Angélique Clairand et Éric Massé poursuivent le travail initié depuis plusieurs années au théâtre du Point-du Jour, en proposant une programmation très engagée sur les questions d’égalité.
Puisque le terme de “rebelle” ne s’accorde pas au masculin, c’est une femme aux yeux clos mais bel et bien en lutte qui fait la couverture de la saison du théâtre du Point-du-Jour. Photographiée par Paloma Laudet du collectif Item, un fumigène à la main, il s’agit de Marylie Breuil, militante féministe et ancienne porte-parole du mouvement Nous toutes lors de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles à Paris en novembre 2021.
Avec 61 % de créatrices à l’affiche de cette nouvelle saison, est-ce à dire que les hommes ne seraient plus les bienvenus dans ce théâtre du 5e arrondissement dirigé avec une réelle harmonie par Angélique Clairand et Éric Massé depuis 2019 ? Évidemment pas. Mais de façon manifeste, les vingt et un spectacles proposés accompagnent des luttes sociales pour plus d’égalité.
C’est ainsi qu’un focus sera porté en novembre sur le format Grand ReporTERRE qui met au travail durant une semaine de préparation seulement un journaliste et un artiste sur un thème de société. Une sorte de best-of se déclinera dans divers théâtres et le Point-du-Jour reprendra notamment le plus joué d’entre tous Faut-il séparer l’homme de l’artiste ? (les 12 et 13 novembre) d’Étienne Gaudillère et Giulia Foïs.
Et s’il y a bien un artiste contemporain qui se penche sur le monde avec une frontalité qui n’a d’égale que sa manière de le transformer (souvent) en chef-d’œuvre, c’est Milo Rau. Et c’est une grande chance de le voir revenir ici avec La Lettre (du 1er au 3 octobre), un spectacle créé dans le In du récent Festival d’Avignon. Le Suisse, déjà venu à Lyon avec Hate Radio, Familie ou encore Oreste à Mossoul, signe un duo léger sur l’histoire du théâtre dans lequel il réhabilite la figure de Jeanne d’Arc. Dans la foulée, l’Argentin Tiziano Cruz, seul au plateau, plonge aux racines pauvres de son enfance avec Wayqeycuna (les 10 et 11 octobre). Il a été l’une des révélations d’Avignon 2024.
Pour s’adresser à toutes et tous, rien de mieux que de travailler sur l’inclusivité des personnes en situation de handicap comme le fait largement ce théâtre depuis quelques années en prenant notamment en compte la langue des signes française utilisée par les sourds (LSF) mais aussi en allant rencontrer le public hors les murs. Ce sera par exemple le cas avec Larzac ! (du 30 novembre au 4 décembre) de Philippe Durand qui partira “en nomade” pour raconter le Larzac d’aujourd’hui et ce que la lutte paysanne des années 70 est devenue. Les combats ne cessent jamais.