Georges Képénékian, conseiller municipal centriste et candidat aux élections municipales à Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono - Lyon Capitale.
Ancien maire de Lyon et aujourd’hui conseiller municipal, Georges Képénékian poursuit sa campagne des municipales 2026 sans étiquette et sans soutien partisan. Un choix qu'il dit revendiquer : "j'ai été un homme de parti toute ma vie. Si j’ai décidé de ne pas être dans ce type d’appareil, c’est parce que les partis ne jouent plus leur rôle. Nos concitoyens ont besoin d’hommes libres de tout carcan".
Face aux deux grands blocs qui se dessinent, celui de Jean-Michel Aulas et celui de Grégory Doucet, l’ancien maire revendique une position d’indépendance refuse de choisir : "Ni Aulas, ni Doucet. Ce duel est un écran de fumée qui empêche que nos concitoyens aient un vrai débat sur l'avenir de notre ville".
Kepenekian refuse clairement toute alliance avec Grégory Doucet, dont il critique le bilan : "il avait un seul mantra, l’écologie, poussée de manière un peu radicale sans se préoccuper des effets collatéraux". Même fermeté à l’égard de Jean-Michel Aulas, qu’il décrit comme "un homme providentiel, soutenu par Wauquiez". Il ne ferme toutefois pas la porte à une alliance avec Nathalie Perrin-Gilbert.
Revendiquant une approche "centrale" et sa capacité à "parler absolument à tout le monde", Georges Kepenekian propose un programme centré autour de trois thèmes : "produire, protéger, partager".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Georges Képénékian
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale, et aujourd'hui nous accueillons Georges Képénékian, bonjour. Vous êtes conseiller municipal, candidat aux élections municipales à Lyon, candidat sans étiquette. Jean-Michel Aulas revendique aussi ce statut mais il a le soutien de partis politiques. Vous, vous êtes sans étiquette et sans soutien partisan. Est-ce que vous pouvez durablement être candidat sans être soutenu par une formation politique ? Est-ce que c'est une condition sine qua non pour se présenter en mars prochain ?
Alors c'est tout le pari que je veux faire et que nous faisons. J'ai été un homme de parti toute ma vie. Si j'ai décidé de ne pas être dans ce type d'appareil, c'est parce que les partis ne jouent plus leur rôle, on le voit bien. La situation nationale nous montre que ça ne fonctionne plus. Nos concitoyens ont besoin d'hommes libres de toute attache, de tout carcan, pour davantage les écouter, échanger et faire des propositions. Donc oui, j’irai jusqu'au bout dans ce statut.
Pour des raisons matérielles, c'est quand même beaucoup plus compliqué d'y aller sans parti. Vous avez à un moment donné espéré par exemple avoir le soutien de Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann, qui finalement s'est tourné vers les écologistes. Est-ce que vous serez en capacité logistique et financière de monter ces listes ?
Merci de vous inquiéter de ce sujet, mais c’est un vrai sujet. Je suis déclaré comme parti politique et j'ai une association de financement du parti. Vous savez que les budgets de campagne sont limités. Pour la ville de Lyon, cela doit être 540 000 euros pour l'ensemble de la campagne. Nous avons donc établi un budget. Et un de mes éléments essentiels, c’est que des gens me font confiance. Aujourd'hui, nous ferons une campagne à la hauteur de notre budget, avec les moyens donnés par nos concitoyens.
Et est-ce que vous pensez pouvoir être audible ? Parce que c'est finalement là-dessus que ça va se jouer. On voit s'installer une campagne avec deux blocs qui s'affrontent. D’un côté, les écologistes qui disent : "c’est nous les progressistes" face à la droite extrême obscurantiste. Et de l’autre, Jean-Michel Aulas qui affirme : "c’est nous les candidats du bon sens contre les écologistes dogmatiques". Est-ce qu'il y aura une voie possible pour se faire entendre ?
Ce n’est pas seulement un pari. Cela fait un an que je travaille avec toute une équipe autour de moi, que nous aurons l'occasion de présenter dans les semaines qui viennent. Oui, les gens attendent. Ni Aulas, ni Doucet, je peux vous le garantir. Ce duel est un écran de fumée qui empêche que nos concitoyens aient un vrai débat sur l'avenir de notre ville. Nous avons besoin, face à la crise mondiale, nationale et budgétaire, d'une vision claire qui réponde à la fois aux questions environnementales, sociétales et démographiques. Nous sommes à un tournant. Je résume notre vision en trois points : produire, protéger et partager. Ce sont les trois axes que nous voulons proposer aux Lyonnais et aux Lyonnaises.
Et là pour l'instant, dans le débat, vous ne l'entendez pas ?
Pas du tout. Nous avons lancé une proposition pour que la campagne soit digne et respectueuse de chacun. Je n'ai pas toujours l'impression que ce soit le cas.
Vous trouvez qu'il y a des outrances dans les deux camps ?
Je trouve que l'outrance est dangereuse, ainsi que certaines manières d'aborder les sujets. Nous ne sommes pas dans un moment où l’on peut annoncer à l’emporte-pièce des propositions sans savoir dans quelle vision elles s’insèrent. La ville a besoin, plus que jamais, d'une vision globale sur tous les sujets : logement, sécurité, déplacements, rayonnement. Parce que si la ville ne renoue pas avec son rayonnement économique, tout le reste aura du mal à suivre.
Les deux, Jean-Michel Aulas et Grégory Doucet, vous courtisent, aimeraient vous intégrer dans leur campagne. Pourquoi est-ce impossible avec l'un et avec l'autre ? Pourquoi est-ce impossible avec Grégory Doucet ?
Avec Grégory Doucet, qui a eu cette vision au conseil municipal, je rappelle qu’il avait un seul mantra : l’écologie. Elle a été poussée de manière un peu radicale, sans trop se préoccuper des effets collatéraux de ses politiques.
Et pourquoi avec Jean-Michel Aulas c'est impossible ?
Jean-Michel Aulas, d’abord, je le respecte, comme je respecte Doucet. Je ne ferai jamais d’attaque personnelle. Mais Aulas arrive comme un homme providentiel, soutenu par Wauquiez et tous les appareils, et il annonce qu’il va faire avec la société civile. C'est contradictoire. Le fait qu’il ait choisi d’être adoubé par Sarkozy puis Wauquiez rend impossible la réunion de toutes les forces. Moi, je suis central, je peux parler absolument à tout le monde. Notre ville a toujours recherché des convergences, et elle en a besoin.
Il y a aussi une potentielle alliée surprise : Nathalie Perrin-Gilbert, candidate sans étiquette, peut-être plus marquée à gauche que vous. Où en sont vos discussions avec elle ? Est-ce que vous pourriez faire campagne commune ?
Nous travaillons avec Nathalie, je le confirme, pour établir un diagnostic partagé. Nous ne devons pas seulement être dans le "qui", mais aussi dans le "pour faire quoi". Nous travaillons à voir si nos positions peuvent générer un programme partagé. Voilà où nous en sommes.