Mélodie Cros Ferréol, coprésidente de La Ville à Vélo, est l’invitée de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Le baromètre vélo 2025, réalisé par la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), place Lyon en 4e position parmi les grandes villes françaises, derrière Grenoble, Strasbourg et Rennes. Une progression saluée par les associations locales.
"Le baromètre vélo, c’est l’expression citoyenne"
Le baromètre est une enquête nationale basée sur l’expérience des habitants. "Le baromètre vélo, c’est l’expression citoyenne : les habitants disent s’ils se sentent en sécurité, s’il y a assez de stationnements, s’ils trouvent leur ville cyclable", explique Mélodie Cros Ferréol. L’enquête, composée d’une trentaine de questions, permet également de signaler des "points durs" comme des zones dangereuses ou des besoins en stationnement. "Cela va jusqu’à la rue près. Ces données servent aux associations, mais aussi aux collectivités et aux bureaux d’études pour prioriser leurs actions."
Lyon, une ville qui progresse
En 2025, plus de 6 000 Lyonnais ont participé au baromètre. "À Lyon, plus de 6 000 personnes ont répondu : c’est colossal", souligne la coprésidente de La Ville à Vélo. La ville progresse notamment grâce au développement des stationnements. "Il y a eu énormément d’arceaux installés sur le territoire. On sait que le vol de vélo est un frein. Pouvoir sécuriser son vélo, partout, est essentiel", ajoute-t-elle. La hausse de l’usage du vélo pour des trajets du quotidien (courses, rendez-vous médicaux ou déplacements familiaux) accentue ce besoin. Les aménagements cyclables, dont le projet des voies lyonnaises, ont également contribué à l’amélioration du classement. Tunnels et ponts réaménagés offrent désormais des alternatives plus sûres.
Plus de détails dans la vidéo :
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La retranscription complète de l'émission avec Mélodie Cros Ferréol :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de vélo puisque l'association La Ville à Vélo a publié son baromètre Vélo 2025. Lyon est classée 4e parmi les grandes villes françaises, derrière Grenoble, Strasbourg et Rennes. Pour en parler, nous recevons Mélodie Cros Ferréol, coprésidente de La Ville à Vélo. Bonjour Mélodie Cros Ferréol, merci d'être venue sur notre plateau. On va rentrer un peu dans le vif du sujet sur ce baromètre. Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment il est fait, et ensuite comment se fait-il que Lyon progresse et se place à cette position, qui est une bonne position puisque c'est une progression pour la ville de Lyon ?
Alors oui, c'est une enquête nationale. Le baromètre n'est pas seulement sur notre territoire, il est organisé par la Fédération des usagers de la bicyclette, donc vraiment l'association nationale en France. Elle laisse l'opportunité aux habitants et habitantes de s'exprimer sur la cyclabilité de leur territoire. C'est-à-dire : est-ce que je me sens en sécurité quand je fais du vélo, est-ce que c'est confortable, est-ce que j'ai assez de services de vélo, de stationnements, de possibilités de louer un vélo… Voilà. Il y a une trentaine de questions qui permettent d'évaluer différentes thématiques sur son territoire. Ce sont vraiment des évaluations locales.
C'est un peu l'expérience utilisateur depuis la base ?
Exactement, c'est vraiment les utilisateurs de ma commune, mon quartier, dans cette rue-là, etc. Le baromètre permet aussi de noter des points : des points durs, des points d'amélioration, des besoins de stationnements. Ça va vraiment jusqu'à ce degré de précision.
Quasiment à la rue près, enfin voilà, c'est extrêmement précis, c'est une carte en fait ?
Voilà, et ça nous permet ensuite d'avoir une carte de tous ces points, à la fois les améliorations réalisées et à la fois les points dangereux, les points durs. Ce sont des données que nous pouvons utiliser en tant qu'association locale et nationale, mais aussi les collectivités, qui peuvent s’en servir pour prioriser leur programme en matière de politique cyclable. Également les bureaux d'études. C'est vraiment une grosse enquête, et surtout l'expression citoyenne. C'est un caractère fort, d’autant qu’on est à l'approche des municipales : c'est l'expression des citoyens.
Alors, c'est-à-dire que les cyclistes lyonnais sont plutôt heureux des aménagements cyclables de ce point de vue-là. Plus sérieusement, quels sont les facteurs qui font qu'à Lyon, la ville se retrouve à cette bonne position ?
