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Lyon : un camp de migrants sous la canicule, "la Métropole ne nous traite pas bien"

Depuis début juillet, une cinquantaine de migrants dort dans un camp de tentes dans le quartier d'Hénon sur la colline de la Croix-Rousse. Entre canicule et crainte de l'avenir, leur quotidien est très précaire. Reportage.

Guylain lave avec minutie ses baskets. Après avoir frotté l'extérieur de ses chaussures blanches avec un mélange d'eau et de javel, il frotte l'intérieur avec de la lessive. Après un pic de chaleur la veille, où le thermomètre a grimpé jusqu'à 38 degrés à Lyon, il y a un peu plus d'air en cette matinée déjà chaude. Sur la pelouse du square Gustave-Auguste Ferrié, les tentes sont regroupées à l'ombre des arbres. Une cinquantaine de migrants est installée là depuis le début du mois de juillet.

Ce sont des jeunes migrants qui, pour la plupart, ont vu leur demande d'obtention du statut de protection des mineurs isolés rejetée. Avec l'aide de bénévoles du collectif de soutiens aux migrants de Croix-Rousse, ils se sont donc installés de manière illégale sur le square Ferrié où la Métropole et la Ville de Lyon tolèrent leur présence. Mais les sans-papiers exigent auprès de la Métropole une solution d'hébergement plus pérenne.


"On doit attendre minuit pour que la température baisse un peu dans les tentes"


"Nous sommes seuls ici, sans nos parents. Nous ne sommes pas vraiment en sécurité", confie Ibrahim, un jeune ivoirien. L'épisode de canicule renforce la précarité de ce camp. Pour prendre une douche, les migrants se rendent dans le quartier de Gerland. Heureusement, ils ont accès à des sanitaires et une ouverture d'eau dans les toilettes nichées dans un coin du square. Le plus pénible est la chaleur qui tape sur les tentes. "Le soir, on doit attendre minuit pour que la température baisse un peu dans les tentes et le matin dès 6 heures nous sommes réveillés par le soleil", témoigne Ibrahim.

Une cinquantaine de migrants dorment dans des tentes dans le square Ferrié sur la colline de la Croix-Rousse le 20 juillet 2022.

La solidarité du quartier

Les jeunes hommes disent avoir entre 15 et 17 ans, ce qui est difficile à prouver en l'absence de papiers d'identité que certains n'ont pas pu fournir au Forum des réfugiés, une structure lyonnaise qui aide les réfugiés à introduire une demande d'asile. Ils viennent quasiment tous d'Afrique de l'Ouest : Côte d'Ivoire, Guinée, Cameroun...

Ils disent tous vouloir étudier ou travailler en France. "La France, c'est notre pays de cœur. Moi, j'ai fui la dictature du Cameroun en pensant que c'était le pays des droits de l'Homme. Mais la Métropole de Lyon ne nous traite pas bien. On demande à Bruno [Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon] de nous loger", souffle Guylain.

Les migrants installés à Croix-Rousse demandent à la Métropole une solution de logement.

Dans le chapiteau installé par des bénévoles, une cuisine spartiate a été installée. Il y a du pain frais ce matin. Sur le boulevard Hénon, des éboueurs saluent les migrants depuis la fenêtre de leur camion. La solidarité du quartier donne un peu de force aux migrants qui ont échoué à la Croix-Rousse après un long voyage pour la plupart. Certains sont passés par la Libye et l'Italie, d'autres par la Tunisie puis l'Espagne. Loin des leurs, ils rêvent toujours d'un avenir meilleur.

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