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Biennale de la danse de Lyon : "Un événement unique au monde"

Tiago Guedes, directeur artistique de la Biennale de la danse de Lyon et directeur de la Maison de la danse de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

La 21e édition de la Biennale de la danse bat son plein à Lyon et dans la métropole jusqu’au 28 septembre, puis en région jusqu’au 17 octobre. Avec 40 spectacles dont 24 créations, l’événement entend conjuguer découverte, exigence artistique et ouverture au plus grand nombre. Tiago Guedes, directeur artistique de la Biennale et de la Maison de la danse, était l’invité de l’émission 6 minutes chrono de Lyon Capitale.

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Une édition marquée par des partenariats

Cette édition s’inscrit dans une dynamique particulière, tournée vers l’international et les collaborations inédites. "Elle rend toujours hommage à son histoire fédératrice, populaire, aussi pointue, avec toutes ses créations. Mais cette édition a aussi été réalisée avec beaucoup de partenariats", explique Tiago Guedes. Au programme, un focus sur le Brésil avec "Brasil Agora", en clin d’œil à l’édition de 1996, mais aussi un partenariat avec le Centre Georges-Pompidou autour de projets hors les murs, et avec le Festival d’automne à Paris autour de l’univers de Pierre Boulez.

Populaire et exigeante à la fois

La Biennale de la danse entend assumer une double ambition : accueillir le grand public tout en restant un rendez-vous majeur pour les professionnels de la danse. "Normalement, les festivals de danse sont soit très populaires, soit très pointus et de recherche. La Biennale, c'est vraiment l'équilibre entre les deux", souligne le directeur artistique. Cet équilibre passe aussi par le défilé, véritable temps fort populaire qui a rassemblé plus de 250 000 spectateurs et 2 500 danseurs amateurs, mais également par des créations inédites. "Parmi les quarante créations, il y a vingt-quatre nouvelles pièces, et c'est très important. La Biennale, c'est aussi une biennale de découvertes", rappelle Tiago Guedes.

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Coups de cœur et vigilance budgétaire

Le directeur artistique confie avoir eu plusieurs coups de cœur : "Le spectacle de François Chaignaud à l'Opéra de Lyon est magnifique, à la confluence de la danse et de la musique. Et le spectacle d'ouverture de Lia Rodrigues était d'une force incroyable". Mais l’enthousiasme artistique est teinté d’une certaine inquiétude face aux contraintes financières. "Je suis inquiet pour la suite des arts. Les arts, c'est important, il faut militer. On a de la chance d'avoir de très bons partenaires publics et privés, mais il y a une baisse de financement. Il faut continuer à militer pour que cela n'empire pas", avertit-il.

Biennale de la danse – Du 6 au 28 septembre à Lyon et dans la région jusqu’au 17 octobre – Programme complet : labiennaledelyon.com


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui on va parler de la Biennale de la Danse de Lyon, c'est la 21ème édition. Elle se tient du 6 au 28 septembre à Lyon et dans la métropole, et jusqu'au 17 octobre en région. La Biennale de la Danse, c'est 50 lieux en tout, c'est 40 spectacles, 24 créations. Pour en parler nous recevons Tiago Guedes, directeur artistique de la Biennale de la Danse de Lyon et aussi directeur de la Maison de la danse de Lyon. Bonjour Tiago Guedes.

Bonjour Eloi.

Merci d'être venu sur notre plateau. On va un peu rentrer dans le vif du sujet. Qu'est-ce qui caractérise cette 21ème édition ? Qu'est-ce qu'il y a de nouveau qui la différencie des autres ?

Elle rend toujours hommage à son histoire fédératrice, populaire, aussi pointue, avec toutes ses créations. Mais cette édition a aussi été réalisée avec beaucoup de partenariats. Avec le Centre Georges-Pompidou qui est hors les murs, on fait trois grands projets avec trois chorégraphes. Avec la saison croisée France-Brésil, il y aura un grand focus d'artistes brésiliens qui s'appelle "Brasil Agora", ce qui signifie "Brésil maintenant", une actualisation de ce qu'est la chorégraphie brésilienne aujourd'hui. C'est aussi un clin d'œil à l'édition de 1996 qui était complètement dédiée au Brésil, et c'est à ce moment-là qu'est né le défilé, avec l'idée d'amener la culture brésilienne, notamment la culture du carnaval, à Lyon. Et aussi un grand partenariat avec le Festival d'automne à Paris, autour de l'univers du musicien Pierre Boulez.

Voilà donc des caractéristiques importantes qui donnent une couleur, une saveur particulière à cette Biennale. Quelle a été votre ligne directrice sur la programmation ? Quels ont été les critères pour assurer une forme de cohérence entre les spectacles et les artistes proposés ?

