Quichotte au théâtre des Célestins © Christophe Raynaud de Lage

Gwenaël Morin enfile l’armure de Don Quichotte au théâtre des Célestins

Encensée lors de son passage au Festival d’Avignon 2024, l’adaptation théâtrale signée par Gwenaël Morin du roman de Miguel de Cervantes, Don Quichotte, est à l’affiche des Célestins du 10 au 14 décembre.

Avouons-le, la dernière mise en scène de Gwenaël Morin au théâtre des Célestins, d’après Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, nous avait un peu laissé sur notre faim. Quelque chose ne fonctionnait pas, ou pas assez. Mais cela ne nous empêchera nullement de courir voir Quichotte, son adaptation théâtrale du mythique roman de Cervantes. Et pas seulement parce que le spectacle, avec une distribution différente, a reçu au Festival d’Avignon, en 2024, un accueil enthousiaste. Il semblerait que le théâtre brut de Gwenaël Morin, avec sa scénographie dépouillée, ses bouts de carton et ses costumes semblant sortir d’une friperie, se marie avec bonheur à l’univers de Cervantes. Dont le roman, Don Quichotte, écrit il y a plus de quatre cents ans, était à l’époque souvent lu en public. On connaît l’histoire, après avoir passé sa vie enfermé chez lui à lire, Don Quichotte, avec l’inénarrable Sancho Pança, décide de partir sur les routes pour trouver la gloire et rendre la justice. Ce faisant, il se fabrique un monde à la démesure de son imaginaire. Il devient un noble chevalier et sa mule, Rossinante, se transforme en cheval fougueux. Il charge alors les moulins à vent qu’il prend pour des armées ennemies.

Gwenaël Morin explique très bien ce qui l’a séduit dans les milliers de pages que compte l’œuvre de Cervantes (qui reste l’œuvre littéraire la plus traduite au monde) : Comme Don Quichotte, j’ai besoin d’histoires, de fictions pour appréhender le réel, c’est comme une sorte d’armure pour affronter le monde.” Suzanne de Baecque, comédienne fétiche d’Alain Françon, a remplacé Jeanne Balibar pour incarner le chevalier à la triste figure. Attendez-vous à la voir débouler en trombe sur le plateau pendant qu’une narratrice raconte le début de l’épopée comique de Quichotte. Un marteau à la main, en guise de lance, elle se lance à l’assaut de la justice et croise une galerie de personnages interprétés à tour de rôle par Marie‑Noëlle (auparavant connue sous le nom d’Yves-Noël Genod), Thierry Dupont et Léo Martin. Avec seulement quelques accessoires (une table devient un mulet, des cartons servent d’armure), ils déploient un imaginaire délirant sur un plateau nu. Quichotte serait fou ? Sa folie est nécessaire, libératrice, saine et sincère puisqu’elle ébranle nos limites. C’est en tout cas ce que veut montrer Gwenaël Morin. Après avoir adapté de nombreuses pièces du répertoire classique (avec d’immenses réussites :Mademoiselle Julie,Lorenzaccio, Tartuffe, Antigone, Woyzeck), il s’attaque à un roman aussi échevelé que son théâtre. Afin de recréer sur scène l’intense cavalcade et la véritable aventure d’un homme porté par son idéal humaniste. Trop de bon sens peut être de la folie – et le plus fou de tous : voir la vie telle qu’elle est, et non telle qu’elle devrait être !”, affirme Don Quichotte, une phrase que le metteur en scène pourrait reprendre à son compte.

Quichotte – Du 10 au 14 décembre aux Célestins

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