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© Clémence Hérout

Orfeo : le premier opéra de l’histoire

Orfeo, par les Nouveaux Caractères © Clémence Hérout

© Clémence Hérout

Composé autour du mythe d’Orphée, l’Orfeo de Monteverdi donné ce samedi 25 janvier à la chapelle de la Trinité est considéré comme le premier opéra de l’histoire. Historique d’une révolution musicale.

Il y a des œuvres plus importantes que d’autres dans la chronologie de la musique. Car si l’Orfeo de Monteverdi est considéré comme l’un des premiers opéras de l’histoire, c’est bien évidemment qu’il n’est pas le premier… Mais la partition de Dafne de Jacopo Peri qui le précède (de peu) n’a jamais été retrouvée. Qu’à cela ne tienne, les musicologues jugèrent indiqué de marquer le commencement de l’ère baroque par la création de l’Orfeo en 1607, ce qui n’est finalement que justice rendue à l’œuvre de Claudio Monteverdi, certainement le compositeur le plus important et novateur de son temps.

Et voilà notre maître de chapelle à la cour de Mantoue âgé de presque 40 ans qui passe de la Renaissance, période musicale dans laquelle il évoluait jusque-là, à l’ère baroque, un 24 février (pour l’ouverture du carnaval). Les historiens ont besoin de dates et ce “passage” est bien entendu le fruit d’un processus dont Monteverdi n’est qu’un acteur (l’un des plus éminents, certes). Il est toutefois le premier à composer des madrigaux dans le stile concertato, qu’il qualifie lui-même de seconda prattica, l’opposant à la prima prattica ou “style ancien” qui régit la musique de la Renaissance.

Émouvoir

Là où la polyphonie consistait en une superposition de lignes vocales ou instrumentales équivalentes du point de vue de l’importance, cinq des madrigaux publiés en 1605 dans son Cinquième Livre accueillent une basse continue – forme d’accompagnement révolutionnaire qui combine une ligne de basse et des accords destinés à soutenir une partie de voix soliste. Émancipé ainsi du tissu polyphonique, où le texte distribué entre plusieurs voix se perd dans le contrepoint, le soliste peut à présent faire sursauter, exprimer les affects, émouvoir… Il en va de même dans la musique instrumentale, et un violon pourra lui aussi concerter au-dessus de l’orchestre ou de la basse continue : le baroque est né !

Les choses ne sont pourtant pas si tranchées et, même dans l’Orfeo, Monteverdi se situe à la croisée des styles ancien et nouveau, ayant recours à de multiples techniques d’écriture, enrichissant ainsi sa palette et signant un chef-d’œuvre sans précédent autour du mythe d’Orphée, sur un livret du poète Striggio, qu’on nommera “opéra”.

De nouveaux Caractères

Orfeo, par les Nouveaux Caractères © Clémence Hérout

© Clémence Hérout

L’exécution de l’Orfeo requiert de nombreux chanteurs solistes ainsi qu’un large ensemble instrumental composé de cordes, flûtes et cuivres, sans oublier la foule d’instruments de continuo (clavecins, orgues, luths… en charge de la basse continue).

Ce sont Les Nouveaux Caractères, en résidence depuis bientôt trois saisons à la chapelle de la Trinité, qui interpréteront ici l’Orfeo, sur instruments d’époque naturellement, et l’on peut faire confiance à ce jeune ensemble conduit par le claveciniste Sébastien d’Hérin pour transmettre toute la fougue, la théâtralité et les couleurs chamarrées d’une œuvre à part et de toute beauté.

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Orfeo, de Monteverdi. Samedi 25 janvier à 20h, à la chapelle de la Trinité, 29-31 rue de la Bourse, Lyon 2e.

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Cet article est extrait du cahier Culture de Lyon Capitale 729, en vente en kiosques jusqu’au 30 janvier, et dans notre boutique en ligne.

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