Pour le 8e samedi de suite 3700 manifestants, selon la préfecture, opposés au pass sanitaire ou à la vaccination ont défilé dans les rues de Lyon. (Photo Hadrien Jame)

Manifestation anti-pass sanitaire, le mouvement prend de l’ampleur à Lyon

Pour le 8e samedi de suite, les opposants au pass sanitaire ont battu le pavé dans les rues de Lyon tout au long de l’après-midi. Ce samedi, deux rassemblements, qui ont réuni près de 3700 personnes selon la préfecture, un chiffre en augmentation étaient appelés au départ de la place de la Croix-Rousse et du palais des 24 colonnes, dans le 5e arrondissement. Nous avons suivi le second cortège. 

"Le pass sanitaire on n’en veut pas", il est environ 14h30 ce samedi 4 septembre lorsque le traditionnel chant de ralliement des opposants au pass sanitaire résonne devant le palais des 24 colonnes, dans le 5e arrondissement de Lyon, craché par une enceinte grésillante. Pour le 8e samedi de suite les opposants au pass sanitaire s’apprêtent à battre le pavé à travers les rues de Lyon. Déclaré auprès de la préfecture et organisé à l’appel de différents groupes de Gilets jaunes et collectifs d’extrême gauche, le cortège se met doucement en branle le long de la Saône. 

Sous la chaleur qui commence à se faire sentir, les manifestants portent haut pancartes et drapeaux sur lesquels on peut lire "pour une vaccination consentie et éclairée", "le peuple uni contre le pass sanitaire autoritaire", "non au pass sanitaire qui ne protège pas", ou encore "dernière sommation, rendez-nous la démocratie". Alors que le cortège s’étire de l’esplanade du palais de justice au pont de la Feuillée, qui permet de rejoindre la place des Terreaux, de nombreux chants partent de la foule déjà nombreuse. La préfecture annonce 1700 participants, selon nos estimations on approche plus ou moins des 2500 manifestants, même si au vu de l’étendue du cortège il reste difficile d’estimer précisément leur nombre. 

Dans le cortège les messages contre le pass sanitaire ou la vaccination sont nombreux. (Photo Hadrien Jame)

La présence des "anti-fa" dérange

Malgré l’explosion de quelques pétards à droite et à gauche la déambulation se déroule dans le calme, rythmée par les "liberté, liberté, liberté" ou le "pass sanitaire on n'en veut pas" scandés à tue-tête. Moins fréquents, mais tout de même présents, à l’approche de la place des Terreaux on entend aussi des messages contre le vaccin, à l’instar de "on n’est pas des cobayes, on doit pouvoir choisir" ou "touchez pas aux enfants". En marge du défilé, les serveurs de certains cafés de la place se dépêchent de plier les tables de leur terrasse, une précaution finalement inutile, les manifestants ne s’attardant pas sur place. 

Un drapeau anti-fasciste est agité en tête de cortège. (Photo Hadrien Jame)

Parmi eux, on retrouve d’anciens Gilets jaunes, en tête de cortège principalement, quelques soignants en blouse blanche, monsieur et madame tout le monde, mais aussi des "anti-fa", masqués et tout de noir vêtus. D’ailleurs, leur présence irrite certains manifestants avec qui nous avons pu échanger. "Il faut les surveiller, ils essayent de pourrir notre "manif", ça donne une mauvaise image du mouvement, nous on est pacifiste", plaide ainsi Vincent, un Lyonnais de 60 ans, qui assure n’avoir jamais mis les pieds dans une manifestation avant le début de l’été. 

Pour le vaccin, contre le pass sanitaire, un cortège hétéroclite

Pourtant, depuis la mise en place du pass sanitaire il en est désormais à son 8e samedi de mobilisation, dont deux à Nice pendant ses vacances, " là on s’attaque à nos libertés, je ne pouvais pas rester chez moi", explique ce retraité déterminé. Vacciné et masque sur le nez, celui qui assure avoir "voté Macron aux deux tours de la présidentielle", reconnaît être un profil un peu part, " je coche toutes les cases du manifestant qui dérange", confie-t-il joyeusement. S’il est dans la rue aujourd’hui c’est pour dénoncer l’application du pass sanitaire, qu’il juge "liberticide" et inefficace pour lutter contre l’épidémie, "ça ne protège pas, quelqu’un qui est vacciné peut tout de même être porteur du virus et contaminer d’autres personnes", fait-il valoir. 

