Comme chaque été, le festival du Péristyle investit les arcades de l’opéra de Lyon qui se transforment un mois durant en centre névralgique de la découverte musicale. Un tour du monde des audaces dans une ambiance plus décontractée qu’il n’y paraît.
Voilà de nombreuses saisons maintenant que le festival du Péristyle s’impose comme un événement à part, rassembleur à plus d’un titre.
Par sa situation on ne peut plus centrale, en bordure de la place de la Comédie, mais également du fait d’une configuration mi-ouverte, mi-fermée, le parvis de l’opéra est un lieu devant lequel on passe… De l’extérieur, on peut voir (et entendre) ce qui s’y passe… Parfois on s’arrête quelques minutes, le temps d’un morceau, sans y entrer vraiment. Le lendemain on s’y attarde davantage, on apprend que l’entrée est libre… avant de passer le pas la semaine suivante.
On y prend goût à cette programmation, savant mélange de démarches exigeantes et d’esthétiques rassurantes. C’est que l’équipe de l’Opéra Underground, aux manettes, maîtrise à merveille cette dialectique entre savant et populaire et sait nous faire voyager, de découverte en découverte, avec toujours cette petite touche “musiques du monde” qui sait si bien réunir.
Une flûte de bambou tout droit venue des régions montagneuses de la Martinique, dont Max Cilla nous fait la démonstration à la tête de son orchestre qui fleure bon les rythmes caribéens mâtinés de jazz… Une voix emblématique du maloya réunionnais Zanmari Baré, entouré de quelques instruments mélodiques (vibraphone, balafon, guitare) s’envolant avec délicatesse dans les sphères de la fusion.
Point de faute de goût, l’authenticité est toujours au rendez-vous. Comme avec ces Bouches de coton, trio vocal féminin transfigurant par une maîtrise incroyable et un sens aigu de la sonorité un répertoire de chansons traditionnelles bulgares, ukrainiennes et macédoniennes.
Figures de styles
Un petit détour par la musique de chambre entre classique, jazz et musique improvisée : c’est la proposition du saxophoniste Daniel Erdmann qui nous fait redécouvrir la “note bleue” au travers de sa collaboration avec le quatuor à cordes Adeona. Et quelle curiosité que ce duo originaire du Malawi armé d’instruments bricolés avec du matériel de récupération pour nous inviter en douceur – mais irrémédiablement – à cette danse échevelée.
Place au jazz, mais là encore impur et fruit de l’hybridation, avec la rencontre entre le trio Eym, la chanteuse et flûtiste indienne Varijashree Venugopal pour des envolées très 70 que ne renieraient pas les amateurs du groupe Return to Forever, emmené par le pianiste Chick Corea.
L’accordéon virtuose de Chango Spasiuk, la mixture rock-prog occitane, iconoclaste et psychédélique de Morenica, le jazz éthiopien passé à la moulinette noise-rock d’Ukandanz en passant par le néo-classique jazz du duo Pierre-François Blanchard et Thomas Savy (et ce parfum de Köln Concert de Keith Jarrett ou de Brad Mehldau)… Sans oublier le traditionnel, et désormais culte, karaoké accompagné en direct – et avec combien de talent – par la pianiste Alice Perret.
Et si impressionné qu’on était au tout début par l’édifice, son lustre et sa renommée, on se dit finalement qu’on a bien fait d’y entrer.
Festival du Péristyle – Jusqu’au 25 juillet à 18 h 30 et 21 h à l’opéra de Lyon