Juni 2005

Dynamisme des start-up en Isère : une vraie réussite pour la région ?  

Incubateur à start-up, Grenoble mise sur les nouvelles technologies. Cependant, la "Silicon Valley à la française" interroge sur la durabilité de son modèle : entre essoufflement économique et contestations citoyennes.

Sacrée star de la deep tech par le magazine Forbes et deuxième ville la plus innovante d’Europe par la commission européenne, Grenoble, a fait le choix, depuis plus d’un demi-siècle, de miser sur les nouvelles technologies.

En 1940, la ville était déjà un creuset de la recherche scientifique, avec comme particularité les liens étroits entre universitaires et milieux financiers. Le prix Nobel Louis Néel s’installe à Grenoble et sous l’impulsion du mathématicien Jean Kuntzmann, ils vont donner à la ville son empreinte technologique. Devenue une véritable “Silicon Valley à la française", la recherche grenobloise comptabilise 37% des start-up françaises. Comme l'a annoncé Emmanuel Macron lors du sommet de l’intelligence artificielle, l’Isère va accueillir un des plus gros centres de données d’Europe qui confirme le triptyque recherche-université-industrie. 

Malgré sa reconnaissance mondiale, ce modèle très performant est peu ancré dans la société locale.  La région fait face à de nombreuses difficultés démographiques et d’attractivité. Grenoble est loin des 40 000 nouveaux habitants de la région parisienne (2015 –2021), Paris demeurant la première concurrente dans le domaine de l’innovation.  

Le modèle grenoblois montre aujourd’hui des signes d’essoufflement

Longtemps présenté comme un hub d’innovation, le modèle grenoblois montre aujourd’hui des signes d’essoufflement. L’économie grenobloise affiche un faible taux de croissance. Le modèle repose trop lourdement sur des secteurs de pointe peu créateurs d’emplois massifs. L'évolution de l'emploi sur les vingt dernières années montre une baisse de l'emplois (INSEE). L’évolution du revenu des habitants, l’évolution démographique et l’attractivité migratoire sont également plus basses que la moyenne des autres villes comparables. L’accroissement démographique grenoblois est trois points en-dessous de cette moyenne. Le solde migratoire est négatif. Le secteur de la connaissance lui-même est en perte de régime avec quinze points de moins que dans les autres aires urbaines. Enfin, le secteur technologique constitue un risque pour l’emploi parce qu’il est très facilement délocalisable. 

Grenoble reste une technopole en tête de la réindustrialisation

Grenoble reste toutefois une technopole de premier rang, en tête de la vague de réindustrialisation, avec des start-up comme Verkor.  Spécialisée dans la fabrication de batterie pour véhicules électriques, l’entreprise grenobloise a inauguré sa première usine à Dunkerque. Pour autant, la deep tech grenobloise rencontre de plus en plus de contestations. La technopole accordant une place prépondérante aux nouvelles technologies, la gouvernance locale est moins bien intégrée que dans les autres agglomérations. En 2006, la création de MinaTech, à Grenoble, a entraîné une vague d’oppositions de collectifs locaux. Cette plateforme est à l’initiative du milieu scientifique et appuyée par les collectivités locales mais sans débats publics. Les conflits portent sur l'absence de discussions quant aux potentiels risques des nanotechnologies. Rebelote en 2022 avec l’agrandissement de STMicroelectronics, à Crolles, qui a abouti à la création du collectif StopMicro. 

Entreprise ST Microelectronics ©placegrenet

L’avenir des start-up grenobloises réside dans la capacité des collectivités locales à faire émerger un débat.  

Pour aller plus loin : CES : 36 startups de la région Auvergne-Rhône-Alpes seront à Las Vegas

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