À 65 ans, Vincent, un retraité qui brandit haut sa pancarte, vit ses premières manifestations depuis le début de l'été. (Photo Hadrien Jame)

Difficile de savoir qui est vacciné ou non dans le cortège, en revanche ils sont peu nombreux à porter le masque au milieu de la foule compact qui approche petit à petit du bout de sa déambulation, en remontant les quais du Rhône depuis la place Maréchal-Lyautay, dans le 6e arrondissement. Lorsque l’on aborde Jean-Marc, un manifestant de 56 ans sans masque, il ne semble d’abord pas très enclin à nous parler. Au bout de quelques secondes il s’ouvre finalement à la discussion, et nous explique marcher notamment contre le pass sanitaire, "je suis en bonne santé, je ne vois pas pourquoi je devrais présenter un document pour le prouver", déclare-t-il. 

Loin d’être un habitué des manifestations, Jean-Marc affirme ne plus avoir battu le pavé depuis les années 80. Pourtant, depuis le début de l’été, il ressent le besoin de descendre dans la rue pour protester et exprimer son aversion pour le vaccin contre le Covid-19. Pas vacciné contre ce virus, il explique néanmoins ne pas être "opposé au vaccin de manière générale, par exemple ceux contre la polio ou le tétanos sont importants". Avant d’ajouter "mais là on veut nous vacciner contre ce qui n’est qu’une méchante grippe et en plus on essaye de nous l’imposer", assène-t-il avant de partir rejoindre son groupe d’amis alors que le cortège est arrivé à son terminus, rue Dunoir, à proximité de la Préfecture du Rhône, dans le 3e arrondissement de Lyon.  

Ce samedi 4 septembre, un cortège de manifestants est allé du Vieux-Lyon à la rue Dunoir, dans le 3e arrondissement, en traversant la Presqu'île avant de remonter les quais du Rhône. (Photo Hadrien Jame)

Trois interpellations en fin de journée

Au moment où nous quittions le cortège, peu après 16 heures, la manifestation s’était jusqu’ici déroulée dans le calme. Quelques petits groupes de personnes masquées et habillées en noir avaient bien essayé de s’approcher des forces de l’ordre à plusieurs reprises, sans conséquence. C’est finalement un peu plus tard, que des incidents ont éclaté avec les policiers et les gendarmes. 

Le cortège a terminé son parcours déclaré au niveau de la rue Dunoir, à deux pas de la Préfecture. Des cordons de gendarmerie avaient été déployés pour les empêcher d'aller plus loin. (Photo Hadrien Jame)

Alors que le gros du cortège commençait à se disperser, un groupe de "150 à 200 individus hostiles" a quitté la rue Dunoir pour se diriger vers la rue de Marseille, dans le 7e arrondissement, en passant notamment par la place Gabriel Péri, à la Guillotière. En chemin, les forces de l’ordre ont été ciblées à plusieurs reprises par des jets de projectiles et de pétards et ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, précise la Préfecture. Au final, trois personnes ont été interpellées.

Pour ce 8e samedi de manifestation, la mobilisation a pris de l’ampleur alors que la grande majorité des Lyonnaises et Lyonnais sont de retour dans la métropole. Au total, la Préfecture fait état de 3700 manifestants rassemblés dans deux cortèges, celui que nous avons suivi et un second qui s’est élancé de la place de la Croix-Rousse, à l’appel notamment de "Corona folie" et "Soignants résistants 69". Le 28 août, lors de la précédente manifestation, ils étaient environ 3000 à protester dans les rues de la ville, d’après les services de l’État, le 21 août moins de 2500 et avant cela environ 2800 le 14 août.

Lire aussi : Une longue après-midi de manifestation contre le pass sanitaire à Lyon

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