Service de réanimation de l’hôpital de la Croix-Rousse des Hospices Civils de Lyon. @Lionel De Souza _ avril 2020

Coronavirus : à Lyon, la situation de plus en plus préoccupante, le point ce vendredi

Les jours se suivent (et malheureusement) se ressemblent. La situation s'aggrave à Lyon, dans le Rhône, et dans la région. Des premiers patients lyonnais sont transférés vers d'autres régions dès ce vendredi, pour libérer des lits. Car de nouvelles hospitalisations, de plus en plus importantes, sont attendues dans les hôpitaux, déjà surchargés, de la région ces prochains jours.

Mercredi, nous vous faisions état de la situation épidémique alarmante dans le Rhône (lire ici). La situation en fait que se dégrader. Le virus circule beaucoup trop vite, notamment dans le Rhône et dans la Loire. Et les hôpitaux de la région sont déjà sous grosse pression.

La région Auvergne-Rhône-Alpes, pourtant l'une des régions de France les mieux pourvues en capacités hospitalières, est très durement touchée. Déjà par le nombre de cas positifs a explosé depuis deux semaines, dans des proportions beaucoup plus importantes que sur le reste du territoire.

Cette infographie du Parisien illustre parfaitement où le virus circule beaucoup...

Ce sont dans les régions lyonnaises et stéphanoises où le taux d'incidence (le nombre de personnes testées positives lors des 7 derniers jours sur un territoire) est le plus important. C'est un indicateur assez juste de la circulation du virus sur un territoire. Et donc du nombre de cas positifs.

Ce vendredi, le taux d'incidence est de 641 / 100 000 habitants pour la Métropole de Lyon (616 pour le Rhône), 846 pour Saint-Etienne Métropole (727 dans la Loire) et 555 à Grenoble (474 pour l'Isère). Il est de plus de 450 dans la région, contre environ 250 à l'échelle nationale. C'est très élevé. Pire, ce taux dépasse les 380 dans la région chez les + de 65 ans, les plus durement touchés par ce virus.

Dans le Rhône, le nombre de cas positifs explose chaque semaine. Idem dans la Loire.

 

Plus de cas positifs donc, forcément, plus de malades dans les hôpitaux dans les jours et semaines à venir. C'est inéluctable. Plus de malades ces prochains jours dans les hôpitaux de la région alors que les capacités initiales de réanimation sont déjà dépassées depuis quelques jours.

Sur les hospitalisations, dans la région :

  • 2717 personnes sont actuellement hospitalisées dans la région des suites du covid-19 (chiffres du jeudi 22 octobre au soir)
  • 2123 le lundi 19 octobre
  • 1263 le lundi 12 octobre
  • 927 le lundi 5 octobre
  • 839 le lundi 28 septembre
  • 763 le lundi 21 septembre.

La hausse est nette. Idem en réanimation, avec :

  • 375 personnes sont actuellement en réanimation des suites du covid-19 (chiffres du jeudi 22 octobre au soir)
  • 311 patients le lundi 19 octobre
  • 203 patients le lundi 12 octobre
  • 168 le lundi 5 octobre
  • 143 le lundi 28 septembre
  • 123 le lundi 21 septembre

Va-t-on pouvoir soigner tout le monde ?

Dans les hôpitaux de la région, c'est donc la grosse tension. "Nos capacité de réanimation s’adaptent. Nous sommes passés de 550 lits de réanimation (notre base) à 731 lits ce vendredi en réanimation", explique ce vendredi Jean-Yves Le Grall, directeur général de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes. Lors de la 1ère vague, 1000 lits de réanimation avaient été "armés" dans la région. Pour accueillir en tout tous les patients, tous les patients appelés "covid" et tous les "non-covid".

Ces 731 lits sont plein à environ 95% dans la région actuellement (en comptant les patients covid et non covid évidemment). Ce qui est énorme, comme les capacités initiales sont déjà dépassées. Et que de nombreux autres patients sont attendus en réanimation ces prochains jours.

Pour augmenter (encore) la capacité d'accueil de patients en réanimation, l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes (agence régionale de santé) annonce ce vendredi que toutes les opérations non urgentes sont déprogrammées dans les 12 départements de la région.

Des patients de Lyon et Villeurbanne transférés à Poitiers et Brive

Aussi, signe de la très forte tension, pour la première fois ce vendredi, des transferts de patients hospitalisées dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont des Lyonnais et Stéphanois, sont mis en place. Ils sont transférés à Bordeaux, Poitiers et Brive, en Nouvelle-Aquitaine, une région moins touchée.

L'objectif ? Libérer des lits pour accueillir de nouveaux patients. La déprogrammation progressive de toutes les opérations non urgentes peut permettre à la région de s'armer d'environ 1250 lits de réanimation (pour les patients covid et non covid) contre les 731 armés ce vendredi.

Au jour le jour, depuis le début de l'épidémie, depuis le mois de mars, Lyon Capitale fait un point quotidien sur le nombre de personnes hospitalisées (et en réanimation) dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les chiffres sont clairs. La région prend de plein fouet cette 2e vague.

Le graphique le montre très bien. Lors de la 1ère vague, la baisse se situe début avril, trois semaines après le début du confinement. Cette fois, le confinement n'a pas été l'option retenue, pour l'instant. Et pourtant, le nombre d'hospitalisés est déjà très haut... Beaucoup trop haut.

Le couvre-feu est en vigueur depuis samedi dernier dans les Métropoles de Lyon, de Saint-Etienne et de Grenoble, il entre en vigueur ce vendredi soir dans 10 départements entiers de la région. Il faut encore attendre 10-15 jours pour voir les premiers effets. Mais ne sera-t-il pas déjà trop tard ?

Une dégradation rapide qui inquiète fortement...

L'URPS, l'Union régionale des professionnels de santé médecins libéraux demande un couvre-feu dès 19h et un confinement le week-end. "La situation est grave et le temps n'est plus aux demi-mesures, expliquent les médecins de la région dans un communiqué ce vendredi. Nous estimons que les demi-mesures du couvre-feu actuel font penser à la drôle de guerre de 39-40. Trop de nos concitoyens ne prennent pas suffisamment au sérieux les risques de contagion, banalisent individuellement cette infection, négligent le risque qu'ils font courir aux autres et en premier lieu aux plus vulnérables".

Depuis le début de la semaine, nos interlocuteurs réguliers depuis le début de l'épidémie en mars à Lyon sont très inquiets sur la situation dans la région. Surtout sur la dégradation rapide de la situation. Surtout après l'explosion des cas positifs et des hospitalisations de ces 15 derniers jours. L'heure est grave.

"Si nous ne réussissons pas collectivement à juguler l'épidémie, nous devrons envisager des mesures beaucoup plus dures. Il est encore temps de l'éviter. Il ne nous reste plus beaucoup de temps", a prévenu le Premier Ministre, Jean Castex, jeudi. Forcément, Lyon sera la première touchée par d'éventuelles mesures "plus dures".

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