Philippe Béraud-Sudreau devant l’espace de vente réservé au détail

Pour lutter contre la sécheresse, "l’arbre est devenu le meilleur climatiseur en ville"

Face à des températures de plus en plus élevées, les arbres issus des pépinières de la région deviennent une bouffée d'oxygène et de fraîcheur pour les habitants de la métropole de Lyon.

D’ici à 2026, la Métropole de Lyon veut planter 300 000 arbres, pour rafraîchir au maximum la ville et lutter contre le réchauffement climatique. Afin de réaliser son objectif, la collectivité puise autant que faire ce peu dans les pépinières du département du Rhône et de la région Auvergne-Rhône-Alpes, notamment dans les réserves de la Pépinière Rey, basée dans le sud du Beaujolais à Morancé. "On se situe exactement à 18 kilomètres de la place Bellecour", s’amuse Philippe Beraud-Sudreau, responsable de production au sein de l'entreprise. 

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Avec plus de 105 hectares à sa disposition pour faire grandir des arbres, la pépinière Rey est un acteur important dans le secteur, "nous vendons essentiellement au niveau de la région, mais nous vendons aussi en Suisse et un peu en Allemagne", explique notre interlocuteur.  Sur ses terres, il recense à ce jour 4 500 végétaux différents dans cette volonté qui est toujours la même depuis la création de l'entreprise il y a 90 ans, "proposer un maximum de variétés pour nos clients". 

Les arbres sont déracinés et leur pied est emmailloté avant leur vente. @Martin Gaboriau

Une pépinière avec de la diversité 

Employé par la pépinière depuis 25 ans, cet ancien diplômé de l'école d'ingénierie horticole d'Angers ne cesse de s'émerveiller, année après année, de la multitude de végétaux qui l'entoure, "il y a des arbustes, des plantes grimpantes, des rosiers des arbres fruitiers". Aujourd’hui, l'activité de la pépinière se décompose en deux parties, "10 % des revenus viennent de le vente au détail et 90 % viennent essentiellement du travail professionnel avec des paysagistes ou des collectivités locales", à l'instar de la métropole de Lyon. "Même si nous pensons que l’on pourrait vendre encore plus", lance en souriant Philippe Beraud-Sudreau, alors que récemment Pierre Athanaze, le vice-président de la Métropole délégué à l’environnement, alertait sur les difficultés rencontrées par la collectivité pour trouver des arbres.

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Après les températures record enregistrées depuis le début de l'année 2023, l’horticulteur espère ne pas revivre le même été qu'en 2022, tant celui-ci s'était révélé éprouvant. Du point de vue du personnel, "on les faisait commencer beaucoup plus tôt, pour ne pas qu’ils croulent sous la chaleur", mais aussi au niveau de la ressource en eau. Pour ce qui est de l’arrosage, la Pépinière Rey possède "des réserves avec des forages", ce qui lui permet de donner à boire à ses différentes plantes. Mais Phillipe Beraud-Sudreau en est conscient, "il ne faudrait pas que cette année soit aussi chaude que 2022 sinon ça deviendrait vraiment problématique". 

L’arbre n’a plus seulement une seule fonction

Il y a encore quelques années, les végétaux "étaient utilisés pour embellir les parts-terres", aujourd’hui l’utilisation des arbres a quelque peu changé et avec elle l'activité de la pépinière. Selon, le responsable de production, "la végétalisation sert toujours à embellir, mais elle est aussi et avant utilisée comme un climatiseur naturel en ville". Pour reprendre les propos du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, "il faut planter des arbres et du point de vue rapport qualité prix c’est la meilleure chose". Malgré une sécheresse toujours aussi importante et dont l'impact sur la flore est de plus en plus marqué, les villes n’ont jamais eu besoin d’autant d’arbres. "C’est un peu paradoxal, mais la sécheresse apporte une demande d’arbres importante", confirme Philippe Beraud-Sudreau. 

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Avec l’évolution du climat au sein du pays et notamment de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la pépinière a du modifier quelque peu le choix de ses essences d'arbres. "Les fortes chaleurs nous ont contraints à arrêter de cultiver des arbres comme le Boulot et à chercher de nouvelles essences". Les températures plus chaudes obligent les pépinières à aller chercher des arbres plus "méditerranéens" pour répondre à la demande. Que ce soit des collectivités locales ou des paysagistes "cherchent des arbres qui tiennent au sec". 

Des petits plants de différents essences d'arbres @Martin Gaboriau

Le confort de l’humain 

Malgré un bouleversement climatique, la façon de produire et de commercialiser n’a pas véritablement changé au sein de la Pépinière Rey. La seule petite différence est l’apparition de la mécanisation, qui a transformé le confort des salariés. "Il y a 25 ans lorsque je suis arrivé, on faisait tout à la main, maintenant nous avons des machines", explique presque soulagé Phillipe Beraud-Sudreau. La Pépinière Rey possède aujourd’hui six machines d’arrachages, six engins de levage et plusieurs camions de transport. "Grâce aux machines, nous pouvons vendre des arbres beaucoup plus gros, de 25 ans parfois, ce qui est un véritable avantage", précise le chargé de production. 

Si la qualité des arbres français est aujourd'hui jugée très bonne, l’horticulteur voyage régulièrement pour découvrir les arbres d’autres pays, "je vais souvent en Hollande et en Allemagne, pour voir ce qui s’y passe" confie-t-il. Sur le long terme, les fortes chaleurs enregistrées de plus en plus fréquemment dans la région pourraient pousser la Pépinière Rey à aller chercher ses essences d’arbres dans des pays plus chauds. 

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