Avec Catwalk, Mourad Merzouki nous embarque dans un défilé chorégraphié où des jeunes issus de disciplines artistiques différentes créent une humanité dansante et virtuose.
Qui n’a pas vu le défilé chorégraphique à la chapelle de la Trinité en septembre dernier orchestré par Mourad Merzouki pour l’ouverture du festival Karavel a raté un beau moment de danse sublimé par la rencontre entre la musique baroque du Concert de l’Hostel Dieu et Superspectives.
Dans cette même veine mais plus écrit, Mourad Merzouki crée Catwalk,un défilé qui, dit-il, “interroge la place du défilé de mode dans notre société, ritualisé, codifié, pensé pour l’apparat et qui devient ici le terrain d’un détournement poétique et chorégraphique”.
Le projet n’est pas complètement nouveau car le chef d’entreprise Éric Jacquet lui avait demandé de le créer dans son jardin alors qu’en plein Covid les artistes ne pouvaient plus rien faire. Il le reprend pour la première fois sur une scène de théâtre où il installe un podium en légère pente, histoire de jouer avec les effets d’optique.
“Ce qui me plaît dans le catwalk,nous dit-il, c’est qu’il y a un rapport particulier aux corps, son espace donne une contrainte aux danseurs et il est un terrain de jeux propice à créer et inventer avec une interprétation totalement libre. Ma pièce n’est pas un défilé de mode où chacun vient l’un après l’autre. Les solos sont chorégraphiés et reliés à des moments d’ensembles et des petits duos. Les artistes sont vêtus de costumes non pas de mode mais d’une manière à ce qu’ils correspondent à la singularité de leur gestuelle et de leur univers et aussi pour créer une cohérence visuelle, un fil rouge entre eux.”
Un plateau d’artistes virtuoses
Le chorégraphe est allé chercher des danseurs aux pratiques variées et pas des moindres : deux B’Boys avec leur break au sol, deux jumeaux pour des danses debout (smurf, popping), une interprète classique, une contorsionniste, une danseuse de pole dance, un danseur marocain (interprète de Nacera Belaza), spécialiste du roller et un danseur anglais néoclassique.
“Bien évidemment, je les ai un peu bousculés pour ne pas faire une succession de techniques et qu’ils partagent la même gestuelle. Côté musique, j’ai travaillé avec Thylacine, il a la particularité de composer à partir de musiques classiques qu’il revisite avec de l’électro, ce frottement m’intéressait particulièrement. Si la bande-son vient de ce qui existe déjà, il a spécialement créé le lien entre tous les morceaux.”
Pour définir son défilé, le chorégraphe parle d’une humanité en mouvement : “On n’est pas sur des techniques, on est sur des corps, des histoires différentes qui se retrouvent tous sur un même plateau pour un même spectacle. Ce que l’on voit est à l’image de la société telle qu’elle est en réalité, dans la rue. La diversité des corps, des histoires, toute cette jeunesse, ces artistes au plateau qui font la France. Ça fait du bien de le rappeler au travers d’une chorégraphie parce que ça n’est pas suffisamment fait notamment dans les médias et en particulier à la télé où on les catégorise encore trop. Cette réalité je ne l’invente pas, je la retranscris simplement.”
Catwalk - Mourad Merzouki – Du 16 au 19 décembre au théâtre Théo-Argence, Saint-Priest
