Syrie : malgré elles, des banques à Lyon financent le Djihad

Exclusif. La Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI) travaille sur des circuits de financement du djihad en Syrie par l’intermédiaire de plusieurs établissements bancaires de la région lyonnaise. Une enquête a été confiée à des juges du pôle antiterroriste du parquet de Paris.

Exclusif – La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) travaille sur des circuits de financement du djihad en Syrie par l’intermédiaire de plusieurs établissements bancaires de la région lyonnaise. Une enquête a été confiée à des juges du pôle antiterroriste du parquet de Paris.

Selon nos informations, les services du contre-espionnage français enquêtent sur des circuits de financement du djihad en Syrie à partir de la région lyonnaise. Plusieurs cellules d’embrigadement islamiste auraient ainsi convaincu des candidats à la guerre sainte de souscrire des assurances-vie ou des assurances-décès à leur propre profit. De banales associations loi 1901 créées dans le sillage de la guerre civile en Syrie seraient devenues les bénéficiaires de ces produits financiers souscrits auprès d’agences bancaires de la banlieue de Lyon. Les noms de la Caisse d’Épargne et de la Banque postale sont cités dans l’enquête confiée à des juges du pôle antiterroriste du parquet de Paris.

Pour ne pas nuire aux investigations en cours, il nous est difficile de dévoiler le nom de ces associations. L’une d’entre elles est domiciliée sur un campus universitaire de la banlieue de Grenoble et a pour dirigeant un jeune islamiste radicalisé surveillé de près par les services de renseignement. Enregistrée en préfecture de l’Isère, son objet social évoque le soutien aux “Syriens dans leur combat pour la liberté et la démocratie”. De source policière, les enquêteurs s’interrogent sur la possible utilisation de faux certificats de décès afin de bénéficier de fonds qui, selon les cas, peuvent se chiffrer de manière très conséquente.

Décines

La DCRI a mis au jour ces circuits de financement en interpellant courant 2013 plusieurs individus qui s’apprêtaient à rejoindre la Syrie depuis l’aéroport Saint-Exupéry. L’un des individus interpellés, C.H., serait originaire de Décines et aurait modifié le bénéficiaire de son assurance-décès juste avant de s’envoler vers la Syrie.

Étrangement, les services de renseignement n’ont pas immédiatement mené les investigations sur ces sources de financement souscrites auprès d’agences commerciales de plusieurs banques. La DCRI s’est semble-t-il longtemps contentée d’intercepter les candidats au djihad sans s’intéresser à son financement. Ce n’est que très récemment, à l’occasion du coup de filet anti-djihadiste à Strasbourg, que ce volet financier a été réactivé.

Facilitateur(s)

L’arrestation de sept djihadistes présumés le 13 mai à Strasbourg a eu lieu dans le cadre d’une enquête visant une filière de recrutement de candidats au djihad structurée depuis la région lyonnaise par Mourad Fares. Un Lyonnais, dont la famille est originaire de Thonon-les-Bains, présent en Syrie et très actif sur les réseaux sociaux. Mourad Fares serait un facilitateur qui recrute les candidats au djihad via Facebook. Il serait à l’origine de la venue en Syrie du groupe des Strasbourgeois interpellés le 13 mai et partis en Syrie en décembre 2013. Deux jeunes frères issus de ce groupe ont trouvé la mort en Syrie.

Des ressortissants suisses auraient également rejoint la Syrie par l’intermédiaire de la filière de recrutement lyonnaise, qui inquiète très sérieusement les autorités. Mourad Fares était un nom qui n’avait jamais été évoqué avant les arrestations de Strasbourg. À Lyon, les informations faisaient état d’un Lyonnais de 29 ans anciennement installé à la Croix-Rousse, d’origine marocaine, mais qui répondait au patronyme de Mourad Hadji, alias Abou Al-Hassane. C’est lui qui est à l’origine du départ vers la Syrie des deux jeunes mineurs de Toulouse : Yacine, 15 ans, et Ayoub, 16 ans.

De deux choses l’une : soit deux Lyonnais différents sont des facilitateurs chargés de recruter les candidats au djihad depuis la Syrie, soit la DCRI joue sur le patronyme du même individu pour brouiller les pistes.

Commandant de la brigade des Français

Reste que Mourad Hadji est l’une des cibles les plus sérieuses du contre-espionnage français. En Syrie, il est le commandant opérationnel de la katiba (brigade) des Français partis faire la guerre sainte. Ce rôle lui a été donné par une autre tête d’affiche du terrorisme français, suivie depuis quasiment dix ans par la DCRI : Omar Diaby. Issu des cités de Nice, Omar Diaby avait été arrêté en 2012 par le contre-espionnage au détour d’un banal contrôle d’identité. Omar Diaby était membre de Forsanne Alizzaa, l’organisation islamiste dissoute par Claude Guéant en mars 2012, dont l’un des membres, installé à Lyon, projetait l’enlèvement du juge d’instruction lyonnais Albert Lévy.

Citant une source officielle, Nice Matin évoquait alors des “liens” entre Mohamed Merah, le tueur de Toulouse, et Diaby le Niçois (lire ici). Il projetait de se rendre en Afghanistan mais fut relâché sans plus d'éléments contre lui. Du coup, Diaby enrôle maintenant des centaines de jeunes français pour mener le Djihad en Syrie avec l’aide de Mourad le Lyonnais.

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