Dans une vidéo publiée ce mardi matin, Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement de Lyon affirme, chiffres à l'appui, que les arrondissements d'opposition sont principalement ciblés pour le contrôle du stationnement payant. Les élus écologistes démentent, sans pour autant contester les chiffres.
C'est une vidéo dont il a le secret ces dernières semaines. Entre une séquence dénonçant des travaux à Lyon, un extrait d'échange avec les habitants à la mise en scène grossière ou encore une vidéo où il critique des installations vélo, Pierre Oliver s'en est pris ce mardi matin au contrôle du stationnement payant à Lyon. Dans un court message publié sur ses réseaux sociaux, le maire LR du 2e arrondissement évoque les contrôles effectués par les véhicules Lapi (Lecture automatisée des plaques d'immatriculation), véhicules chargés depuis avril 2023 de verbaliser les automobilistes lyonnais ne s'acquittant pas du forfait de stationnement.
Selon lui, "les deux arrondissements d'opposition (le 2e et le 6e) sont trois fois plus contrôlés que l'ensemble des autres arrondissements de la Ville." "A titre de comparaison, le 2e arrondissement a eu l'année dernière 281 000 contrôles, le 1er arrondissement, qui a une population quasi équivalente à celle du 2e arrondissement a lui connu 60 000 contrôles" poursuit-il. Si la comparaison du nombre d'habitants par arrondissement n'a pas beaucoup de sens pour comparer le nombre de contrôles, au contraire du nombre de places payantes par arrondissement, Pierre Oliver se trompe également sur le nombre de contrôles menés dans le 1er arrondissement sur l'année 2024.
Une bataille de chiffres
Selon des chiffres que le maire du 2e arrondissement nous a lui-même transmis - et sur lesquels il ne s'appuie visiblement pas pour faire sa vidéo - le 1er arrondissement a subi non pas 60 000 contrôles mais 75 475 contrôles. Contre 281 210 dans le 2e qui possède quasiment deux fois plus de places payantes que le 1er (4366 places contre 2583).
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En revanche, selon ces chiffres issus du bilan annuel des contrôles de stationnement payant réalisés en 2024 sur l'ensemble de la ville de Lyon et qui concernent aussi bien les véhicules Lapi que les agents verbalisateurs, les 2e et 6e arrondissements, les deux seuls arrondissements d'opposition, semblent légèrement plus ciblés tout de même par ces contrôles.
Ainsi, si le 2e arrondissement possède 10% des places de stationnement payant à Lyon, elle a engendré 15,5% des contrôles en 2024. Le 6e arrondissement possède 23% des places payantes lyonnaises et a récolté 30% des contrôles l'année dernière. Dans les sept autres arrondissements de la ville, le ratio est inverse, avec un pourcentage de contrôles plus faible que le pourcentage des places payantes présentes dans l'arrondissement.
Des écarts "minimes" selon la Ville
"On voit bien que quand il faut contrôler et punir la voiture, on cible d'abord les arrondissements d'opposition" estime à Lyon Capitale Pierre Oliver. Des accusations balayées d'un revers de main par la Ville. "A aucun moment un élu ne demande aux agents de la Ville de contrôler plus ou moins tel ou tel arrondissement" explique Valentin Lungenstrass, adjoint en charge des mobilités et des espaces publics à la Ville de Lyon. Mais alors pourquoi ces chiffres sont-ils si "défavorables" aux 2e et 6e arrondissements ? Si la Ville explique dans un premier temps qu'elle "observe que le paiement est légèrement moins respecté dans le 2e et, dans une moindre mesure, dans le 6e", les chiffres en notre possession montrent pourtant le contraire.
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Dans le 2e, 25% des contrôles amènent à une amende contre un automobiliste. Dans le 6e, ce chiffre est de 23% alors qu'il grimpe à 42% dans le 8e, 34% dans le 7e ou encore 33% dans le 9e arrondissement de Lyon. Autrement dit, le 7e, 8e et 9e arrondissements de Lyon sont les arrondissements où le paiement du stationnement est le moins bien respecté.
Dans une réponse envoyée à notre rédaction, la municipalité estime néanmoins que "ces chiffres montrent que la répartition des contrôles effectués par les agents de surveillance de la voie publique (ASVP) est en adéquation avec la répartition réelle des places payantes dans la ville." Et juge la différence entre les deux arrondissements de droite et les autres comme étant "minime" et "non significatives". "Ces légers écarts peuvent s'expliquer par des questions opérationnelles" reprend Valentin Lungenstrass.
"M. Oliver cherche à créer une fausse polémique"
"Les services qui gèrent les ASVP organisent les tournées des véhicules Lapi ou des agents comme ils veulent" affirme l'élu écologiste. "Ils décident eux même de ce qu'ils font et par où ils passent. On voit, encore une fois, que M. Oliver cherche à créer une fausse polémique à partir de chiffres qu'il a en main depuis plus de 6 mois" attaque l'adjoint écologiste alors que la campagne pour les municipales 2026 bat son plein.
Une lutte à base de chiffres, entre approximations et extrapolations, qui illustre surtout une véritable bataille de communication et de perception, a seulement cinq mois des élections municipales 2026. Un bras de fer chiffré, symptomatique d’une campagne déjà bien engagée.
A noter que si la Ville encaisse les forfaits de stationnement des véhicules sur la voie publique, c'est la Métropole de Lyon qui récupère les amendes dressées par le véhicule Lapi ou les agents ASVP. Des amendes de stationnement (ou FPS pour Forfait Post Stationnement) qui ont rapporté pas moins de 8,5 millions d'euros en 2024 à la Métropole. En 2025, la collectivité présidée par Bruno Bernard prévoit de recevoir 13,58 millions d'euros via ces FPS. Une part non négligeable des recettes de fonctionnement dans les transports estimées au total à 90 millions en 2024 et 117 millions en 2025.
