Chaque matin, 400 animaux de 50 espèces attendent leur repas. Préparation des rations, distribution dans les enclos, découverte des surprises de la nuit, pour les soigneurs, aucune journée ne se ressemble. Reportage en immersion dans les coulisses du petit matin au zoo.

Partager le petit-déjeuner avec une girafe est un privilège qui se mérite. Il est à peine 7 h 30 quand les grilles du zoo de la Tête-d’Or nous laissent passer sous les regards envieux des joggeurs matinaux. À l’intérieur, les allées sont silencieuses, rythmées seulement par les trilles des oiseaux du parc et les pas feutrés d’un écureuil qui traverse la route en bondissant. Le jardin public dort encore, mais à l’intérieur du zoo, tout s’éveille. Au total une équipe de cinq soigneurs et un encadrant est sur le pont chaque matin jusqu’à la relève en début d’après-midi.

Direction l’arrière-boutique de la fauverie. C’est ici que les soigneurs préparent le premier repas des animaux. L’ambiance oscille entre cuisine industrielle et infirmerie vétérinaire. Tables métalliques, chambres froides, frigos compartimentés : “La viande arrive congelée à -18°C, et elle n’est jamais stockée avec les légumes pour éviter les contaminations”, précise Benoît, notre guide du jour, en ouvrant une porte où s’alignent filets de poissons destinés aux pélicans et viande de bœuf.

Nous avons beaucoup de réussite avec eux. Ils se reproduisent quasiment chaque année, ce qui est exceptionnel même en milieu naturel”, explicite Benoît à propos des makis cattas. Photographie de Pierre-Antoine Pluquet / Hans Lucas.
Benoît, talkie-walkie vissé à la ceinture et tatouage fleuri au mollet, nourrit chaque matin une dizaine d’espèces, représentant au total une centaine d’animaux. Il prépare les rations dans une réserve bien garnie, semblable au rayon “fruits et légumes” d’une supérette : cagettes de pommes, de courgettes, bottes de luzerne, sacs de granulés et la fameuse “barbotine”. Ce mélange à base de farine d’orge et de flocons d’avoine est le petit-déjeuner des girafes. Derrière chaque ration, les soigneurs font aussi la chasse au sucre : “Par exemple, pendant longtemps, on donnait des fruits tous les jours aux primates, ce qui n’est pas forcément bénéfique.” Afin de se fournir, les commerciaux du zoo négocient avec le marché de gros de Corbas.

Un rôle pédagogique
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