4 projets pour faire sauter les bouchons à Lyon

Dans cette campagne des municipales qui commence, un thème cristallise toutes les attentions : les transports. En 2018, les automobilistes ont perdu 135 heures dans les bouchons soit une quarantaine de minutes par jour. L’opposition de droite comme de gauche a ciblé les déplacements comme le point noir le plus visible des trois mandats de Gérard Collomb. Les critiques valent pour la circulation automobile comme pour les transports en commun. Ces derniers sont réputés être parmi les plus efficaces de France, mais sont parfois victimes de leur succès.

Les grandes infrastructures qui sont au cœur de la campagne de 2020 ont en commun d’avoir déjà été maintes fois évoquées depuis le début des années 2000 voire avant pour certaines. Le TOP, le COL, le NFL, le CFAL, le RER, tous ces acronymes arides polluent le débat public, et pas seulement, depuis plus d’une décennie faute d’avoir été tranchés une bonne fois pour toutes. L’Anneau des Sciences aussi connu sous l’appellation TOP aurait dû être réalisé au début des années 1990. Le prochain mandat sera décisif : les élus vont déterminer si l’outil est pertinent à défaut de savoir s’ils ont les moyens de le financer. Gérard Collomb en trois mandats ne s’est pas montré très proactif sur ces grands dossiers complexes et surtout coûteux. “Trois stations de métro en 18 ans, ce n’est vraiment pas beaucoup”, s’amuse-t-on dans l’entourage du candidat de la droite Étienne Blanc qui par calcul préfère ne pas trop égratigner le maire de Lyon. “Gérard Collomb, depuis 2001, est resté sur un schéma de développement des transports à court terme. Il a construit des lignes de tramway, mais on se rend compte qu’il y a un besoin en mode de transports plus lourd comme le métro”, regrette Christophe Quiniou, maire LR de Meyzieu et vice-président du Sytral. Ces grandes infrastructures rangées dans les tiroirs des collectivités publiques ressortent aujourd’hui. La facture des renoncements est présentée en 2020.

Lyon à l’horizon des vingt prochaines années

Les quatre grands projets pour fluidifier les déplacements dans l’agglomération lyonnaise que nous avons étudiés représentent au minimum dix milliards d’euros et pourraient réserver quelques (mauvaises) surprises tant la tendance est à enterrer les ouvrages et leurs nuisances. Ces projets dessinent Lyon à l’horizon des vingt prochaines années avec une place de la voiture amenée, urgence climatique oblige, à diminuer. Cette révolution culturelle est déjà à l’œuvre. “La circulation automobile s’est détériorée, car nous avons voulu restreindre la place de la voiture en ville. Nous sommes aux capacités minimales et aujourd’hui dès qu’un endroit est bloqué, toute l’agglomération thrombose. Nous avons bien fait de réduire la place de la voiture, mais nous n’avons peut-être pas assez de solutions alternatives”, admet Jean-Luc Da Passano, vice-président de la Métropole de Lyon aux grandes infrastructures depuis deux mandats. À court terme, la situation devrait même empirer. Le déclassement de l’autoroute A6-A7 va se matérialiser dans les prochains mois sans que la collectivité n’ait prévu de report modal. L’agglomération est aussi victime de son succès. D’une crise de croissance qui rend ses infrastructures insuffisantes face au boom démographique de son aire urbaine. Christophe Quiniou peste ainsi contre un schéma des déplacements “lyonno centré” quand l’afflux des salariés vivant hors des frontières de la métropole s’insère mal dans le réseau de transports en commun. “La métropole gagne des habitants tout comme sa périphérie. Plus l’aire de la taille urbaine augmente plus la pression automobile augmente. Mais dans le même temps, aucune voirie supplémentaire n’a été créée. La régulation par la congestion, c’est une solution”, sourit Yves Crozet, professeur d’économie des transports à Sciences Po Lyon. Pour éviter la paralysie ou un éventuel vote sanction des usagers-électeurs, l’heure est donc aux grands travaux. Mais des choix devront être faits. La puissance publique n’a pas aujourd’hui les moyens de réaliser toutes les infrastructures jugées nécessaires hier. Face aux grands projets où l’ordre de grandeur est le milliard d’euros, des solutions a priori plus pragmatiques jaillissent comme le développement d’un projet de RER, l’ajout de rames supplémentaires au métro ou le recours à des bus à haut niveau de service sur les autoroutes. Mais le sort de ces projets est bien souvent lié.

Anneau des Sciences, RER à la lyonnaise, métro E ou encore NFL, quel projet l'emportera ? (contenus abonnés)

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