Lucinda Childs, Noé Soulier et Nacera Belaza… Le Ballet de l’Opéra de Lyon érige un programme avec trois écritures chorégraphiques exigeantes et captivantes.
Créée en 1993, troisième pièce de la grande chorégraphe américaine Lucinda Childs à entrer au répertoire du Ballet, Concerto est un pur bonheur ! Virtuose, l’écriture est à la fois minimaliste et complexe, qui se déploie sur la puissante composition pour clavecins et cordes de Henryk Górecki.
Conçue comme un dialogue entre musique et danse, ponctuée de splendides déplacements géométriques avec une gestuelle réduite à l’extrême et des déboulés d’une fluidité naturelle, la pièce nous embarque dans une danse hypnotique et répétitive qui exprime une sorte de manifeste du style de la chorégraphe…
En 2020, Julie Guibert, alors directrice du Ballet, décide de mettre en lumière la singularité des interprètes avec le projet Danser Encore, qui invite un chorégraphe à créer un solo en collaboration avec chacun d’entre eux. Dansé par Katrien de Bakker (en alternance avec Almudena Maldonado et Tyler Galster), Self Duet de Noé Soulier est un pas de deux avec soi-même où elle se dédouble et explore la frontière entre intériorité et extériorité, créant un dialogue avec différentes parties de son corps.

Partant du sol où elle cherche des points d’attache ou s’en libère, elle semble jouer de son corps, le mettant par la suite au défi de la verticalité dans le silence mais aussi sur la musique de Heinrich Ernst d’après Le Roi des aulnes de Franz Schubert, œuvre où justement le violoniste joue à la fois la partie de piano et celle du chanteur du lied de Franz Schubert. Porté par l’intensité de son interprète, ce solo illustre l’innovation constante du chorégraphe en matière de vocabulaire du geste qui fonde son travail.
La surprise sera avec Untitled 1, la première création pour le Ballet de Nacera Belaza, une chorégraphe que l’on aime particulièrement et qui mène depuis plus de vingt ans un travail profond sur la mémoire des corps avec une danse reposant essentiellement sur les interprètes, habitée par un espace intérieur où elle puise pour libérer leur imaginaire en même temps que celui du spectateur.
Le corps est à la fois médiateur et porteur de tous les éléments d’écriture : l’espace autour, le vide, la lumière, l’obscurité, le silence, le son qu’elle conjugue pour les mettre en résonance avec l’intériorité. On a hâte de voir comment elle emmènera les danseurs dans son écriture qui, tout en étant exigeante, convoque le lâcher-prise.
À l’infini - Ballet de l’Opéra de Lyon – Du 4 au 9 juillet à l’opéra de Lyon – opera-lyon.com