Éric Plouzeau est vétérinaire et zoologue. Ancien directeur du zoo de 2000 à 2009, il fait partie de l’équipe qui rédige le schéma directeur du zoo, la feuille de route pour les quinze prochaines années. Entretien.
Lyon Capitale : Comment évalue-t-on concrètement le bien-être d’un animal en captivité ?
Éric Plouzeau : Il y a eu des progrès scientifiques considérables. Nous faisons des évaluations objectives avec des éthologues qui, pour chaque espèce, savent reconnaître les signes de bien-être et de mal-être et comment réagir en fonction. Ces connaissances reposent sur un répertoire de comportements observés dans la nature, et exprimés à la faveur de chaque étape du développement de l’animal – jeune, adulte, adulte dominant, période de reproduction – et selon les contraintes qu’impose le milieu naturel. Le problème de la captivité c’est que les fonctionnalités de l’espace sont différentes. Par exemple, la structure sociale des groupes n’est pas aussi flexible. Il n’y a pas de libre choix de congénères et de possibilité de migration d’un groupe à l’autre. Il y a aussi une certaine pression de la part du public. C’est un vrai sujet de préoccupation. Par exemple, regarder un singe directement dans les yeux, c’est pour lui une forme d’agression. Il faut donc aménager l’espace pour permettre aux animaux de vivre en paix.
Un zoo pensé comme un refuge pour les espèces menacées ne demeure-t-il pas un lieu où les animaux sont exploités, comme l’avancent les animalistes ?
La réalité est plus complexe. S’il y a des conditions de vie décentes et un réel intérêt sur la conservation des espèces et le bien-être réel de chaque spécimen, on peut décemment penser que c’est une activité qui peut continuer au bénéfice de l’écologie. Je crois à l’intérêt sociétal d’un site animalier de refuge.
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