A Lyon, Dupont-Aignan se dit "convaincu" d’arriver au second tour

Ce samedi, près de 450 curieux et militants de Debout La France étaient présents à la salle de Congrès de Lyon pour assister au meeting de Nicolas Dupont-Aignan. Le candidat souverainiste y a exposé les grands axes de son programme sur la fiscalité et les questions internationales.

Le député de l’Essonne en a la certitude : “Je serai au second tour de la présidentielle, quoi qu’en disent les sondages". Bien que crédité de 3,5% des intentions de vote par un sondage BVA Salesforce, il assure face à la presse compter sur le déplacement au scrutin des abstentionnistes.

Malgré quelques claques partis trop tôt, Corinne Ferretti prépare le terrain avant l’entrée en scène du candidat. Ancienne présidente du comité de soutien à Nicolas Sarkozy, et actuelle candidate pour les législatives de la 3e circonscription du Rhône, celle qui a rejoint Nicolas Dupont-Aignan après les primaires de la droite et du centre défend celui qui “veut conquérir les 40% des citoyens qui ne savent pas pour qui voter”.

Macron et Fillon, les deux adversaires désignés de Dupont-Aignan

Une fois son tour de chauffe terminé et les poignées de mains distribuées, le candidat de Debout La France tacle d’entrée les principaux adversaires qu’il s’est désigné : François Fillon et Emmanuel Macron. “Il n’est pas question de donner les clés de la maison France à des gens qui l’ont cambriolé”, tacle-t-il. L’un est “sous papier glacé de la gauche”, l’autre “en papier recyclé à droite”, les deux ont “des petites clauses dissimulées dans leurs programmes”. Pour Macron, c’est “l’augmentation de la CSG (contribution sociale généralisée)”. “Il ne se souvient même plus qu’il a été ministre. C’est l’hologramme de Monsieur Macron qui était au gouvernement”, plaisante-t-il, provoquant l’hilarité de son auditoire. “Et la note en bas de page de Fillon, c’est la hausse de la TVA.”

Non aux travailleurs détachés, oui au "travail universel"

Les premières piques distribuées, le candidat à l’élection présidentielle axe son programme sur le travail. La première mesure annoncée concerne la suppression du statut de travailleurs détachés (qui permet aux salariés d’un pays de l’UE de travailler dans un autre). “Sinon il suffit de prendre un ministre détaché, des députés, des sénateurs !” À contrario de Benoît Hamon qui, selon ses mots, “veut le cannabis et les revenus pour tous”, Nicolas Dupont-Aignan à l’ambition d’élaborer un “travail universel”. “Une journée de travaux d’intérêts généraux par mois donne droit au RSA”, expose-t-il.

Le candidat va et vient sur la scène sans pupitre, jetant parfois un coup d’œil à ses notes posées à proximité. Côté fiscalité, le maire d’Yerres souhaite défiscaliser les heures supplémentaires, et supprimer les droits de succession jusqu’à 50 000 €. “Je veux également baisser les charges uniquement sur les entreprises qui investissent en France”, ce à quoi il ajoute les promesses de réserver les marchés publics aux PME et aux TPE, et de nommer un patron de PME à la tête de Bercy. Pour renflouer les caisses de l’État, il souhaite également s’attaquer aux “80 milliards de la fraude fiscale et sociale”.

NDA critique le consensus sur la Syrie

Sur les questions internationales, le Nicolas Dupont-Aignan revient longuement sur la récente attaque américaine sur le sol syrien. Il se dit “inquiet de la manipulation en train de se produire”. “Ils sont tous d’accord avec Trump de bombarder la Syrie. Même Macron, pourtant je croyais que Trump c’était le diable.” Quant à l’attaque chimique attribuée à Bachar El-Assad qui a déclenché l’ire américaine, il remet en question la validité des informations qui la concerne. “Cela ressemble au même procédé qu’en Irak”, rappelle-t-il, en profitant pour évoquer avoir soutenu Dominique de Villepin et Jacques Chirac qui avaient refusé de s’engager au Moyen-orient en 2005 sur la base des informations erronées américaines. “La Syrie est le rempart contre Daech”, justifie-t-il, avant de nuancer : “Je ne suis pas le soutien d’Assad, mais je sais que ma priorité c’est la lutte contre Daech”.

Question politique étrangère, le mot est donné : pas d’ingérence. “Je veux une France qui ne prend pas d’ordre de Berlin, de Washington ou de Moscou.” Pour le candidat, la seule solution passe par la sortie de l’OTAN avec une “Europe des nations” qui “a des projets en commun”, telle la fusée Ariane.

Santé, éducation, famille : des thèmes trop rapidement abordés pour convaincre

Les autres thèmes passent plus rapidement. Dans le domaine militaire, il souhaite recruter “50 000 militaires pour retrouver le niveau de 2007”, et doter la France d’un deuxième porte-avion. Concernant la santé, il affirme être le seul candidat qui ne fera pas d’économie dans ce domaine, sans pour autant avancer de propositions. Côté politique familiale, il marque son opposition à la GPA, ulcéré par l’idée de “faire fabriquer un enfant”. Pour l’éducation, augmenter les heures de français est la seule proposition de la journée. Question logement, le candidat propose d’inventer un crédit-bail sur 40 ans, qui permettrait à terme de devenir propriétaire de son logis. Quant aux questions régionales, à l’instar du projet Lyon-Turin sur lequel le candidat avait déjà exprimé son désaccord, elles ont été totalement absente de son allocution.

Au bout d’une heure et demi de discours devant un public religieusement attentif, le candidat quitte la scène après la traditionnelle Marseillaise. À la sortie de la salle, quatre militants tendent des drapeaux tricolores pour récupérer une obole qui servira à financer la campagne. “C’est la première fois qu’on fait ça”, annonce l’un d’eux. Peu à peu, les drapeaux s’emplissent chacun d’une vingtaine de billets de 5, 10, 20 euros. À proximité, chacun y va de son analyse de la prestation. Pour une jeune lyonnaise venue par curiosité, “l'allocution était trop brève et n’a pas réussi à [la] convaincre pleinement”.

Dehors, quelques militants grillent une cigarette et dressent le bilan du meeting : “À droite, la soupe est bonne. Il est rassembleur, mais ce n’est pas encore suffisant”, déclare une jeune adhérente au t-shirt Debout La France. “Il n’a pas exposé assez ses idées”, déplore un autre, “fallait savoir s’arrêter”, tempère un troisième militant.

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