Pascal Pancrazio, président de la FNAIM du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Le marché immobilier lyonnais montre quelques signes de reprise après une année 2024 marquée par la chute des transactions. "Les volumes ont augmenté d'environ 8 %, mais il faut rappeler qu’ils avaient chuté de 30 % l’an dernier", souligne Pascal Pancrazio. Une amélioration timide, freinée par un contexte politique et économique incertain. "Les marchés ont besoin de confiance. Aujourd’hui, les gens en ont moins, compte tenu de l’instabilité politique", explique le président de la FNAIM du Rhône, qui appelle à plus de "stabilité, de visibilité et de pérennité" pour relancer durablement le secteur.
Encadrement des loyers : une mesure "contre-productive"
Engagée depuis plusieurs années contre le dispositif d’encadrement des loyers à Lyon et Villeurbanne, la FNAIM du Rhône espère obtenir son annulation devant la justice. "Ce dispositif crée une insécurité juridique", estime Pascal Pancrazio, saluant le fait que "le rapporteur public ait reconnu cet argument". Selon lui, la mesure, bien qu’animée de bonnes intentions, décourage les investisseurs : "Pour qu’il y ait confiance, il faut de la sécurité juridique. Ce dispositif fait exactement l’inverse."
Plus de détails dans la vidéo :
La retranscription complète de l'émission avec Pascal Pancrazio :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler d'immobilier, de logement et même de location, puisque nous recevons Pascal Pancrazio, président de la FNAIM du Rhône. Bonjour Pascal Pancrazio.
Bonjour Eloi
Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet : comment se passe votre rentrée, comment se passe la rentrée des adhérents de la FNAIM du Rhône actuellement ?
Alors, il y a une légère reprise puisque les volumes ont augmenté d'environ 8 %. Il faut remettre cela dans un contexte où ils avaient baissé de 30 % l'an dernier, donc cela reste relativement faible, mais il y a un petit mieux. Les taux d'intérêt n'ont pas baissé autant qu'on l'imaginait, mais ils ont tout de même diminué : 3 %, c'est mieux que 4 %. Globalement, c'est légèrement mieux.
Et vous restez prudent, on le sent tout de même. Les ventes repartent, il faut le dire, puisqu'elles avaient beaucoup baissé ces deux dernières années. Vous restez prudent, on sent que ce n'est pas encore la reprise telle qu'espérée ?
Bien sûr, ce n'est pas la reprise telle qu'espérée. On est dans un contexte géopolitique difficile et un contexte politique national qui l’est également.
On peut en parler : il y a eu plusieurs démissions successives de Premiers ministres et de gouvernements. Il y a une instabilité politique extrêmement forte, sans doute la plus forte des mandats d’Emmanuel Macron, et peut-être même de la Ve République, dit-on. Quel est l'impact local ? Est-ce qu'il y a des conséquences sur les comportements des acquéreurs et des vendeurs en région lyonnaise ?
Les comportements sont impactés bien au-delà de l'immobilier. Tout le monde est concerné : c’est une question de confiance. On sait que les marchés ont besoin de confiance, et donc l'immobilier aussi. Les gens en ont moins compte tenu du contexte. La fédération se met à la disposition de la nouvelle équipe gouvernementale pour travailler le mieux possible et faire en sorte que le travail déjà accompli ne soit pas perdu. On essaie d'avancer sur des notions comme le statut du bailleur privé, par exemple. On a besoin de stabilité, de visibilité et de pérennité.
Il y a un nouveau ministre du Logement qui a été nommé : je le rappelle, Vincent Jeanbrun, l’ex-maire LR de L’Haÿ-les-Roses. On a appris ce matin qu’il est déjà visé par une enquête pour prise illégale d'intérêts.
Nous, on ne va pas rentrer dans ce genre de débat. Ce qui est important, c’est de travailler et d’aider le mieux possible toutes les équipes qui se mettent en place, afin de leur fournir le maximum d’informations pragmatiques pour qu’elles puissent prendre les bonnes décisions.
On peut aussi parler du marché locatif. Vous êtes engagé dans une procédure judiciaire : vous avez saisi la justice pour faire annuler les décrets de l'encadrement des loyers. On le rappelle, ce dispositif a été mis en place par la majorité écologiste au début du mandat, en 2021, pour plafonner les loyers selon une carte de Lyon et de Villeurbanne. Vous en demandez l'annulation. Comment réagissez-vous ? J’ai vu que le rapporteur public avait lui aussi demandé l’annulation de ce décret.
Forcément, on réagit plutôt positivement. On a été entendus sur le fait — et c’est presque du bon sens — que ce dispositif crée une insécurité juridique. Que le rapporteur public ait retenu cet argument, c’est important pour nous. Cela ne préjuge pas du résultat, que nous n’avons pas encore, mais c’est déjà un signal fort. Nous espérons que les politiques l’entendront.
Parce que sur le fond, le reproche fait à l'encadrement des loyers, c’est d’être trop flou sur les différentes zones : selon qu’on habite dans le centre ou un peu plus loin, on n’a pas le même plafond de loyer, c’est bien cela ? Et vous accusez cette carte d’être finalement pas assez…
La carte ne sera jamais suffisamment précise. Mais globalement, le dispositif d'encadrement des loyers est, selon nous, contre-productif. Il décourage les investisseurs, alors même qu’on est dans un contexte déjà très tendu. Les marchés ont besoin de confiance, les investisseurs aussi. Pour qu’il y ait confiance, il faut de la sécurité juridique.
L’insécurité juridique, c’est quand vous investissez quelque part sans savoir quelle sera la rentabilité du bien que vous achetez. C’est un problème majeur.
Effectivement, c’est difficile à mettre en œuvre, même si je reconnais que les équipes de la Métropole sont sans doute parmi les meilleures en France et qu’il y a une réelle volonté de bien faire. Mais c’est le dispositif, dans son approche globale, qui ne nous convient pas, car il est contre-productif et ajoute de l’insécurité à un marché déjà fragile.
Et une dernière question : comment voyez-vous les prochains mois ? On a parlé d’instabilité politique, mais du point de vue de l’immobilier, pensez-vous que cette reprise des ventes, sur le marché de la transaction, va perdurer au moins jusqu’à la fin de l’année ? Va-t-on clore une bonne année 2025, finalement, du point de vue de l’immobilier ?
C’est difficile à dire. Vous le voyez, nous avons encore changé de ministre : je ne compte même plus le nombre de ministres du Logement en deux ou trois ans. C’est compliqué. Les volumes ont été légèrement corrigés à la hausse, il faut que cela dure.
Et surtout, il faut qu’un budget soit voté et que certains dispositifs sur lesquels nous avons déjà travaillé soient pris en compte, comme le statut du bailleur privé, qui est un élément fondamental pour rassurer les investisseurs dans l’immobilier.
Voilà, un statut qui permettra, dans le détail, aux acquéreurs dans le logement neuf privé de bénéficier des mêmes conditions que les bailleurs sociaux, ou de conditions plus favorables pour relancer le logement.
Y compris dans l'ancien, c’est ce qui est important. Le statut du bailleur privé s’adresse aussi bien à l’ancien qu’au neuf.
On fera peut-être une émission dédiée, parce que c’est un sujet assez technique. Merci en tout cas d’être venu sur notre plateau pour nous expliquer la conjoncture de l’immobilier. Quant à vous, merci d’avoir suivi cette émission. Plus de détails sur lyoncapitale.fr, notamment sur le statut du bailleur privé, qui demande effectivement plus de temps. Merci et au revoir.