Damien Gouy, nouveau directeur du Théatre des Marronniers, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
C'est un petit théatre de sept mètres sur quatre de plateau et 49 spectateurs. Une institution qui souffle ses 40 bougies en fin d'année.
"Il y a une émotion unique dans ce petit théâtre, dans ces lieux intimes où l’on peut offrir un accueil presque personnalisé, s'enthousiasme Damien Gouy, nouveau directeur du Théâtre des Marronniers. On discute avec les spectateurs : pourquoi êtes-vous là, qu’est-ce qui vous a amenés ? C’est cela que je veux : de grandes séries, de la création et encore du théâtre musical."
Continuité et nouveau souffle à travers la défense de la langue. Pas étonnant que ce comédien formé à l'Ensatt, 65e promotion, ayant passé treize ans dans la troupe du Théâtre National Populaire, à Villeurbanne, ait choisi les mots de Jean-Pierre Siméon (alors artiste associé) : "la langue fait spectacle, c'est-à-dire qu'elle se donne à voir et à entendre et qu'elle donne à imaginer."
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Au programme : poésie et théâtre musical, les deux axes principaux de ce lieu historique. Mais aussi "un souffle nouveau" avec un partenariat inédit cette année, en lien avec la Biennale de la danse et le festival Karavel, consacré aux danses urbaines et dirigé par Mourad Merzouki. "Pour la première fois, nous accueillons sur ce petit plateau un solo du danseur Dexter. Ce n’est pas du tout mon réseau, je ne le connaissais pas, mais c’est une création, et cela entre dans notre cahier des charges. Ce sera présenté sur quatre jours : jeudi, vendredi, samedi et dimanche."
Le Théâtre des Marronniers a été fondé en 1985 par Daniel Claude Poyet et dirigé pendant 34 ans par Yves Pignard. Installé dans un ancien atelier de la Sepr, ce théâtre est situé dans la fameuse rue des Marronniers qui vit aussi les metteurs en scène Roger Planchon et Marcel Maréchal commencer des carrières théâtrales prestigieuses.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Damien Gouy
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Damien Gouy, bonjour. Damien Gouy, vous êtes le nouveau directeur du Théâtre des Marronniers qui est, comme son nom l'indique, au 7 rue des Marronniers. "La langue fait spectacle, c'est-à-dire qu'elle se donne à voir et à entendre et qu'elle donne à imaginer." Pourquoi avez-vous choisi les paroles du poète et dramaturge Jean-Pierre Siméon en introduction de la programmation du Théâtre des Marronniers ?
Je suis lyonnais, j'ai fait l’ENSATT, l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre de Lyon, et ensuite j’ai été pendant treize ans comédien dans la troupe du TNP à Villeurbanne, où Jean-Pierre Siméon, poète et qui dirige maintenant la collection Poésie de Gallimard, était artiste associé. On s’est beaucoup côtoyés et il a écrit de nombreux livres, dont La poésie sauvera le monde. J’ai donc été nourri à ce rapport à la poésie et à la langue.
Quand Yves Pignard m’a proposé de prendre sa suite, après trente-quatre ans de direction aux Marronniers, dans ce petit théâtre de 7 mètres sur 4 de plateau et 49 spectateurs, on ne peut pas dire qu’on fasse de grandes mises en scène. J’ai eu envie de retrouver l’essence même : raconter des histoires aux gens. Pour moi, la langue est primordiale, c’est mon moteur en tant que comédien. Sans une belle langue, je m’ennuie vite sur scène. J’ai besoin d’avoir une langue qu’il faut malaxer, qu’il faut parler.
Les mots de Jean-Pierre Siméon sont toujours importants. Pour cette première édition, pour cette première plaquette dont je m’occupe du début à la fin, je voulais les mettre en exergue.
Vous parliez de poésie. Il y aura aussi du théâtre musical. Trente-quatre ans après M. Pignard, quelle direction voulez-vous donner au Théâtre des Marronniers pour cette nouvelle saison ?
Le Théâtre des Marronniers est connu pour deux choses : la création et le théâtre musical. Ce seront mes deux axes principaux. La création, bien sûr, parce qu’on a besoin de créer et de diffuser. L’idée, c’est que cela démarre ici, dans ce petit lieu, puis que cela grandisse ensuite. Mais pour qu’un spectacle grandisse, il ne faut pas qu’il joue seulement deux ou trois fois. Trop souvent, en tant que comédien, j’ai connu des spectacles où l’on arrive le matin, on joue le soir et ensuite on repart.
