Festival Woodstower, 2022 (Crédit Brice Robert)

"Le repreneur rêvé est collectif et local" : comment Woodstower espère survivre à cette fin d'année

Placée en redressement judiciaire, l'association Woodstower, organisatrice du festival éponyme, espère trouver un repreneur dans les prochaines semaines "pour reprendre le flambeau et écrire la suite de cette aventure".

C'est dans la petite salle du Semple, un bar situé quai Claude Bernard que Maxime Noly, directeur de Woodstower, et Quentin Thomé, président de l'association, avaient donné rendez-vous à la presse pour dresser le bilan de cette édition 2025 du festival organisé pour la première fois au parc de Gerland après de nombreuses années dans le parc de Miribel Jonage.

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Et les nouvelles, pour le festival qui fêtait cette année sa 26e édition, n'étaient pas bonnes. Placé depuis l'année dernière en procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce de Lyon, Woodstower a été placé cette semaine en redressement judiciaire. Une nouvelle étape qui met encore un peu plus en lumière les difficultés financières rencontrées ces dernières années par l'association

200 000 euros de déficit pour la seule édition 2025

"Le plan de sauvegarde nous avait permis de geler les dettes mais on était en sursis" rappelle Maxime Noly, également programmateur du festival. La dette de l'association s'élevait l'année dernière à 600 000 euros à laquelle il convient d'ajouter le déficit de 200 000 euros pour la seule édition 2025.

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Une édition 2025 qui se voulait pourtant novatrice. Fini le parc de Miribel Jonage, Woodstower avait posé ses valises à Gerland, et voulait devenir un festival 100% lyonnais. Les organisateurs avaient également abandonné leur date de la fin août pour organiser l'événement fin juillet. La programmation, très rap ces dernières années, avait aussi été quelque peu modifiée cet été, avec des artistes de la scène électro invités, même si les têtes d'affiche (SCH, Rilès, Vladimir Cauchemar) restaient des artistes issues du milieu du hip-hop et du rap. Des paris qui ne se sont pas révélés payants.

23 500 festivaliers en 2025

Malgré tous ces changements, Woodstower a accueilli un peu moins de 23 500 festivaliers, avec notamment une première soirée du jeudi bien loin des attentes en termes de fréquentation. Cette dernière, en hausse de 35 % par rapport à l'année 2024, année catastrophique en termes d'affluence pour Woodstower, a une nouvelle fois été insuffisante pour que le festival, qui avait accueilli en 2022 43 000 festivaliers, rentre cette année dans ses frais. "Rajouter de la dette à la dette, ce n'est pas tenable", reconnaît Maxime Noly. "La procédure de redressement va nous laisser un peu de temps pour trouver un repreneur", poursuit-il.

Placé en redressement judiciaire officiellement jusqu'au 9 décembre prochain, le festival ne pourra de toute manière pas tenir plus longtemps en l'état actuel des choses. "Cette date correspond aux quelques mois de trésorerie qu'il nous reste" affirme Quentin Thomé, président de l'association, tout en se montrant positif : "On est persuadé que tout n'est pas perdu".

Pour cela, les organisateurs devront au plus vite trouver un ou des repreneurs pour poursuivre l'activité. Les entreprises ou personnes intéressées ont jusqu'au 3 octobre prochain pour déposer leur dossier auprès du tribunal. Un délai de quelques semaines supplémentaires pourrait être accordé à certains dossiers pas complètement ficelés début octobre.

Les collectivités ne viendront pas en aide au festival

Avant leur audience devant le tribunal ce 9 septembre, les dirigeants de l'association avaient sollicité les collectivités locales."Malheureusement on a eu un retour négatif" concède, déçu, Maxime Noly. "C'est une solution qu'on a déjà éteinte et aujourd'hui on se tourne vers une autre typologie d'acteur" complète-t-il. Des collectivités qui n'ont pas souhaité remettre la main à la poche. Début 2024, la Métropole de Lyon avait attribué une aide exceptionnelle au festival, de l'ordre de 100 000 euros. La Ville de Lyon avait quant à elle maintenu cette année sa subvention de 10 000 euros tout en apportant au festival un ensemble d'aides en nature et mises à disposition d'espaces de l'ordre de 80 000 euros supplémentaires.

"La solution qu'on aimerait faire émerger c'est de mettre en place quelque chose de collectif à l'échelle locale, avec des acteurs politiques, des médias, du milieu de la culture, qui seraient intéressés pour s'associer autour de ce beau projet" détaille Maxime Noly. Prenant l'exemple du rachat par l'homme d'affaires Matthieu Pigasse de We Love Green à Paris ou des investissements du groupe La Dépêche du Midi dans le Rose Festival à Toulouse, le directeur sait que mettre sur pied un tel projet de reprise pour "prendre un peu de temps". "Le repreneur rêvé pour nous, il est collectif et local" conclut Quentin Thomé. Le rideau n'est pas encore totalement refermé mais, désormais, le compte à rebours est lancé pour ce festival né il y a un quart de siècle.

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