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"La pauvreté, ce n'est pas que la mère qui vit seule avec ses enfants en QPV"

L'Insee publie un panorama de la pauvreté en Auvergne-Rhône-Alpes, révélateur de fortes particularités territoriales, il prouve que "les questions de pauvreté ne sont pas univoques".

La région Auvergne-Rhône-Alpes est l'une des moins pauvres de France. C'est l'un des enseignements du "panorama de la pauvreté en Auvergne-Rhône-Alpes" publié ce mardi par l'Insee Auvergne-Rhône-Alpes dont l'objectif est, entre autres, de guider l'action de l'Etat dans le cadre du Pacte des solidarités qui prendra la suite de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté en 2024.

La pauvreté monétaire
Selon les chiffres de 2020, utilisés par l'Insee dans cette étude, être pauvre au sens monétaire signifie vivre avec moins de 1 120 € par mois pour une personne seule. Ce montant correspond à 60 % du niveau de vie médian (13 440 € par an). Il s'élève à 2 350 € pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. En France, 14,4 % de la population est considérée comme pauvre d'après cette définition.

16 % de personnes pauvres dans la métropole de Lyon

"C'est une étude fondamentalement structurelle qui ne cherche pas à répondre aux problématiques conjoncturelles", a tenu à préciser en introduction Jean-Philippe Grouthier, directeur régional de l'Insee, écartant ainsi les problématiques liées à l'inflation. Selon l'Insee, la Région Auvergne-Rhône-Alpes est ainsi la troisième région la moins pauvre de France, avec 12,7 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté. Le taux de pauvreté atteint jusqu'à 16 % dans la métropole de Lyon. L'étude révèle par ailleurs d'importantes disparités territoriales entre l'Est et l'Ouest du département. Le taux de pauvreté atteint 15,3 % dans l'Allier contre 9,4 % en Haute-Savoie.

Taux de pauvreté dans les départements de la région. (@Insee)

Le Rhône est le cinquième département le plus touché par la pauvreté avec plus de 14 % de ses habitants concernés. Les personnes les plus touchées sont les moins de 30 ans. Plus de 20 % d'entre elles vivent ainsi sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui atteint presque les 25 % dans la Métropole de Lyon. "Une bonne partie sont des étudiants détachés fiscalement de leur parents, observe Florence Léger, commissaire de l'étude. Et d'ajouter : Globalement, plus l'âge augmente, plus le taux de pauvreté baisse." Concernant la structure des ménages, les familles monoparentales sont les plus exposées à la pauvreté dans le Rhône, suivies des hommes seuls et des femmes seules.

Des fragilités liées au logement en métropole, et à la mobilité en territoire rural

"La pauvreté, ce n'est pas que la mère qui vit seule avec ses enfants en quartier politique de la ville", note ainsi Philippe Grouthier. En territoire urbain comme dans la Métropole de Lyon, elle concerne surtout les jeunes et les familles monoparentales vivant en banlieue mais aussi à Lyon. Dans des zones plus rurales, notamment dans l'Ouest de la région, les retraités vivant seuls sont particulièrement représentés. A noter par ailleurs que l'accès à la propriété ne garantit pas d'échapper à la pauvreté. Dans l'Est de la région, jusqu'à 24 % des ménages insérés professionnellement et propriétaire de leur logement se trouvent en situation de pauvreté, notamment en Savoie et Haute-Savoie.

Afin d'aiguiller les pouvoirs publics dans leur action, l'Insee a identifié "des fragilités qui renforcent l'exposition à la pauvreté". Elles sont sept, classées par degré de fragilité, et concernent : l'insertion professionnelle, le niveau de formation initiale, le logement, la situation familiale, la mobilité, l'accès aux soins et l'accès aux services publics. En Auvergne-Rhône-Alpes, 21,5 % de la population vit ainsi dans un EPCI "très fragile" concernant le logement, à commencer par la métropole de Lyon.

"Ces fragilités donnent un contexte. Il n'y a pas de corrélation entre la fragilité et le taux de pauvreté c'est simplement un constat et une invitation aux décideurs à agir sur ces thématiques", précise Philippe Grouthier. Dans la métropole de Lyon, l'Insee note que pour une attribution, 7,7 demandes de logements sociaux sont réalisées. "Lorsque l'offre de logement social n'est pas suffisante, l'accès au logement peut constituer une difficulté importante pour les plus modestes", rappelle l'Insee. Dans les communes rurales, c'est davantage les problématiques de mobilités constituent un frein à l'emploi. C'est par exemple le cas dans la plaine de l'Ain classée "fragile" sur cette thématique et où 81,7 % des actifs utilisent leur voiture pour se rendre au travail. "Les actifs doivent parcourir une grande distance, ce qui, quel que soit le transport, à un coût", appuie l'Insee.

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