Jeune qui Veille, de Lucie Vérot Solaure, mis en scène par Marie Demesy et avec Sachernka Anacassis, Robinson Courtois, Marin Moreau et Kaïnana Ramadani. ©Joseph Banderet

Rentrée culturelle : le Théâtre des Clochards Célestes plein d'espoir malgré les coupes budgétaires

Il était une fois un tout petit théâtre, niché sur les pentes de la Croix-Rousse : le théâtre des Clochards Célestes. Un théâtre qui ne peut accueillir qu’une cinquantaine de personnes, mais qui ne l’empêche pas d’avoir une programmation aussi variée qu’engagée, malgré les coupes budgétaires.

C’est en 1978 qu’Yves Barroz crée ce théâtre, avec pour seul objectif la mise à disposition d’un espace permettant aux jeunes artistes de présenter leurs créations; Depuis 1986, les trois directrices qui se sont succédé (Elisabeth Saint Blancat, Louise Vignaud puis Martha Spinoux-Tardivat depuis 2021) ont eu à cœur de perpétuer cet esprit artistique, libre et créatif, qui constitue encore aujourd'hui l’identité des Clochards Célestes.

Un désengagement de la “subvention historique” de la région 
Nous avons rendez-vous rue des Tables-Claudiennes, dans le premier arrondissement, avec l’équipe du théâtre des Clochards Célestes. Avant même de parler programmation, il s’agit pour Martha Spinoux-Tardivat, directrice du théâtre, d’aborder - non sans amertume - les récentes coupures des subventions allouées au fonctionnement de la culture. Le budget 2025 de la région Auvergne-Rhône-Alpes a fait l’effet d’un coup de couteau dans le dos du spectacle vivant, et plus particulièrement pour les petites salles.

Concrètement, ce lieu labellisé "Scène Découverte" a perdu 17 000 euros. Ce qui se traduit par l’impossibilité d’imprimer des brochures pour la saison, une réduction des embauches, un nombre de spectacles en baisse et une réduction des déplacements pour découvrir des compagnies non lyonnaises.

Ces coupures budgétaires pèsent donc sur les artistes émergents, que le théâtre met un point d’honneur à accompagner depuis 1979 : l’équipe des Clochards Célestes ne peut plus pratiquer le “minimum garanti en faveur des compagnies”, qui permettaient aux créateurs de toucher un cachet même si la salle n’était pas remplie. De plus, le dispositif d’accompagnement - financier, créatif, technique, administratif - des compagnies “associées”, mis en place en 2017, a dû être supprimé du fait du manque de financement. 
Malgré cette décision “sans justification” de la région, Martha Spinoux-Tardivat met un point d’honneur à ne pas augmenter les tarifs, de la billetterie comme de la buvette. Considérant le théâtre comme nécessaire et devant être accessible au plus grand nombre, les Clochards Célestes ont finalement décidé de proposer des tarifs “au choix”, où chacun peut payer selon ses moyens : 11, 13 ou 15€ la place. 

2025-2026 : “une saison très joyeuse
Après avoir évoquer le contexte budgétaire, Martha Spinoux-Tardivat détaille une programmation résolument engagée - qui veut notamment mettre en avant les minorités invisibilisées – mais qui est également tournée vers le jeune (voire très jeune) public.

Lors de la présentation, une phrase revient très souvent dans la bouche de la directrice des lieux : “je suis très curieuse”. La curiosité, c’est ce qui anime la directrice du théâtre : curieuse de voir et de proposer de nouvelles mises en scène, de nouveaux sujets, de nouvelles manières de faire et de dire, de nouvelles tendances artistiques et scénographiques… 

Mais cette rentrée culturelle se veut avant tout “joyeuse”, malgré les difficultés que rencontre le monde de la culture. Pour la soirée d'ouverture, qui se tiendra le 17 septembre à partir de 19h, l’équipe du théâtre a demandé à cinq compagnies de présenter des extraits de leur spectacle - “plus parlant” pour les spectateurs qu’une simple présentation du programme. 

À l'affiche cette saison
Des spectacles qui interrogent et créent du dialogue, qui font voyager ou nous ramènent à nos racines, des spectacles intimes et des spectacles collectifs. 

Avec Jeune qui veille (du 23 au 28 septembre), de Lucie Vérot Solaure, la saison commence par un “spectacle fort, avec beaucoup de monde sur scène”, ce qui est plutôt rare en cette période de restrictions budgétaires. En programmant ce spectacle, Martha Spinoux-Tardivat veut donner un espace de parole à des récits “peu représentés” : ceux qui racontent la réalité d'une France ultramarine - mais aussi la mort, l’adolescence, l’amitié.

Jeune qui Veille de Lucie Vérot Solaure, du 23 au 28 septembre. © Joseph Banderet

On continue avec Martine au viol, un spectacle de Mélodie Fourmeaux et de Célia Jaillet, à la fois “drôle et parfois choquant”, qui ne met donc pas tout le monde d’accord mais a avant tout vocation à susciter des échanges et des réflexions autour du sujet des violences sexistes et sexuelles. Du 5 au 10 novembre, à partir de 15 ans.

Martine au viol, de Mélodie Fourmeaux et de Célia Jaillet © Giai Checa

Du 23 au 28 février, vous pourrez voir Yann et Marguerite, mis en scène par Antoine Atek - élève au TNB (théâtre national de Bretagne). Ils sont deux sur le plateau pour raconter l’histoire d’amour pas si simple entre Marguerite Duras et Yann Andréa, et c’est le coup de cœur de Martha Spinoux-Tardivat : un spectacle “sur l’écriture [...], le théâtre [...], l’amour, Hervé Vilard, l’alcool, la mer et l'éternité”.

Yann et Marguerite, de Antoine Atek

Au total, on comptera 25 spectacles programmés pour 2025-2026, dont deux hors les murs et cinq pour le jeune public. Sur ce dernier point, Martha Spinoux-Tardivat est intransigeante : elle veut absolument continuer à proposer une programmation pour les enfants dès 1 an. Plus qu'un simple divertissement, ces spectacles sont multisensoriels et stimulent l'imagination des plus petits.

Le chant de la louve, par la compagnie Auteurs des flammes. De 3 à 6 ans.
Du 17 au 22 avril 2026 - 35 minutes. © Julien Bruhat

https://clochardscelestes.com

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