On a besoin de sentir le plateau, d’avoir de la continuité. C’est ce que je veux proposer : peut-être moins de spectacles, mais davantage en création et en théâtre musical. Parce que, finalement, où faire ce théâtre musical ?
Ils ont peut-être envie de revenir à quelque chose de plus intime.
Exactement, des choses plus personnelles. Quand j’ai découvert ce théâtre, j’ai entendu des artistes lyriques chanter, peut-être pas aussi fort que sur une grande scène d’opéra, mais avec une proximité incroyable : du chant lyrique à 1,50 mètre de mon oreille. Il y a une émotion unique dans ce petit théâtre, dans ces lieux intimes où l’on peut offrir un accueil presque personnalisé. On discute avec les spectateurs : pourquoi êtes-vous là, qu’est-ce qui vous a amenés ? C’est cela que je veux : de grandes séries, de la création et encore du théâtre musical.
Donc, si j’ai bien compris, il y a deux choses. D’une part, vous vous inscrivez dans la continuité de votre prédécesseur. D’autre part, comme vous l’écriviez dans votre édito, vous ambitionnez de donner un nouveau souffle. C’est quoi ce nouveau souffle ? Va-t-il y avoir de nouveaux partenariats ?
Il y a toujours les partenariats existants. Par exemple, avec Quais du Polar : nous avons toujours essayé de créer des spectacles en relation avec ce week-end-là. Je vais continuer, et même renforcer. Nous avons aussi le partenariat avec l’Espace Pandora à Vénissieux, dirigé par Thierry Renard et son équipe, qui font un travail magnifique autour de la poésie. Ils organisent deux grands rendez-vous : Parole ambulante en novembre et Le Magnifique printemps en mars. Nous allons y contribuer avec foison de spectacles.
Nouveau partenariat cette année, en lien avec la Biennale de la danse et le festival Karavel, consacré aux danses urbaines et dirigé par Mourad Merzouki. Pour la première fois, nous accueillons sur ce petit plateau un solo du danseur Dexter. Ce n’est pas du tout mon réseau, je ne le connaissais pas, mais c’est une création, et cela entre dans notre cahier des charges. Ce sera présenté sur quatre jours : jeudi, vendredi, samedi et dimanche.
Donc, d’après ce que je comprends, il y a aussi une prise de risque. Vous allez tenter de nouvelles choses, même en dehors de votre zone de confort.
Bien sûr. De toute façon, une saison, c’est toujours une prise de risque, surtout lorsqu’on parle de création. Au départ, on n’a que des dossiers. Parfois on connaît un peu l’équipe, parfois pas du tout, car nous essayons de faire venir de nouvelles équipes. Ce sont donc des prises de risque.
Nous sommes un tout petit théâtre. Les contrats sont à 50/50 : nous n’achetons pas les spectacles. Cela minimise les risques, mais nous accompagnons : nous mettons à disposition des communicants, des relations publiques, des techniciens. Nous soutenons les artistes dans leur création.
Dernière question, rapidement : vous disiez que vous alliez essayer de « faire plus avec moins ». C’est la situation actuelle de la culture. En quelques mots, que pouvez-vous nous dire là-dessus ?
Nous avons la chance d’avoir des partenaires publics qui nous soutiennent, mais qui ne peuvent pas toujours faire plus, comme c’est le cas pour beaucoup de structures. Nous avons aussi un club d’entreprises mécènes : onze entreprises nous accompagnent. L’idée est de développer ce réseau, par exemple avec des soirées privées pour elles.
Faire plus avec moins, cela signifie aussi inventer : nous allons lancer des lectures les lundis, chaque fois avec une structure différente. La programmation sera structurée, mais ponctuée de surprises, comme des apéros poétiques ou des rendez-vous à midi quinze.
C’est ce que nous ajouterons dans l’article qui accompagnera la vidéo, pour plus d’informations. Merci beaucoup d’être venu. Nous vous souhaitons bon vent pour cette nouvelle saison du Théâtre des Marronniers. À très bientôt. Au revoir.
Pour la génération Z et la Start Up Nation, en résumé, c'est l'appauvrissemnt de leur plein grès !