Editorial. Pour 52% des Lyonnais - et 59% des 18-24 ans -, la sécurité jouera un rôle déterminant dans leur vote pour les élections municipales de Lyon 2026.
Pendant des années, les écologistes lyonnais ont refusé de regarder la sécurité en face, laissant l’État gérer, se disant “pas compétents”, évitant soigneusement un sujet qu’ils jugeaient trop piégé, trop connoté, trop éloigné de leur ADN politique. Résultat : un angle mort.
Dans cet angle mort, les extrêmes se sont engouffrés. Aujourd’hui, à quelques mois des municipales, le réveil est brutal. Grégory Doucet a changé de posture, de langage aussi, on pourrait être tenté de dire de logiciel. Celui qui renvoyait la sécurité à Paris s’affiche désormais aux côtés de sa police municipale, condamne les agressions, commande des caméras, alerte publiquement. Un virage tardif, assumé à demi-mot, mais surtout révélateur d’un retard accumulé.
Pendant que les élus écolos débattaient de la place du vélo et de la végétalisation urbaine, sujets essentiels, les Lyonnais voyaient leur quotidien se tendre. Dans les transports, devant les écoles, dans les quartiers populaires ou le centre-ville, le jour comme la nuit.
En se taisant, les écologistes ont laissé le champ libre à leurs adversaires. À force d’éviter le mot “sécurité”, semble-t-il tabou pour eux et issu d’une sémantique de droite qu’ils qualifient facilement de “réactionnaire”, ils ont permis à d’autres d’en capter la colère, la peur, parfois la rage. Ils en paient aujourd’hui le prix politique.

Les justifications de Grégory Doucet - “je ne réagis pas à chaud”, “attendons que la justice instruise” - peuvent s’entendre. Elles sonnent simplement à contretemps. Si les Lyonnais n’ont pas besoin de commentaires impulsifs, ils ont en revanche besoin de preuves que le premier édile de la ville, en sa qualité d’officier de la police judiciaire, a compris l’urgence du moment.
Car l’insécurité n’est ni un fantasme ni une question de posture idéologique. Elle concerne tout le monde. Elle touche d’abord les plus modestes, les plus exposés, ceux qui n’ont pas le choix de leurs trajets, de leurs horaires, de leur quartier.
Sans sécurité, rien ne tient : ni la démocratie, ni l’économie locale, ni la culture, ni la solidarité, ni le lien social. Comme le rappelle Comte-Sponville dans une démonstration par l’absurde : “Dire que la sécurité est un thème de droite, ce serait laisser entendre que l’insécurité est de gauche.”
52 % des Lyonnais assurent que la sécurité jouera un rôle déterminant dans leur vote, en mars prochain. Avec un record de 59 % chez les 18-24 ans, démentant l’idée que seuls les plus âgés sont les plus demandeurs. C’est ce que révèle notre sondage.
“La grande écoute”, consultation récemment lancée par les écologistes pour recueillir les préoccupations des habitants, n’en dit pas moins, la sécurité grimpant au deuxième rang des inquiétudes des habitants (derrière le logement).
Cela suffira-t-il aux écologistes pour entendre ce qui crève les yeux ? La sécurité est devenue un critère central pour juger du mandat. Pas le seul, certes, mais celui où leur crédibilité est la plus fragile. S’ils ne prennent pas enfin conscience de ce qu’ils ont longtemps refusé d’admettre, d’autres le feront à leur place. Et probablement pas avec les mêmes priorités.
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