Démolitions montée de la Grande-Côte, 1976, Lyon, photographie argentique

Expo aux Archives municipales : Bruno Paccard,la photo contre la disparition et l’oubli

Les Archives municipales de Lyon exposent les photos de Bruno Paccard, témoin des mutations de Lyon, pour qui le geste photographique est un devoir de mémoire contre la disparition et l’oubli.

Avec Des matières et des atmosphères,les Archives municipales de Lyon proposent une belle rétrospective de Bruno Paccard, photographe dont elles conservent plusieurs centaines de clichés.


Lors de la foire aux chevaux, 20 octobre 1991, Fays sur Lignon, photographie argentique

Né à Nice en 1946, autodidacte, il s’installe à Lyon en 1968 et développe un travail de mémoire sur la transformation de la ville mais aussi contre la disparition et l’oubli des êtres et des matières.

Ruralité disparue

L’exposition révèle une photographie documentaire saisissant les traces du passé par une approche humaine, architecturale et plastique.

Photographe de l’ordinaire, il met son intuition au service de rencontres déterminantes qui lui ont permis de fixer le souvenir de celles et ceux qu’il appelle mes amis, du plus anonyme au plus connu.

On découvre ainsi une ruralité disparue qu’il capte en vivant en Ardèche, son regard sur les personnes âgées et les paysans ; ses rencontres avec de nombreux artistes photographiés dans leur atelier, parmi eux Nancy Huston et Ernest Pignon-Ernest, tandis que dans une mosaïque de photos, il rend hommage à toutes les femmes ayant marqué sa vie…

Perrache et les camps de Roms

Entre 1968 et 1990, Lyon se transforme, Bruno Paccard photographie la démolition de la rue Mercière, du Palais de la foire, de la montée de la Grande-Côte, l’impressionnant déplacement de la fontaine Bartholdi au moment du réaménagement de la place des Terreaux par Buren.

Autres photos remarquables, celles du quartier de Perrache dont la mutation démarre dans les années 1980, qu’il saisit la nuit dans des atmosphères de film noir. Son approche esthétisante et très architecturale offre une vision onirique et mystérieuse de ce lieu réputé mal famé.

Habitat de Roms, Lyon-Villeurbanne, 2014-2015, photographie numérique

Après avoir effectué en 2012, en collaboration avec Ernest Pignon-Ernest, un travail sur la prison Saint-Paul avant sa transformation en université, il réalise en 2014 un reportage sur les camps de Roms notamment à Gerland et la Feyssine… Les photos, en couleur cette fois-ci, montrent ce qu’ils ont récupéré pour construire leurs maisons et avoir une vie normale. Un travail d’autant plus émouvant qu’en 2016, tout a disparu…

Au cœur de l’expo, la rencontre avec la matière

Dans l’espace qui constitue le cœur de l’exposition, Bruno Paccard dévoile des œuvres volontairement esthétiques sur la notion de traces, fruit de ses rencontres intuitives avec la matière qu’il transpose d’un geste simple et immédiat.


Mémoires d’asphalte, 2014, place de la Concorde, Paris, photographie numérique

Des photos de yoyos (cordes, ficelles lancées par les prisonniers pour se passer des objets de fenêtre à fenêtre) tombés dans les barbelés de la prison Saint-Paul, des lanières de draps embourbées, des matières qui sont autant sculptures que présences éphémères.

Une série avec des objets qui s’enfoncent dans le bitume – clé, bouchon, lunettes… – appelés à disparaître, une autre avec le parti pris du wabi-sabi, un concept esthétique évoquant le temps qui passe.

Lumière sur un rideau, traces de colle, rouille, mousse, peinture délavée… Il pose un regard sur les choses qu’on ne voit pas, avec cette conscience, presque légère, de la fin.

Des matières et des atmosphères - Bruno Paccard – Jusqu’au 16 septembre aux Archives municipales de Lyon

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