Edouard Hoffmann Lyon
Edouard Hoffmann

"Le cadre de vie de Lyon se dégrade, il n'est ni digne ni agréable"

Edouard Hoffmann, habitant du 1er arrondissement de Lyon, demande une brigade de proximité spécialisée dans le détagage et des sanctions pour les tagueurs.

Si les mots "taguer" et "tagueur/-euse" sont entrés dans le Petit Robert dès 1988, le mot "instagrammable" fait, quant à lui, son entrée dans l'édition 2024.
Mais force est de constater que tous les tags ne sont pas instagrammables.

Perçus, de manière générale, comme une dégradation de l'environnement urbain, les tags (à ne pas confondre avec les graff, dont les auteurs sont élevés au rang d'artistes, en témoigne aujourd'hui leur présence dans les galeries) sont omniprésents au point qu'ils font figure d'envahissement de l'espace public.

"Si "[leur] perception est du même ordre que celle des incivilités", les tags en sont même progressivement devenus le symbole, d’une certaine façon, en raison de leur extrême visibilité dans l’espace public qui leur donne un caractère de preuve." écrivent Jean-Samuel Buscart et Loïc Lafarque de Grangeneuve (in "Comprendre le graffiti à new York et Ivry", 2003).

"Pourquoi donner des murs somptueux faits avec des pierres de Villebois à des tagueurs ? 

"Citoyen engagé" du 1er arrondissement, Edouard Hoffmann a récemment fait parler de lui, en lançant une pétition en ligne demandant à la Ville de Lyon "des actions concrètes pour rendre notre cadre de vie digne et agréable"

Edouard Hoffmann demande à la Ville de Lyon la création d'une brigade de proximité qui permettrait, notamment, de nettoyer la ville de ses tags et de sensibiliser dans les écoles et collèges sur le coût des dégradations (la Ville de Lyon annonce 1 million d'euros par an pour le détagage de 250 000 m2) et les sanctions encourues.
"Un monsieur a été pris à Paris pour une centaine de tags, il a eu 17 000 € d'amende et trois mois de prison avec sursis. Je vous dis que ça calme tout de suite."

Loi et tags
Le fait de "tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain" est puni par le code pénal de 3 750 euros d'amende et d'une peine de travail d'intérêt général en cas de dommage léger (art. 322-1).

L'action publique peut être éteinte, y compris en cas de récidive, par le versement d'une amende forfaitaire d'un montant de 200 euros.

L'amende est relevée à 7 500 euros si  "le bien détruit, dégradé ou détérioré est destiné à l'utilité ou à la décoration publiques et appartient à une personne publique ou chargée d'une mission de service public."

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Lyon, à l'assaut du moche (en images)


La retranscription textuelle et intégrale de l'entretien avec Edouard Hoffmann

Guillaume Lamy : Bonjour à tous et bienvenue dans Six minutes chrono, le rendez vous quotidien de Lyon Capitale. Nous recevons aujourd'hui Edouard Hoffmann. Bonjour, Edouard Hoffmann,.Vous êtes habitants du premier arrondissement et c'est vous qui le dites "citoyen engagé" ? Vous avez lancé, je crois que c'était mi février une pétition adressée aux maires de Lyon, notamment pour demander l'effacement des tags, mais plus globalement pour parler de l'incivisme à Lyon. Vous demandez des actions plus concrètes à la mairie pour un habitat "digne et agréable". Cela sous entend que vous considérez que l'habitat et la ville ne sont ni dignes ni agréables aujourd'hui ?

