Fall de Sidi Larbi Cherkaoui © Grégory Batardon

Danse et musique minimaliste : Ballet du Grand Théâtre de Genève, un dialogue intense

Le ballet du Grand Théâtre de Genève réunit dans Minimal Maximal deux pièces de Sidi Larbi Cherkaoui et Andonis Foniadakis créées sur les musiques d’Arvo Pärt et Philip Glass. Un rendez-vous de danse pure !

Dirigé depuis 2003 par Philippe Cohen qui fut pendant treize ans directeur des études chorégraphiques au Conservatoire national supérieur de musique et danse de Lyon, le magnifique ballet du Grand Théâtre de Genève vient régulièrement à la Maison de la danse et séduit à chaque fois avec des programmes très originaux.

Classique, il prend un tournant peu commun dans l’univers des ballets avec l’arrivée de Philippe Cohen qui refuse notamment de travailler avec ceux que l’on a l’habitude de voir, par exemple au ballet de l’Opéra de Lyon : William Forsythe, Jirí Kylián ou encore Mats Ek.

Il souhaitait alors que la compagnie réussisse sans ces grands noms et qu’elle se forge une identité forte par elle-même et en étant accompagnée de jeunes talents. “Quand j’étais au conservatoire à Lyon, nous dit-il, je voyais de jeunes chorégraphes qui faisaient un travail intéressant mais qui n’avaient pas beaucoup de moyens, en même temps on formait beaucoup de danseurs et je me demandais où ils iraient danser puisqu’il y avait peu de compagnies capables de faire de grandes pièces. Je suis donc arrivé au ballet avec l’idée de prendre le risque de donner leur chance à de jeunes chorégraphes et de leur fournir, sans aller à l’économie, les moyens humains et financiers nécessaires à leurs créations. Pour moi, la star devait être la compagnie et non pas les chorégraphes, même s’ils ont été reconnus par la suite. J’ai invité Sidi Larbi Cherkaoui, Andonis Foniadakis, Benjamin Millepied, Emanuel Gat… ils ont apporté de l’énergie, un travail de recherche et par chance la plupart des créations ont été des réussites qui ont tourné dans le monde entier et que l’on était finalement les seuls à avoir. Grâce à tous ces chorégraphes, la compagnie a une identité forte avec des danseurs d’une grande diversité et d’un haut niveau mais qui ont surtout affirmé chacun une vraie personnalité.”

En juin 2022, Sidi Larbi Cherkaoui – qui fut invité par le ballet de Genève pour la première fois en 2005 afin de créer Loin, une superbe pièce – succédera à Philippe Cohen après avoir dirigé le Ballet royal de Flandre à Anvers depuis 2015.


Minimal Maximal, un programme incandescent !


Fall de Sidi Larbi Cherkaoui est la première pièce qu’il créa lors de son arrivée à Anvers. De facture classique et sur pointes, le chorégraphe l’a retravaillée ici en lui donnant une couleur plus contemporaine (et sans pointes), en puisant dans les deux sens du titre : la chute en elle-même et la chute des feuilles en automne.

Créée sur la musique d’Arvo Pärt, la danse se révèle dans une scénographie simple et lumineuse, faite de panneaux de soie gigantesques qui sont dans un frémissement constant.

“La pièce est conçue autour d’un jeu entre la musique d’Arvo Pärt et cette gestuelle assez néoclassique, précise Philippe Cohen, mais qu’il a adaptée pour lui donner plus de chair et de rondeur par rapport à la création d’Anvers. C’est un travail sur les frémissements de l’automne que l’on voit avec certains costumes, dans certains mouvements et avec le travail autour de la chute dont les danseurs s’emparent pour la transformer en élan vital, mettant aussi les corps en élévation. Il y a un équilibre parfait entre la musique qu’il utilise de façon délicate, la scénographie et la danse. C’est sublime, cela va au-delà d’une simple chorégraphie.”

Avec Paron, créée par Andonis Foniadakis sur le mystérieux Concerto pour violon n° 1 de Philip Glass, le ballet se trouve emporté dans la démesure du chorégraphe non pas folle mais d’une virtuosité présente sans être ostentatoire.

“La réussite de l’œuvre réside dans la manière dont il est parti sur la musique, avec une idée de pulsations, des ruptures, des arrêts qui justement lui laissent toute sa place, tout comme à la danse. Il y a de la fluidité, de la légèreté et c’est très intense. Les danseurs sont plongés dans un tourbillon vertigineux qui les rapproche ou les éloigne, leurs mouvements sont faits de volupté et d’amour.” À la fois puissant et aérien, ce programme témoigne une fois encore de la grande qualité de ces vingt-deux danseurs que l’on admire à chacun de leurs passages lyonnais. Ils nous proposent une rencontre sensuelle et raffinée avec deux écritures sans narration et sans fioritures, cherchant à nous émouvoir par la beauté d’une danse pure !


Minimal Maximal – Ballet du Grand Théâtre de Genève – Du 26 au 30 janvier à la Maison de la danse, Lyon 8e


 

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