Fabien Bagnon, vice-président de la Métropole de Lyon. @WilliamPham

Polémique sur la création de la SPL mobilités : les réponses de Fabien Bagnon et de la Métropole

Les débats sur la création d'une SPL mobilités ont créé de gros remous fin juin et début juillet à la Métropole de Lyon, au Sytral et à la Ville de Lyon. Pour Lyon Capitale, Fabien Bagnon, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la voirie et des mobilités actives, président également de LPA, répond à toutes les critiques et interrogations.

Les votes de délibérations sur la création d'une SPL mobilités ont été électriques au conseil de la Métropole de Lyon fin juin, puis au conseil d'administration du Sytral et au conseil municipal de la Ville de Lyon début juillet. Lyon Cap' a consacré plusieurs articles sur le sujet, à lire ci-dessous :

Lire aussi : Après la Métropole, la création de la SPL mobilités crée (aussi) des remous au Sytral

De quoi s'agit-il ? Une SPL mobilités (Société publique locale mobilité) va être créée, une nouvelle structure pour intervenir dans les domaines du stationnement, de la mobilité, des transports, de la voirie et de l'espace public.

Cette structure doit notamment reprendre la gestion des parcs relais du Sytral, le stationnement payant dans les rues à Lyon, la gestion, l'exploitation et la maintenance de 15 parcs métropolitains de stationnement ou encore la gestion, l'exploitation et la maintenance des parkings relais de gares TER et d'aires de covoiturage. Mais aussi le déploiement opérationnel d’une offre de stationnement sécurisée pour les vélos et le déploiement à large échelle d’un dispositif d’autopartage en stations en lien avec l’amplification de la ZFE (Zone à faibles émissions).

La création et l'approbation de ce projet ont donc été validées par la Métropole de Lyon, le Sytral et la Ville de Lyon, tous à large majorité écologiste. L'opposition s'est notamment offusquée contre la gouvernance de cette future SPL Mobilités, où il y aura 7 membres (4 issus de la Métropole de Lyon, 2 du Sytral, 1 de la Ville de Lyon). Les 7 seront issus de la majorité. Aucun de l'opposition.

De nombreuses questions en suspens

Un projet de SPL qui a également fait des remous à LPA (Lyon Parc Auto) où la bonne entente entre Fabien Bagnon, le président, et Pascale Gibert, la directrice générale depuis février 2021, a volé en éclats. Gibert a démissionné début juillet, expliquant dans une lettre des "points de désaccord que nous n'avons pas réussi à surmonter". "Les décisions prises par la Métropole modifient significativement ma position dans le futur ensemble SEM-SPL et réduisent considérablement les marges de manoeuvres qui sont les miennes pour mener à bien ma mission", a ajouté Pascale Gibert.

De nombreuses questions se posent. Qu'est-ce que vraiment cette SPL mobilités ? Pourquoi l'annonce aussi soudaine de sa création ? Pourquoi l'opposition est écartée ? Quel avenir pour LPA, qui gère 35 parkings et 48 000 places de stationnement à Lyon ? Quel avenir pour ses 200 salariés ? LPA va-t-il devenir une coquille vide ?

Fabien Bagnon, président de LPA et vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la voirie et des mobilités actives, répond à Lyon Cap'.

Lyon Capitale : la création de SPL Mobilités a créé des remous et des polémiques depuis son annonce fin juin. Pourquoi une annonce aussi rapide ?

Fabien Bagnon : C'est arrivé vite car ça n'a pas été en visibilité du grand public mais ce dossier de la SPL Mobilités, on l'a travaillé à bras le corps assez rapidement. Pascale Gibert est arrivée en février 2021. Dès l'été et la rentrée 2021, on a travaillé sur le sujet à LPA.

Le conseil d'administration de LPA était au courant. C'était globalement vu très positivement, notamment par les représentants des salariés. Et Pascale Gibert a vraiment réussi à convaincre les représentants des salariés à adhérer à ces orientations. Après, oui, ce n'était pas en visibilité, c'est venu en visibilité au moment de délibérer à la Métropole, puis au Sytral et à la Ville de Lyon. Il y a aussi eu un sujet sur la question de la gouvernance. Et donc sur la démission de Pascale Gibert.


"Le périmètre de la SPL mobilités a évolué au cours des discussions"

Fabien Bagnon


Pascale Gibert a des mots forts dans sa lettre de démission, évoquant "des points de désaccords" que vous n'avez pas "réussi à surmonter". Elle évoque, aussi, "un déficit de confiance de la Métropole" à son égard...

