la presqu’île, Johanna Benedetti insiste sur la nécessité d’apporter des réponses concrètes, notamment face à l’essor du commerce en ligne et à l’inflation. Elle soutient la proposition d’un encadrement national des loyers commerciaux : "Les loyers ont énormément augmenté ces dernières années, c’est la double peine pour les indépendants : moins de pouvoir d’achat côté client et plus de charges côté commerçant". Mais pour elle, la mesure doit être ciblée. "L’encadrement ne peut pas être uniforme, il doit se penser rue par rue, quartier par quartier, pour que le commerce indépendant puisse perdurer", affirme-t-elle.
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La retranscription complète de l'émission avec Johanna Benedetti :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de conjoncture, on va parler des commerces de la presqu'île. Nous sommes avec Johanna Benedetti, présidente de l'association MyPresqu'île. Bonjour Johanna Benedetti. Merci d'être venue sur notre plateau. On va rentrer un peu dans le vif du sujet. La Ville de Lyon et la Métropole de Lyon vous ont récemment accordé 80 000 euros pour votre association, pour soutenir les commerçants. Notons aussi qu'il y a une enveloppe qui s'ajoute à celle-ci : 30 000 euros de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI), liée à la CMA et à Groupama Auvergne-Rhône-Alpes. Donc ça fait une enveloppe de 110 000 euros. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que vous allez faire, à quoi ça va être utilisé ?
Alors, ces fonds exceptionnels visent en grande partie à ramener de la souplesse en termes de trésorerie à notre structure. En 2020, nous avons pris la décision, pour accompagner le commerce, les artisans et nos adhérents sur le territoire, de geler nos adhésions. Depuis 2020, notre association connaît des difficultés de trésorerie qui lui rendent plus difficile sa capacité à agir sur ses plans d'action, ses actions de communication. Cela va nous permettre réellement, d'un point de vue opérationnel, de maintenir le Lyon Braderie Festival qui se déroulera les 10, 11 et 12 octobre prochains. C'est un événement important pour le territoire et pour les nombreux visiteurs, clients, mais aussi commerçants et artisans qui participent pendant ces trois jours de fête. Cela va nous permettre de continuer nos missions et nos actions, notamment sur toute la dynamique moins visible, mais essentielle : le dialogue avec les instances publiques, la trajectoire du commerce, le parcours marchand. Enfin, cela va nous permettre de déployer plus largement notre plan d'action de communication auprès du grand public.
Justement, on peut en parler un peu. Les chantiers sont nombreux, la conjoncture est souvent pointée comme mauvaise, il y a plusieurs facteurs. On sait bien qu'il y a notamment le commerce en ligne, mais certaines autres associations de commerçants et de riverains pointent aussi les problèmes de chantiers ou de manque d'attractivité de la presqu'île. Vous, comment communiquez-vous de manière un peu différente des autres ? Comment analysez-vous la conjoncture actuelle pour les commerçants de la presqu'île ?
Notre objectif est d'apporter des réponses et des solutions sur les sujets où c'est possible. Pour moi, il est très important que les missions du management de centre-ville se concentrent sur les besoins d'adaptation, sur la capacité à répondre aux défis et aux enjeux du commerce. Effectivement, vous l'avez dit, le commerce en ligne, les changements de modes de consommation et de déplacement sur notre territoire ont un impact. Notre objectif est d'apporter un maximum de solutions possibles à nos adhérents : via une offre de services, des formations, des dynamiques collectives, et aussi en soutenant davantage les associations de commerçants du territoire. Ce sont des actions où le management de centre-ville prend tout son sens et qui permettent aujourd'hui d'apporter des solutions concrètes.
Est-ce que vous pouvez aussi nous parler des baux commerciaux ? Il y a un projet : le maire de Lyon a envoyé, ou va envoyer, une lettre à Sébastien Lecornu, le nouveau Premier ministre, pour demander un encadrement des baux commerciaux. Les loyers pour les commerçants sont parfois importants, ce qui fait des charges supplémentaires. Qu’est-ce que vous pensez de cette mesure, de ce projet ?
Cette mesure est importante, et surtout, elle est nationale. On voit, soit à l'initiative des maires, soit à l'initiative des associations ou du management de centre-ville, l'idée que si l’on veut préserver dans les années à venir le commerce indépendant sur nos territoires, il faut penser à la question des loyers. En effet, les loyers, ces dernières années, ont énormément augmenté, puisque l'indice des loyers est indexé sur l'inflation. On voit l'inflation, la façon dont elle a galopé, et cela a un impact direct sur les charges et la trésorerie des entreprises. C'est un peu la double peine : les entreprises indépendantes subissent l'inflation qui réduit le pouvoir d'achat des clients, et en même temps, elles voient leurs charges et leurs loyers augmenter. Je pense donc que c'est une mesure nécessaire, à l'échelle de l'ensemble des centres-villes de France.
Et on me disait avant l'émission que, pour vous, quelque chose d'important serait de faire une sorte de carte avec différents niveaux. Il ne faudrait pas que l'encadrement des loyers soit uniforme. On parlait de la presqu'île avant l'émission, la rue de la République par exemple. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi cela vous semble important d’avoir différents niveaux ?
Ce qui est important, c'est que cette mesure s'adresse au commerce indépendant. L'encadrement des loyers ne peut pas être déployé de manière uniforme sur l'ensemble du territoire. L'idée est d'apporter des solutions fines et concrètes, rue par rue, quartier par quartier, pour que le commerce indépendant puisse perdurer dans le temps. C'est vraiment important. Et cela doit se jumeler, je pense, avec tous les outils aujourd'hui à disposition des collectivités locales, notamment la préemption. Il ne faut pas faire l'un sans l'autre.
D'accord, donc deux outils qui devraient aller ensemble. On en parlait de la République avant : pourquoi encadrer les loyers de grandes multinationales ? Vous n'allez peut-être pas le dire, mais effectivement la question se pose. Entre une grande enseigne et un commerce indépendant, les problématiques ne sont pas les mêmes, ni la trésorerie. C’est ce que vous vouliez souligner ?
Oui, il y a des secteurs où il n'y a pas de commerce indépendant, donc il n'y a aucun intérêt à encadrer ces loyers-là. Je pense qu'il faut davantage se concentrer sur les secteurs et les quartiers où le commerce indépendant et de proximité est encore présent.
Très bien, ce sera le mot de la fin. C'est déjà la fin des 10 minutes chrono. C'est toujours trop court, mais merci d'être venue sur notre plateau. Merci à vous. On retient tout de même le Lyon Braderie Festival qui se tient sans surprise sur la presqu'île, du 10 au 12 octobre. Les commerçants vous attendent. Merci d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur lyoncapitale.fr. À très bientôt. Merci à tous.