Tourisme de montagne : la dépendance économique Iséroise face aux enjeux du réchauffement climatique

Le territoire isérois est largement dépendante des retombées économiques du tourisme d'hiver. Une mutation nécessaire mais difficile à mettre en place face au réchauffement climatique.

La fermeture des remontées mécaniques en 2020 pendant la crise Covid et les enjeux climatiques font ressurgir la dépendance des territoires de montagne au tourisme d’hiver. Le territoire isérois est ainsi largement dépendant des retombées économiques du tourisme d’hiver qui représentent 82% du chiffre d’affaires de l’économie de montagne, quand il est de 5% en été selon la Direction de l’information légale et administrative.

Précarité face à la dépendance au tourisme d'hiver

Les sports d’hiver, et notamment le ski de piste, permettent d’alimenter tout un
réseau économique de l’hôtellerie-restauration, jusqu’aux nombreux commerces de station. Le tourisme de montagne concentre 35% de la richesse touristique dégagée en Auvergne-Rhône-Alpes. La conséquence sur les emplois est flagrante, notamment pour les saisonniers cumulant des emplois essentiellement précaires. Cet état de précarité est renforcé par les aléas du changement climatique qui menacent les ressources naturelles et la biodiversité de ces territoires.

Ces mutations climatiques sont caractérisées par leurs hétérogénéités selon les territoires. Les stations doivent s’adapter au cas par cas pour réduire leur dépendance économique à la saison d’hiver, notamment en moyenne montagne. Cette variabilité représente une des grandes difficultés des stations face à la nécessaire dessaisonalisation de l’offre touristique. Les touristes, pourtant réalistes face aux enjeux climatiques, ne se montrent pas pour autant prêts à un changement dans leur mode de consommation du tourisme. Ce qui montre les limites des nombreux plans d’adaptation proposés.

© Matthieu Vitré

Si une tendance vers des activités plus respectueuses de l’environnement telles que l’agrotourisme ou le “slow-tourisme” tendent à émerger, elle reste minoritaire. C’est le constat fait lors des Etats Généraux de la transition du tourisme en montagne en 2021 : la tendance générale n’est pas de renoncer au tourisme de montagne traditionnel.

Lire aussi :

Les enjeux d'une mutation du tourisme d'hiver.

Aujourd’hui, les deux enjeux du tourisme de montagne sont : d’une part l’adaptation des sites aux activités de toutes l’année (comme à Gresse-en-Vercors ou à Autrans Méaudre Vercors) qui mettent en place des festivals culturels pendant la période estivale; d’autre part, la transition des modes de consommation pendant l’hiver. On retrouve ces deux enjeux dans les grands plans d’action mis en place pour aider cette nécessaire transition. Comme
c’est le cas dans six territoires isérois de montagne engagés dans le programme “Espaces Valléens” ou le plan “Avenir Montagnes” mobilisation de plus de 640 millions d’euros, dont l’objectif est d’accompagner les territoires vers une offre touristique résiliente et durable, adaptée aux spécificités de chaque massif.

Lire aussi :

Des approches trop limités face aux enjeux du réchauffement climatique

Ces actions restent cependant limitées face aux besoins de repenser la pratique
générale et les modes de vie en station. On distingue en effet deux approches. La première, c'est l’idée du “plan avenir” qui met en avant une certaine vision de la transition portée sur le maintien de l’équipement du domaine skiable, voire son renforcement. Une approche pour diversifier les activités, sans toutefois questionner les fondements du modèle économique de la station basé sur les sports d’hiver.

La seconde approche part des initiatives citoyennes axées vers un renouveau du modèle touristique montagnard. Des initiatives collectives comme le Cluster montagne faisant lien entre institutions et citoyens. Elles restent cependant rares et limitées montrant des acteurs qui peinent à agir face aux peu de mutations concrètes. Depuis les Etats généraux de 2021 les avancées semblent au point mort. Pour rappel, le réchauffement climatique ferait passer de 143 à 55 le nombre de domaines skiables en France.

Lire aussi : Les stations de ski de basse altitude dans la région sont-elles en péril ?

Laisser un commentaire

réseaux sociaux
X Facebook youtube Linkedin Instagram Tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut