Fête des lumières - 8 décembre : l'origine, ce n'est pas la peste à Lyon !

Chaque année, nous revenons sur les origines de la Fête des lumières - 8 décembre, un des marronniers les plus éculés. Pourtant, encore aujourd'hui, on entend que la Fête des lumières viendrait du jour où la vierge Marie a sauvé Lyon de la peste. C'est faux.

Chaque année, on se promet de ne pas faire un énième papier sur les origines du 8 décembre - Fête des lumières. Pourtant à chaque fois, il semble inéluctable, face à des "fake news", fausses informations, qui ont la vie dure. Non, la peste n'est pas à l'origine du 8 décembre, tout comme la Fête des lumières n'a pas commencé avec le vœu des échevins ou Lyon qui implore la vierge Marie pour ne pas être envahi par les armées prussiennes en 1870 (ça c'est l'origine de la basilique de Fourvière). Plusieurs faits historiques se mélangent régulièrement depuis des années, donnant autant de fausses origines pour la Fête des lumières. Il faut séparer deux choses importantes : le 8 septembre, jour du vœu des échevins, et le 8 décembre, illumination de la ville.

Du 8 septembre...

Ainsi, le 12 mars 1643, le prévôt des marchands (ancêtre de la fonction de maire) et quatre échevins demandent à la Vierge Marie de protéger la ville d’une épidémie de peste (il s’agissait en fait du scorbut). Ils promettent en échange de faire construire deux statues de la Vierge et de renouveler ces vœux chaque année, le 8 septembre, jour de la Nativité de la Vierge. Lyon est épargné, les échevins respectent leur promesse et renouvellent ce vœu par la suite chaque année. Durant certaines périodes la tradition disparaît, notamment sous la Révolution (lire l'histoire du vœu des échevins ici).

...au 8 décembre

À la fin des années 1840, l'église de Notre-Dame-de-Fourvière, là où les Lyonnais se rendaient pour commémorer le vœu des échevins, a bien vieilli. Les différents bombardements qui ont touché la ville durant la Révolution puis lors des révoltes des canuts ont abîmé les bâtiments de la ville. Dès lors, sans que cela soit lié à la moindre demande ou promesse faite à Marie, les autorités religieuses décident qu'il faut faire reconstruire le clocher en plus grand. Elles décident également d'y installer une statue majestueuse de la Vierge, de cinq mètres de haut. Un concours est organisé pour trouver celui qui réalisera la Vierge et le sculpteur Fabisch est choisi.

Vient alors une grande question pour les autorités ecclésiastiques : quel sera le jour de l'inauguration de la statue, sachant qu'une fête mariale doit être privilégiée. On pense au 15 août, mais ce n'est plus possible, puisqu'il est consacré à la Saint-Napoléon, mise en place par Napoléon III le 16 février 1852. La fête suivante est le 8 septembre, date qui va être choisie jusqu'à ce qu'un événement extérieur change tout. Durant l'été 1852, la ville est inondée, l'atelier du fondeur de la statue est touché. Les autorités décident de repousser les festivités à la fête mariale suivante : le 8 décembre, jour de la conception de la Vierge selon la Bible.

Une date qui a failli changer une nouvelle fois

Fin 1852, la ville se prépare à fêter l'inauguration de la statue qui est alors cachée sous un drap, attendant d'être dévoilée. La fête est déjà commerciale puisque les journaux de l'époque vantent les mérites des vendeurs de lumignons et autres éclairages, et certaines publicités sont publiées dans la presse. Néanmoins, le 8 décembre, des orages violents éclatent, les autorités religieuses décident de repousser les festivités au dimanche 12 décembre. Les Lyonnais habitués aux illuminations, une tradition régulière depuis des siècles dans les grandes villes, décident de placer des bougies à leurs fenêtres. La foule envahit les rues, les boutiques qui vendent des éclairages sont prises d'assaut. Ce n'est plus l'Église qui impose le programme à la ville, mais bien l'inverse. Les autorités décident de suivre le mouvement, et illuminent Fourvière. Néanmoins, les festivités officielles pour célébrer cette nouvelle statue se dérouleront ensuite du 12 au 19 décembre. Au final, la tradition retiendra la date choisie par les Lyonnais, celle qui perdurera jusqu'à nous.


Anecdote supplémentaire : la statue de la Vierge a une "sœur" dont les Lyonnais ignorent parfois l’existence. En décembre 1873, sur demande de Monseigneur Callot, premier évêque d'Oran, originaire de Lyon, une statue de Marie est installée en haut de la chapelle de Santa Cruz en Algérie. Elle a été coulée dans un atelier de Lyon dans le même moule que celle de Fourvière.

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