Un jour, un livre : "Oasis ou la revanche des ploucs "

Nico Prat et Benjamin Durand retraçent la trajectoire du mythique groupe pop anglais des années 90 porté par les frères Gallagher.

Si on a pu mesurer, dans le milieu des années 90, l’importance musicale d’Oasis, ainsi que la claque prise lors de la sortie de leur premier album Definitely Maybe – et avant cela, à l’écoute de leurs premiers singles, Supersonic, Shakermaker, Live Forever – peu d’écrits sont parvenus à théoriser le phénomène en l’inscrivant au cœur de son époque et son influence pop culturelle dans le zeitgeist anglo-saxon.

C’est bien tout le mérite de cet Oasis ou la revanche des ploucs ourdi par Nico Prat et Benjamin Durand. Qui retrace la trajectoire turbulente des deux frères Liam et Noël Gallagher, grandes gueules pas si basses du front qui ambitionnaient d’être le meilleur groupe du monde ou rien.

Le livre montre ainsi à quel point ils sont le produit de leur époque – et de celle dans laquelle ils ont grandi. Soit des enfants du thatchérisme et de la banlieue ouvrière de Manchester partagés entre leurs racines irlandaises et leur identité anglaise, leur amour de Manchester et leur envie de s’en extraire, les valeurs indie-rock et les aspirations mainstream.

Des symboles aussi du Cool Britannia de l’ère Tony Blair, de cette gauche convertie au libéralisme et à la société de consommation, et de la brit-pop qui l’accompagna – et s’effondra artistiquement, comme Oasis, en même temps, non sans avoir replacé la Grande-Bretagne sur la carte pop.

Au fond, derrière la façade à mono-sourcil et sous la coupe de douille réglementaire, les Gallagher et Oasis s’avèrent des phénomènes bien plus complexes qu’ils n’y paraissent, qui ont su parler au plus grand nombre et se poster à la croisée des chemins d’une Angleterre qui s’est, un temps, trouvée avec eux.


Oasis ou la revanche des ploucs – Nico Prat et Benjamin Durand, Playlist Society, 144 p., 14 €.


 

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