Gilles Leproust est le président de l'association des maires Ville et Banlieue de France.
Gilles Leproust est le président de l’association des maires Ville et Banlieue de France.

Violence des mineurs : "ni autoritarisme, ni angélisme" (vidéo)

Gilles Leproust est le président de l'association des maires Ville et Banlieue de France. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour réagir aux propos du Premier Ministre, Gabriel Attal, suite au drame de Viry-Châtillon.

Le président de l'association des maires Ville et Banlieue de France, Gilles Leproust, explique : "C'est-à-dire que, effectivement, ce qu’il s'est passé pour la mort de ce jeune ado, et comme il y en a eu d'autres, malheureusement, dans d'autres endroits, dans d'autres quartiers de France, ne peut se simplifier, se résumer à des déclarations sur l'autorité. Nous pensons, nous, à Ville et Banlieue, qu'il faut travailler avec tous les acteurs du terrain, aussi bien les questions d'éducation, le travail avec les associations, sans oublier, bien sûr, la police et la justice, parce que nous ne sommes pas contre les sanctions. Mais, dans le même temps, il faut qu'elles s'inscrivent dans une démarche globale. Et le risque, lorsqu'il y a des déclarations avec des titres, je dirais, « punchy », si je peux exprimer cette expression, c'est qu'on ne règle pas sur la durée ces drames."

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Celui qui est aussi maire d'Allonnes (72) propose encore : "il n'y a pas de solution miracle. Je ne ferais pas de démagogie sur ces questions, comme certains peuvent le faire. Je pense notamment aux arrêtés couvre-feu pour le soir, vous voyez, j'ai pu m'exposer sur cette question-là. Les propositions, c'est de renforcer le service public, quel qu'il soit, service public de l'éducation, service public de la prévention, l'accompagnement des associations. Il y a des dispositifs qui existent, comme les sites éducatifs, comme le programme de réciprocité éducative. Il faut continuer, on se félicite d'ailleurs que le nombre de sites éducatifs va augmenter. Il faut également que les financements soient à la clé. Mais il faut également travailler, je dirais, d'une manière très précise, très méticuleuse, pas avec des phrases générales, mais bien en partant des familles où il y a des difficultés, pour aller à la rencontre, travailler, redonner, y compris des règles de fonctionnement de société, droits et devoirs, parfois punir, parce que la punition, elle peut être aussi éducative, mais elle est éducative que lorsqu'elle est prise dans un ensemble général. Et donc, c'est à cela que nous travaillons avec l'ensemble des villes adhérentes à Ville et banlieues, avec tous les partenaires, y compris associatifs, y compris avec les services de l'État, l'État local notamment, pour essayer de trouver des réponses qui rassurent les familles."

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Plus de détails dans la vidéo...


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler des dernières déclarations du gouvernement suite au drame de Viry Châtillon marquée par la mort de Shemseddine, 15 ans, passé à tabac près de son collège. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a appelé à un “sursaut d'autorité”. Pour en parler, nous sommes connectés avec Gilles Leproust, le président de l'association des maires Ville et Banlieue de France. Bonjour Gilles Leproust. Merci d'être connecté avec nous. On va rentrer un peu dans le vif du sujet. Votre association a publié un communiqué récemment où vous expliquez que cette expression du “sursaut d'autorité” ne passait pas. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi ?  

Comme nous le titrions dans ce communiqué, ni autoritarisme, ni angélisme. C'est-à-dire que, effectivement, ce qu’il s'est passé pour la mort de ce jeune ado, et comme il y en a eu d'autres, malheureusement, dans d'autres endroits, dans d'autres quartiers de France, ne peut se simplifier, se résumer à des déclarations, je dirais, sur l'autorité. Nous pensons, nous, à Ville et Banlieue, qu'il faut travailler avec tous les acteurs du terrain, aussi bien les questions d'éducation, le travail avec les associations, sans oublier, bien sûr, la police et la justice, parce que nous ne sommes pas contre les sanctions. Mais, dans le même temps, il faut qu'elles s'inscrivent dans une démarche globale. Et le risque, lorsqu'il y a des déclarations avec des titres, je dirais, « punchy », si je peux exprimer cette expression, c'est qu'on ne règle pas sur la durée ces drames.  

Oui. C'est-à-dire que, peut-être, dans la communication, vous leur reprochez d'avoir seulement le prisme répressif, autour du concept d'autorité qui est martelé, on peut le dire. C'est pour vous, c’est oublier aussi d'autres solutions, une politique plus globale, c'est cela ?  