Le périmètre de la SPL Mobilités a évolué au cours des discussions. Au début, on voulait créer une SPL notamment pour le développement des parking vélo, assurer l'exploitation, assurer la conservation des gros parkings qui arrivaient à expiration.

D'autres réflexions sont venues se greffer ensuite, liés aux projets du Sytral, comme les parcs relais. En lien avec le projet l'allotissement au Sytral. Le conseil en mobilités, et potentiellement - rien n'est décidé là-dessus-  la relation clientèle (liée au projet d'allotissement), ce sont des sujets qui sont venus se greffer. En terme de gouvernance, les choses ont aussi évolué. Il a été décidé côté Métropole qu'on allait embaucher une nouvelle personne pour mener l'ensemble de ce périmètre, avec des compétences transports en commun. C'est un domaine plus large que ce qui avait été initialement défini dans les premières réflexions sur la SPL. Pascale Gibert, pour des raisons qui lui appartiennent, n'a pas souhaité du coup continuer à LPA.

Vous étiez proche d'elle pourtant, dans un fonctionnement à deux têtes à LPA ?

Oui, ça c'est très bien passé. Pascale a fait un énorme boulot. Elle a changé l'état d'esprit à LPA. Les orientations prises sont très satisfaisantes. Je suis très satisfait du virage pris par LPA.

Le parking consacré aux vélos au sein du Parc Saint-Antoine, dans le 2e arrondissement de Lyon. @WilliamPham

Pourquoi cette création de SPL Mobilités ? Vous aviez notamment peur que la gestion de 15 parkings passe dans le privé ?

Il y avait un vrai risque. On a des conditions sociales à LPA qui sont très correctes. C'est une entreprise qui traite bien ces salariés. C'est un marché assez dur, il y avait un risque de dumping social. Et puis effectivement, il y avait un vrai risque lors de la mise en concurrence qu'on perde certains contrats, et des contrats importants, comme le Parc Part-Dieu, de 1700 places.

Il y a donc un vrai choix politique de conserver ces parcs. C'est cohérent avec nos choix d'asseoir le contrôle public de ces activités.


"Il n'y a pas d'opposition entre la SPL Mobilités et LPA, les deux sont complémentaires"

Fabien Bagnon


12 parcs LPA sont notamment concernés. Que va devenir LPA désormais ? Une coquille vide ?

Il y a une tendance à opposer la SPL mobilités à LPA alors que non. Avant de prendre notre décision, on est allé voir ce qui se passait à Rennes, à Nantes, où il a été adossé une SPL à une SEM (Société d'économie mixte), le statut de LPA. Avec une gouvernance unifiée. Il n'y a pas d'opposition entre les deux. C'est totalement complémentaire. On est dans cette logique. C'est vrai que là, les dernières expressions, on a eu l'impression que certains opposaient les deux. Alors que c'est complètement complémentaire. Et cela permet de couvrir l'ensemble des activités.

En résumé, ce qui est dans le champ de la concurrence, c'est la SEM qui répond aux appels d'offre. Et ce qui n'est pas soumis à la concurrence, typiquement le renouvellement des délégations de service public, étant donné qu'on crée une SPL, on va pouvoir les confier directement à la SPL.

On crée un GE (groupement employeur), des structures qui sont conjointes aux deux, qui permettent de mutualiser les moyens humains, où il y aura à terme l'ensemble des salariés. Certains travailleront pour la SPL, d'autres pour LPA. Mais ça ne changera rien pour les salariés. On peut avoir l'impression qu'on crée une nouvelle structure en opposition à l'autre alors qu'elles sont totalement complémentaires. J'ai écris aux salariés pour leur réexpliquer. Les représentants des salariés avaient d'ailleurs exprimé leur grande confiance dans le projet.

Les 200 salariés de LPA, rien ne va changer pour eux ?

Le statut, leurs acquis sociaux, restent exactement les mêmes. Il n'y a aucune inquiétude à avoir là-dessus.

Il y a eu beaucoup de polémiques lors des votes sur la création de cette SPL. A la Métropole, à la Ville de Lyon, au Sytral. Il vous est reproché votre manque d'explications sur le sujet...

C'est un dossier mal identifié par un certain nombre d'acteurs, ceux qui n'étaient pas au CA de LPA notamment. Il y a eu un sujet sur la gouvernance. Mais en interne à LPA, le projet était connu de longue date et construit avec les représentants des salariés.

La gouvernance, justement. Aucun membre de l'opposition parmi les 7 administrateurs de la SPL Mobilités (4 issus de la Métropole de Lyon, 2 du Sytral, 1 de la Ville de Lyon), ce n'est pas un problème ?