L'idée, c'est vraiment d'équilibrer les esthétiques. La Biennale de la danse n'a pas de thématique, même si on peut tirer des fils rouges. Mais elle vise à montrer la grande diversité de ce qu'est la danse contemporaine. Une Biennale intergénérationnelle, avec les grands noms des chorégraphes – Lia Rodrigues, Philippe Decouflé, William Forsythe – des artistes de 60-70 ans, mais aussi de très jeunes, les grands artistes de demain. La Biennale, c'est aussi une biennale de découvertes : parmi les quarante créations, il y a vingt-quatre nouvelles pièces, et c'est très important. C'est une Biennale populaire, avec tous ces projets participatifs, le défilé, et aussi des projets de recherche, de nouvelles écritures de la danse aujourd'hui.

Vous l'avez dit, vingt-quatre créations pour la Biennale de la danse, c'est important de le souligner. Vous avez parlé du défilé : il a eu lieu le week-end du 6-7. Comment s'est-il passé ?

Très très bien. On n'a pas encore les chiffres officiels, mais il y avait beaucoup plus que 150 000 personnes. La rue avec une thématique très ouverte, cette édition des "danses recyclées" : comment regarder les danses de société – les danses de couple, les danses de salle de sport, celles des clubs – et les transformer en danses contemporaines dans une grande parade chorégraphique. Neuf groupes ont participé, quatre venus de la région, quatre métropolitains, et une grande parade avec 2 500 amateurs qui ont dansé de Terreaux à Bellecour.

C'est un vrai événement populaire, vous avez employé le mot en introduction. La Biennale de la danse est populaire, ouverte, et en même temps un rendez-vous de la profession, avec des professionnels de la danse et de la culture. Comment réussissez-vous à lier ces deux pôles qui peuvent parfois sembler s'opposer ?

C'est sa force. Normalement, les festivals de danse sont soit très populaires, soit très pointus et de recherche. La Biennale, c'est vraiment l'équilibre entre les deux. Moi, je défends que la danse est une discipline qui peut vraiment communiquer avec tout le monde. Son langage est universel, on n'a pas besoin de sous-titres, les gens peuvent regarder et se faire leur idée. Je milite pour qu'on ne parle pas d'élitisme, mais simplement de danse. C'est pour cela qu'au-delà du défilé, on a aussi beaucoup de spectacles où les amateurs peuvent participer. Même le spectacle de Philippe Decouflé, un des grands chorégraphes français, intègre une vingtaine d'amateurs. Donc, pour revenir à votre question, c'est vraiment un équilibre : des projets participatifs auxquels les gens peuvent assister et prendre part, et à côté, la découverte des nouveaux noms de la danse à travers des créations.

Vous avez un coup de cœur personnel ? C'est une question difficile, mais en toute subjectivité, quelque chose qui vous parle particulièrement.

C'est difficile… Moi j'aime beaucoup le spectacle à la confluence des disciplines. Par exemple, le spectacle de François Chaignaud à l'Opéra de Lyon, qui mêle danse et musique. Il travaille à partir de musiques baroques d'Amérique du Sud, donc hors Europe. C'est un spectacle magnifique. Le spectacle d'ouverture de Lia Rodrigues était aussi d'une force, d'une puissance incroyables. Une chorégraphe qui travaille uniquement avec des danseurs d'une favela à Rio de Janeiro, un spectacle fort, actuel, un portrait du monde d'aujourd'hui. Voilà, la Biennale c'est aussi ça.

Les coups de cœur du directeur artistique. Dernière question : l'actualité est aussi marquée par le budget de l'État français, avec beaucoup de contraintes budgétaires, notamment sur la culture. Cette année il y a eu quelques spectacles en moins par rapport à l'édition précédente. Est-ce que vous êtes inquiet pour la suite de la Biennale ?

Je suis inquiet pour la suite des arts. Les arts, c'est important, il faut militer. Mais il faut vraiment que les partenaires publics et privés nous accompagnent. On a de la chance d'avoir de très bons partenaires publics et privés. C'est vrai qu'il y a une baisse de financement, donc il faut continuer à militer pour que cela n'empire pas. Par contre, il faut que les partenaires nous accompagnent pour garder la dimension de la Biennale. C'est un grand événement unique au monde et on ne peut pas le faire seuls, mais bien avec nos partenaires.

Très bien, ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Tiago Guedes d'être venu sur notre plateau. Quant à vous, merci d'avoir suivi cette émission. Vous pourrez trouver les informations sur le site labiennaledelyon.com. Je vous dis à très bientôt. Au revoir.

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