Alors effectivement, Lyon a progressé, elle a gagné deux places par rapport à l'ancienne enquête de 2021. Je précise qu'il faut un certain échantillon pour que la commune soit qualifiée dans ce baromètre : un minimum de 50 répondants, pour que les résultats soient valables. À Lyon, plus de 6 000 personnes ont répondu.
Donc c'est assez conséquent, c'est très conséquent. Alors pourquoi est-ce que Lyon a progressé ?
Ce qui a été valorisé, c'est par exemple la progression de l'offre de stationnement. Il y a eu énormément d'arceaux qui ont été installés sur le territoire. Parce qu'en fait, quand on se déplace, il y a évidemment le trajet, mais à la fin, à destination, il faut pouvoir sécuriser son vélo. On sait que c'est un frein : le vol de vélo. Donc il faut pouvoir l'accrocher quelque part, et partout. Car ce que l'on constate aussi ces dernières années, c'est que le trafic vélo a augmenté sur notre territoire, et il s'est intensifié. C'est-à-dire que les personnes ne prennent pas seulement leur vélo pour aller au travail : elles le prennent aussi pour aller faire des courses, aller chez le médecin, à un rendez-vous…
Et alors est-ce que vous voyez aussi des axes d'amélioration ? Les usagers des pistes cyclables, des voies lyonnaises, des axes forts vous font-ils remonter des grandes lignes ? Parce qu’on ne veut pas aller dans le détail, c’est quand même assez fourni…
Alors ce qu'on a vu aussi, c'est que le pouvoir en place a quand même fait un effort. Dans la moyenne de la note, il y a l'effort de la commune qui est compté. On peut avoir un territoire où il y a peu d'aménagements cyclables. Si la ville fait des efforts, la note est un peu plus haute. Donc des efforts ont été faits, je l’ai dit pour le stationnement, mais aussi pour les aménagements cyclables. Le projet des voies lyonnaises répond notamment à l’amélioration des points durs. Je pense aux tunnels routiers : un certain nombre ont été réaménagés, notamment le tunnel Pompidou qui est exclusivement réservé aux piétons et aux vélos, trottinettes et mobilités actives. Également les ponts, qui ont été réaménagés. Tous ces points étaient vraiment durs et empêchaient parfois les personnes de faire un déplacement. Elles décidaient de ne pas prendre le vélo uniquement à cause de cette zone dangereuse.
C'est la sécurité en fait, au fond, que vous soulignez. Je le rappelle, il y a quand même eu un drame il y a un peu plus d'un an maintenant, avec un jeune garçon qui s'était fait écraser volontairement à Paris. C'était criminel, cela avait fait écho, et souligné le sujet de la sécurité pour les cyclistes et du partage de la route. À Lyon, le sujet est-il plutôt infrastructurel, c'est-à-dire qu'il faut séparer davantage les usages, ou est-ce culturel, comme dans toutes les grandes villes où il y a de la tension sur la route ?
Alors de mon point de vue, l'infrastructure sert à légitimer le cycliste. C'est-à-dire que ce mode de transport est aussi légitime que les autres : les transports en commun, la voiture, etc. Cela participe à dire : « Oui, les vélos ont le droit de se déplacer ». Après, effectivement, on ne peut pas créer des pistes cyclables séparatives partout. Il faut aussi pouvoir cohabiter dans une rue à faible trafic. La mise en place de la limitation à 30 km/h permet aussi de réduire la vitesse et…
abaisser l'accidentologie.
Tout à fait. Cela participe à une meilleure cohabitation, notamment entre les vélos et les automobilistes. En ville, dans des zones denses, les automobilistes doivent ralentir, doivent faire attention. C'est contraignant, clairement, mais c'est la seule option pour cohabiter avec les piétons et les cyclistes. Car il y a aussi des accidents avec les piétons, qui sont les premières victimes des voitures. Tout cela concourt à une amélioration de la sécurité pour les cyclistes et pour les piétons.
Il y a donc un enjeu de sensibilisation, et votre baromètre y participe grandement. C'est déjà la fin des 6 minutes chrono, c'est toujours trop court mais en tout cas c'est une bonne introduction pour découvrir ce baromètre. J'invite nos téléspectateurs à aller sur le site de Lyon Capitale qui reprend le détail de ce baromètre. Je vous remercie d'être venue sur notre plateau. Quant à vous, merci d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur le site lyoncapitale.fr. Je vous dis à très bientôt.
le vol de vélo mais pas que !