Oui, tout à fait. Vous avez bien résumé. Je vous l'ai dit, qu'il faille, à un moment donné, de la sécurité, de la répression, soit. Mais si c'est déconnecté de tout le travail préalable, en termes d'éducation, de prévention, d'accompagnement des associations qui font un travail remarquable dans nos territoires, du service public, y compris local et plus général, et puis certains d'opérateurs, je crois qu'on passe à côté des enjeux et surtout des possibilités de trouver des solutions. Il n'y a pas de baguette magique, mais il faut travailler sur la durée pour permettre de sortir de ces spirales, où la violence est trop souvent présente, avec des conséquences dramatiques.  

Dans votre communiqué, vous expliquez aussi qu'il n'y a pas que des trajectoires individuelles, il y a aussi un contexte. Est-ce que vous pouvez développer un peu cette idée ? Est-ce que ce n'est pas aussi un peu déresponsabilisant, quelque part ?  

Non, je ne crois pas. C'est qu'effectivement, on ne peut pas passer sous le silence que nous vivons dans une société qui est plus individualisée qu'elle a pu l'être dans les années précédentes, où la violence est fortement présente. Je pense que l'influence des réseaux sociaux complexifie les solutions à trouver, y compris, on voit bien la rapidité, comment les informations peuvent se diffuser, y compris des informations qui ne sont pas forcément vérifiées. Si l’on fait abstraction de ce contexte général, en ramenant uniquement, je dirais, à des comportements individuels, ça ne nous aide pas à trouver les solutions qui nous permettent de relever ces défis. Auquel nous sommes confrontés, auxquels les familles sont confrontées, auxquels les jeunes, les ados sont également confrontés.  

Est-ce que vous avez peut-être des alternatives à proposer ? Quelques grandes solutions sur lesquelles vous travaillez, du moins, des grandes lignes qu'on pourrait donner maintenant ? 

Oui, alors, il n'y a pas de solution miracle. Je ne ferais pas de démagogie sur ces questions, comme certains peuvent le faire. Je pense notamment aux arrêtés couvre-feu pour le soir, vous voyez, j'ai pu m'exposer sur cette question-là. Les propositions, c'est de renforcer le service public, quel qu'il soit, service public de l'éducation, service public de la prévention, l'accompagnement des associations. Il y a des dispositifs qui existent, comme les sites éducatifs, comme le programme de réciprocité éducative. Il faut continuer, on se félicite d'ailleurs que le nombre de sites éducatifs va augmenter. Il faut également que les financements soient à la clé. Mais il faut également travailler, je dirais, d'une manière très précise, très méticuleuse, pas avec des phrases générales, mais bien en partant des familles où il y a des difficultés, pour aller à la rencontre, travailler, redonner, y compris des règles de fonctionnement de société, droits et devoirs, parfois punir, parce que la punition, elle peut être aussi éducative, mais elle est éducative que lorsqu'elle est prise dans un ensemble général. Et donc, c'est à cela que nous travaillons avec l'ensemble des villes adhérentes à Ville et banlieues, avec tous les partenaires, y compris associatifs, y compris avec les services de l'État, l'État local notamment, pour essayer de trouver des réponses qui rassurent les familles.  

Pour vous, il y a un problème de perception du gouvernement, des habitants dans les banlieues ? Il y a un décalage ?  


Incontestablement, je pense qu'il y a un décalage. On a vu, par exemple, en 2023, le temps qu'il a fallu pour faire enfin un comité interministériel des villes. Nous sommes six mois après ce comité interministériel des villes. On a quand même beaucoup de difficultés à voir concrètement comment les quelques décisions qui avaient été prises se mettent en œuvre localement. Alors, il y a eu quelques éléments, les quartiers d'été, tout ce qui est autour des Jeux olympiques et paralympiques, mais il y a besoin d'avoir un engagement beaucoup plus fort de l'ensemble des partenaires.

Très bien. On arrive déjà à la fin de l'émission. On a même dépassé le temps imparti mais en deux mots, votre association, qui est basée à Lyon, a fêté ses 40 ans en 2023. Est-ce qu'on peut juste rappeler sa mission principale avant de conclure l'émission ? 

C'est rassembler toutes les communes, donc les élus des communes qui ont des quartiers prioritaires de la ville, pour faire remonter auprès de l'ensemble des décideurs et de l'État en particulier, les attentes, les exigences. On a, nous, une phrase qui dit « faisons République ensemble ». La banlieue n'est pas le problème, c'est la vie. C'est la solution. 

Très bien. Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup, Gilles Leproust, d'avoir été connecté avec nous. Quant à vous, chers téléspectateurs, merci d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur le site lyoncapitale.fr. A très bientôt.  

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