Edouard Hoffmann : Oui, en fait, j'ai habité Paris longtemps, Je suis revenu m'installer à Lyon, ma ville de cœur. Et force est de constater, en accueillant beaucoup d'amis étrangers, parisiens ou de province qui reviennent régulièrement, que la ville se dégrade. D'ailleurs, ce n'est pas une idée que je lance moi même. Les sondages l'ont prouvé : 74 % des habitants en Presqu'Ile trouvent que la qualité de vie s'est détériorée depuis les dernières années. C'est un fait. Je me suis inscrit au conseil de quartier pour essayer de comprendre comment ça fonctionnait, etc. Et les tags, évidemment, finalement, c'était ma première idée de savoir comment est ce qu'on pouvait lutter contre. Et face aux réponses des magistrats de notre ville, du premier arrondissement pour commencer, face aux inactions, face au nombre de gens que j'ai pu surprendre d'appeler la police qui n'est jamais venue, etc, la multiplication des incivilités, je le dis, mais il faut faire quelque chose. 

Guillaume Lamy : Donc si on parle juste des tags, dans le premier arrondissement, pour le coup, il y en a quand même beaucoup. 

Edouard Hoffmann : Alors voilà la réponse de la mairie. Mais ce qui est vrai en partie, on parle de street art donc il faut trouver un compromis avec les street artiste, mais il suffit juste de bien regarder. J'invite tous les les lecteurs et auditeurs aujourd'hui à aller se balader dans les pentes du premier et même jusqu'au musée St Pierre sur la place des Terreaux mais pas les cinq pièces. La place des Terreaux. Il suffit juste de regarder pour voir que le street art n'occupe que peut être moins de 1 % de la surface des murs tagués en fait. Donc ce sont des signatures, des tags marketing, des gens qui s'amusent à se prononcer. 

Guillaume Lamy : Oui, il y a quand même une différence entre le graff des street artistes et les tags qui sont des signatures...

Edouard Hoffmann : Du street marketing en fait

Guillaume Lamy : Vous dites que la mairie ne fait rien. Mais il y a sur les chiffres que la mairie a donné à Lyon Capitale, c'est que depuis les le début des mobilisations, la ville a détaillé 8000 mètres carrés, 400 interventions, il y en a eu pour 40 000 €. 

Edouard Hoffmann : Oui enfin ce n'est rien du tout. Soit disant,Yasmine Bouagga, maire du premier arrondissement auquel j'ai écrit de nombreuses fois, sans avoir jamais de réponse concrète sur le coût exact des tags arrondissement par arrondissement pour la ville, le coût des détagages et également les contrats façade nette qui ont été proposées déjà depuis plusieurs années. Combien coûte tout cela aux habitants sachant que ces contrats, sont des appels d'offres. J'ai, puisque ça fait trois ans que je m'intéresse au sujet, pu savoir qu'i l y a de moins en moins d'argent qui est donné, donc le travail de plus en plus mal fait. Il suffit de regarder d'ailleurs les des copropriétés qui sont qui ont des contrats, ça monte jusqu'à deux mètres de hauteur, ils repeignent avec trois couleurs du blanc, du jaune, du rose, ça devient des patchworks, n'importe quoi. Et sur la pierre on voit tout le spectre. Donc voilà , donc simplement des entreprises de moins en moins qualifiées. Ce n'est pas une préoccupation de la mairie, ils s'en fichent concrètement. Voilà, donc c'est ce que j'ai compris et c'est ce qui m'a donné l'envie de faire cette pétition. 

Guillaume Lamy : Aujourd'hui, il y a quand même plus de 3 100 signatures et quand même quatre conseils de quartier, deux associations de commerçants qui ont signé. Ce n'est pas c'est pas anodin. La métropole de Lyon, alors là on n'est pas sur le contrat de façades nettes, parce que ne sont pas des bâtiments publics, notamment sur les berges du Rhône et de la Saônz, i y a énormément. Si vous aussi si vous faites effectivement et exactement le voyage en bateau de entre Vaise et Confluence, c'est vrai que toutes les berges sont taguées. La métropole de Lyon expliquait à Lyon capitale que de toute façon une fois que c'était détagé, c'était retagé automatiquement et donc elle pensait à faire appel à des street artiste pour faire des beaux graffs qui ne seraient pas tagués. 