Dans une SPL, au maximum on peut être 18 administrateurs. Le périmètre d'activité de la SPL Mobilités est amené à évoluer. Dans un premier temps, on l'a souhaité relativement restreint. On est partis sur 7 administrateurs. Des communes pourraient être intéressées, comme Villeurbanne. On peut aussi penser à d'autres communes. La gouvernance, elle, est amenée à évoluer.

Un manque d'ouverture à l'opposition qui intervient quelques mois après la grosse polémique sur le manque de représentativité de l'opposition dans le nouveau Sytral...

Au Sytral, la porte reste toujours ouverte. Cela avait fait polémique, oui, 4 mandats d'administrateurs avaient été ouverts pour l'opposition, 1 seul est pourvu. Il y en a encore 3 qui sont disponibles, la porte est toujours ouverte. J'espère que l'opposition acceptera de rentrer, même s'ils trouvent que 4 c'est bien insuffisant (les membres de l'opposition étaient 7 jusqu'en décembre 2021 au Sytral, 4 postes leur sont proposés désormais, NDLR).

Lire aussi : Cacophonie à la Métropole de Lyon, débats houleux après une proposition controversée de Bruno Bernard sur le futur Sytral

Pour la SPL Mobilités, l'idée est de commencer avec peu de représentants parce que la structure est restreinte et amenée à évoluer. Effectivement, on n'a pas ouvert à l'opposition (les écologistes Fabien Bagnon et Sofia Popoff, l'insoumis Laurent Legendre et la socialiste Sandrine Runel sont tous dans la majorité métropolitaine, NDLR). Il n'y a que 4 postes d'administrateurs de la Métropole de Lyon dans la SPL Mobilités, c'est restreint.

C'est restreint mais les représentants du Sytral dans cette SPL Mobilités sont Bruno Bernard et Jean-Charles Kohlhaas, celui de la Ville de Lyon Valentin Lungenstrass, ils sont tous membres de la majorité à la Métropole... Il y a un sujet autour de la gouvernance qui crée des polémiques. Votre action n'est-elle pas enrayée à cause de cela ?

Elle n'est pas enrayée. Cela prête le flanc à une critique. La gouvernance et les orientations stratégiques, ce ne sont pas à la SPL qu'elle se situent. Etant donné qu'il y aura de nouveaux entrants à la SPL, cette ouverture à l'opposition se fera de fait par l'arrivée de nouvelles communes par exemple.


"On se heurte au poids des habitudes. Empiler des projets de mises à disposition d'alternatives, des trams, des Voies Lyonnaises, ça ne suffit pas. C'est indispensable, mais ça ne suffit pas. Il faut accompagner, faire découvrir les alternatives. Il faut faire de la bonne com'. Il faut donner l'occasion à la population d'expérimenter"

Fabien Bagnon


Cette SPL Mobilités va donc être lancée à l'automne ?

Oui. Il fallait aller vite. Il était urgent de créer cet outil. Cela va aussi nous permettre d'intégrer tout le conseil mobilités autour de la ZFE, l'agence de mobilités : le conseil au grand public, le traitement des dérogations, des aides. Et au-delà de la ZFE, il y a tout l'accompagnement de nos citoyens à la transition des mobilités. On mène de front beaucoup de projets, il y a une transformation de l'espace public en cours, et il est grand temps d'accélérer sur l'accompagnement. La montée en puissance de l'agence des mobilités est cruciale pour accompagner ces évolutions.

On se heurte au poids des habitudes. Empiler des projets de mises à disposition d'alternatives, des trams, des Voies Lyonnaises, ça ne suffit pas. C'est indispensable, mais ça ne suffit pas. Il faut accompagner, faire découvrir les alternatives. Il faut faire de la bonne com'. Il faut donner l'occasion à la population d'expérimenter. L'agence des mobilités va être très importante. Indépendamment de la question de la ZFE.

Il ne s'agit pas de ne plus utiliser la voiture, il s'agit de l'utiliser de manière plus adaptée, plus raisonnée, plus ponctuelle.

Sur l'agence des mobilités, vous allez recruter ?

Oui. On va créer des dizaines d'emplois. On inaugure bientôt le premier espace qui va permettre d'accueillir du public. L'avantage de la SPL, c'est qu'elle va rassembler de nombreuses activités autour des mobilités mais également le conseil. La SPL va nous permettre de monter en puissance beaucoup plus rapidement que si on avait embauché directement au niveau de la Métropole de Lyon.


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