Le dernier roman de Pierre Péju, auteur de La Petite Chartreuse (prix du Livre Inter en 2006), se noue autour de l’histoire d’une petite fille, Stella. Le personnage émouvant de cette fillette a été inspiré par de nombreux enfants juifs abandonnés à leur triste sort durant l’Occupation. La fillette dissimule son frêle corps d’oiseau dans une malle en osier. A-t-elle été “oubliée” par ses parents fuyant les Allemands en toute hâte ? Probable.
Cependant, dans son malheur, elle a la chance d’être trouvée par un homme, patron d’une entreprise de déménagement le jour, qui est aussi un résistant actif la nuit. Elle est prise en charge par sa secrétaire ; son transfert vers une ferme de l’arrière-pays est organisé.
À travers l’histoire touchante et douloureuse de la petite Stella, mais aussi de celles et ceux qui tentent de la soustraire à l’horreur, Pierre Péju fait revivre toute une période, celle de l’Occupation, à Lyon. La perspective historique, les événements décrits sont absolument authentiques. Et les principaux personnages sont inspirés par les membres de la propre famille de l’écrivain. Il y a sa mère, Aimée, agent de liaison ; son père, jeune résistant et tête brûlée qui fut amputé d’une jambe à la suite d’un accident de moto ; son grand-père, cofondateur du mouvement résistant Franc-Tireur.
Fiction et réalité, histoire intime et histoire avec un grand “H” (ou avec sa grande hache, disait Georges Perec) se mêlent dans ce roman qu’il est impossible de lâcher une fois qu’on l’a ouvert.
Échappées – Pierre Péju, éditions Gallimard, 288 p., 21 €.