Edouard Hoffmann : Mais enfin, comment faire des graffs !? Il faut juste remettre les choses dans leur contexte. On est une cité qui a été classée patrimoine mondial de l'UNESCO. Ce n'est pas pour rien. Peu de villes en France qui ont justement, de par la qualité de ses toitures, de la cohérence de son architecture, de ses quais ont été bâtis au XVIIIe et au XIXᵉ siècle avec des pierres locales, on ne parle que de localisme, etc. Mais enfin, a-t-on on idée du travail que cela représentait ? Enfin, franchement, Lyon n'est pas une ville d'art, il faut juste un peu d'élévation et d'ambition. Et pourquoi donner des murs somptueux faits avec des pierres de Villebois à des tagueurs ? 

Guillaume Lamy : J'entends votre discours et en même temps avec le tag. dès que vous détaguer, c'est retagué...

Edouard Hoffmann : Alors vous voulez me faire venir à quoi en fait ? Eh bien simplement à la brigade de proximité que je souhaite créer. Yasmina Bouagga, la première magistrate du premier arrondissement, parle et c'est des chiffres que je n'arrive pas à obtenir, parle de plusieurs millions d'euros investis par la ville pour le détaguage. Ben moi je propose peut être que simplement une partie, peut être 2 millions d'euros, ça ferait 50 - 60 salaires à plein temps et bien payés, et en plus chargés, pour créer cette brigade de proximité qui à la fois sécurise parce que tout le monde a vu qu'il y avait un vrai sentiment d'insécurité dans le premier arrondissement, et fasse de la prévention. Ça peut être également avec des services civiques, aller dans les collèges et lycées expliquer que là, vous êtes dans un collège qui a été construit au XIXe avec des pierres qui viennent de tel endroit, etc. Est ce que c'est intéressant de taguer ? Pourquoi ? Qu'est ce que ça coûte si vous le taguer, si vous êtes pris en flagrant délit ? Voilà des actions concrètes et puis, et puis surtout des sanctions. Evidemment, il n'y a aucune sanction. Dernier exemple...

Guillaume Lamy : Oui, dernier exemple, parce que l'émission file : un tagueur qui était suivi par la ville de Lyon. 

Edouard Hoffmann : Ah mais c'est un tagueur, c'est absolument incroyable. Osh qui a massacré littéralement de plus de 300 tags en avril et mai dernier pour une exposition qui a eu lieu le 2 juin. J'ai prévenu la presse, etc. Un journaliste du Progrès qui m'a contacté. Evidemment, aucun élu n'est venu. J'ai vu sur les réseaux sociaux, je lui dis d'où vient ce tag Osh ? Et en fait, il suffit de.. Mais tout le monde se connaît sur réseaux sociaux, c'est minuscule. En fait, c'est un tout petit monde. C'est un monsieur d'une quarantaine d'années qui était vaguement connu dans le milieu du street art, enfin, on m'a dit que c'est quand même pas une gloire non plus. Et il a tagué, c'est du street marketing, 300 tags dont l'Hôtel de Ville, dont le Palais Saint-Pierre, etc. La mairie n'a pas porté plainte. Le journaliste m'a dit qu'il avait avoué que c'était lui et il dit évidemment que c'est bien quelqu'un qui imite sa signature. 

Guillaume Lamy : Voilà ce que vous dites, c'est qu'il y a un laisser-faire. 

Edouard Hoffmann : Évidemment, ils ferment les yeux, mais ils le font sciemment et avec même plaisir, en fait, avec délectation. En fait, je voulais juste signaler à nos auditeurs ce qui est extrêmement important, ça porterait un coup de frein immense et radical., c'est un monsieur a été pris à Paris pour une centaine de tags, il a eu 17 000 € d'amende et trois mois de prison avec sursis. Je vous dis que ça calme tout de suite. 

Guillaume Lamy : Bon, on va terminer cette émission sur sur ces paroles. Merci en tout cas d'être venu sur 6 minutes chrono et vont trouver beaucoup plus d'infos et des photos sur www.lyoncapitale.fr capital fr. À très bientôt, au revoir. 

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