Yohan Lidon, le petit prince de Saint-Priest

PORTRAIT - À seulement 28 ans, Yohan Lidon a déjà marqué l’histoire de son sport, le muay-thaï. Membre du team de Nasser Kacem, il détient pas moins de quatre titres de champion du monde et cinq de champion de France*. En l’espace de quelques années, ce San-Priod s’est fait un nom dans sa discipline, qui fédère de plus en plus d’adeptes dans l’agglomération lyonnaise. (Article paru dans Lyon Capitale daté du mois de décembre 2011).

Yohan Lidon, ce nom ne vous dit sûrement pas grand-chose. Et pourtant. À l’étranger, notamment en Thaïlande où son sport est roi, c’est une star, adulée et respectée tant pour son palmarès que pour sa combativité sur un ring. En 101 combats, Yohan Lidon s’est forgé une solide réputation : 85 victoires dont 61 par KO, et seulement 16 défaites. Une vraie terreur des rings, mais qui ne vit pas de sa passion. Depuis février 2010, Yohan Lidon assure donc la surveillance du parc du fort de Saint-Priest, où il réside d’ailleurs, avec ses deux chiens. "Tu ne peux pas vivre en France de la boxe thaï, explique-t-il. Les combats sont trop aléatoires. Et même si tu peux empocher quelques belles sommes, cela ne suffit pas pour ne pas travailler à côté. Je remercie d’ailleurs la mairie, qui m’a toujours soutenu et me permet de continuer la pratique de mon sport."

Fan de Bruce Lee et de Van Damme

Une situation presque ubuesque tant le jeune homme jouit d’une belle cote de popularité et accumule les trophées. "Je ne suis pas frustré, car je n’ai jamais fait ce sport pour l’argent”, affirme-t-il sans sourciller. Cela n’empêche pas Yohan Lidon d’être reconnu par ses pairs et par certains Lyonnais de plus en plus friands de ce sport de combat. “Lorsque je vais faire mes courses, les jeunes me reconnaissent. C’est sympa, mais sincèrement je ne cherche pas la lumière. Je ne suis pas du genre à me prendre la tête. Maintenant, voir qu’un magazine généraliste comme le vôtre s’intéresse à un sportif comme moi, quelque part, c’est une sacrée reconnaissance pour le muay-thaï."

À chacun de ses combats, que ce soit en Asie, aux États-Unis ou en France, Yohan Lidon déclenche un engouement digne d’une rock star. Son père confirme et ne se prive pas pour tresser des lauriers à son fils : "Je suis très fier de lui. Les jeunes des quartiers de la ville le respectent beaucoup pour son parcours. Vous savez comment ils le surnomment ? Le petit prince de Saint-Priest." Un peu gêné, Yohan réplique, le sourire aux lèvres : "Oui, oui, c’est vrai, mais bon... Simplement, ils savent que je me suis toujours donné à fond. J’en ai fait, des sacrifices, pour y arriver." Grand admirateur de Bruce Lee et de Van Damme, Yohan décide à l’âge de 15 ans de s’investir dans le muay-thaï, d’abord au club de Corbas puis à Saint-Fons au sein du team de Nasser Kacem, un personnage clef dans sa réussite. Une sorte de père spirituel : "Nasser, c’est un mec en or. Il n’a pas été un grand champion, mais c’est un grand entraîneur. Il se sacrifie pour ses boxeurs. Je lui dois beaucoup", lâche Yohan Lido,, reconnaissant.

"Tant que j’ai la dalle"

À Saint-Fons, le team de Nasser Kacem compte dix champions du monde. Et la relève semble d’ores et déjà assurée. "Il y a trois, quatre jeunes qui sont très bons et peuvent aller loin, confie Yohan Lidon. Mais, comme je le dis souvent, pour atteindre cet objectif, il faut se donner corps et âme." Et d’ajouter : "Il n’y a pas de secret, il faut bosser et ne pas être feignant." Le champion du monde s’est-il fixé une date de retraite ? "Non, répond-il du tac au tac. Tant que j’ai la dalle et le corps qui suit, je continuerai. Si je pouvais combattre jusqu’à 35 ans, ça serait déjà pas mal", prophétise-t-il, avec une petite idée qui germe dans le coin de sa tête : "J’aimerais bien faire du free fight" (littéralement “combat libre”, discipline très célèbre aux États-Unis pour la violence de ses combats, où presque tous les coups sont permis). En attendant, Yohan Lidon a encore devant lui de nombreux défis à relever. En Asie, aux États-Unis ou en France et tout particulièrement à Saint-Priest, ils sont nombreux à vouloir le voir encore combattre dans sa discipline de prédilection.

* Champion du monde : un titre en K1, deux en muay-thaï et trois en kick-boxing. Champion de France : deux titres en muay-thaï et trois en kick-boxing.
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Muay-thaï, késako ?

Le muay-thaï, parfois appelé boxe thaïlandaise, est un sport de combat qui utilise toutes les armes disponibles du corps humain pour attaquer son adversaire. On parle souvent de "boxe aux huit armes", le nakmuay (boxeur) étant autorisé à utiliser ses deux poings, ses deux coudes, ses deux genoux et ses deux pieds (avec les tibias) pour combattre son opposant. il peut aussi saisir celui-ci et boxer au corps à corps, en le serrant, en tentant de le déséquilibrer et de lui porter des attaques rapprochées (avec les genoux et les coudes, logiquement les plus adaptés).

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