Thierry Braillard : "Mon rapport ne sera pas une mission Aulas contre le PSG"

Le député de la 1ère circonscription du Rhône, Thierry Braillard, vient d'être désigné par l'Assemblée nationale comme Rapporteur de la mission parlementaire d'information sur l'application du fair-play financier au modèle économique des clubs de football français. Si cette nouvelle obligation de discipline budgétaire introduite par l'UEFA de Michel Platini sera vraiment contraignante en 2014, le rapport est attendu en juin 2013.

Lyon Capitale : En quoi consiste votre mission parlementaire sur l'application du fair-play financier au modèle économique des clubs de football professionnels français ?

Thierry Braillard : Nous voulons comprendre la situation économique du football français. Le déficit cumulé des 40 clubs professionnels était de 112 millions d'euros en 2012 et devrait être de 250 millions d'euros en 2013. En Europe, ce déficit a été multiplié par plus de deux en trois ans et atteint 1,7 milliard d'euros. Il y a de quoi tirer la sonnette d'alarme.

Qu'est-ce que change cette nouvelle obligation de fair-play financier imposée par l'UEFA (Union des associations européennes de football) ?

Elle change tout. Jusqu'à présent, un club peut dépenser comme il le souhaite tant qu'il passe devant la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) avec des comptes à l'équilibre. Avec l'obligation de fair-play de l'UEFA, un club n'a le droit de dépenser que les recettes qu'il génère. C'est complètement différent.

Comment allez-vous produire votre rapport ?

Nous allons auditionner une soixantaine de personnes d'ici le mois de mai. Nous avons déjà rencontré Michel Platini (président de l'UEFA) à la mi-janvier, Noël Le Graët (président de la Fédération française de football) et Jérôme Champagne, l'ancien secrétaire général adjoint de la FIFA (Fédération internationale de football association). Nous irons à Bruxelles auprès de l'instance du fair-play financier pour comprendre comment l'UEFA a étudié ses 630 clubs de foot professionnels. On va entendre les présidents de sept clubs français (Lyon, Paris, St-Étienne, Lille, Caen, Créteil, Rennes), les élus locaux de Marseille, Bordeaux et Montpellier, le syndicat des joueurs mais aussi Canal+ et BeIN Sport. À la fin de notre mission, nous avons prévu de rencontrer la Ministre des sports Valérie Fourneyron. Nous rendrons notre rapport en juin.

Quelle est la finalité de votre mission parlementaire ?

Permettre à la France de légiférer ou pas. Nous comptons aussi faire des préconisations aux instances politiques européennes parce qu'il y a des problèmes d'harmonisation fiscales et de droits. Quand le foot français a 600 millions d'euros en droits télés, la Ligue anglaise en a 4 milliards. Du coup, cela crée des problèmes de distorsions entre les clubs et explique notamment pourquoi Newcastle vient d'acheter pas mal de joueurs français (Ndlr, cinq joueurs en trois semaines de mercato). Cette situation interpelle. Il faut convaincre les propriétaires d'investir dans les centres de formation et les infrastructures plutôt que sur les salaires des joueurs.

À Lyon, Jean-Michel Aulas a aussi émis des doutes sur la légitimité du contrat du PSG avec l'office du tourisme du Qatar qui prévoit de verser 150 millions d'euros annuels au club parisien. Le fair-play compte-t-il agir là-dessus ?

Je ne sais pas. Notre mission n'est qu'une mission d'information. Nous n'avons pas de pouvoir si ce n'est celui de faire des préconisations. Est-ce que la chambre de l'instruction du fair-play financier validera ce contrat ? C'est une question que l'on posera en tout cas. Il y a beaucoup de questions à se poser. Le groupe Canal+ menace actuellement de se retirer du foot parce qu'il accuse BeIN Sport de dépenser en achat de droits plus de 400 millions d'euros alors qu'il n'a que 70 millions d'euros de recettes…

Certaines personnes vous reprochent votre manque d'objectivité étant donné votre relation d'amitié avec le président de l'OL, Jean-Michel Aulas…

Ce n'est pas une mission Aulas contre le PSG. Je suis député, je représente la Nation et non un club. J'aime le football et l'OL mais je saurai prendre de la hauteur. Si nous voulons que cette mission réussisse, il faut garder cette impartialité.

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