L’éco-activisme lyonnais relaxé. Ou "de nouvelles formes d’expression des citoyens dans un pays démocratique où s’exerce un devoir de vigilance critique".
La justice a tranché : les activistes écologistes d’Extinction Rebellion étaient dans leur bon droit. Mi-mai, la cour d’appel de Lyon a confirmé la relaxe de sept des huit militants (l’un d’eux a été condamné pour “rébellion” contre les forces de l’ordre) qui s’étaient introduits, en mars 2024, sur le site d’Arkema, à Pierre-Bénite, pour dénoncer la contamination aux PFAS, les polluants dits “éternels”. Les militants avaient découpé les grillages de l’usine chimique à l’aide de pinces coupantes et forcé des entrées au pied-de-biche. La cour, saisie par le parquet et Arkema, a donc suivi le tribunal judiciaire qui, en première instance, avait estimé que les poursuites représentaient “une ingérence disproportionnée dans l’exercice de la liberté d’expression alors que les personnes s’inscrivent dans une action politique pour alerter sur les dangers de cette pollution”.
Même fondement qu’en 2019, lorsque le tribunal correctionnel de Lyon avait relaxé deux militants écologistes pour le vol en réunion du portrait officiel du président de la République dans la salle des mariages de la mairie du 2e. Si l’infraction de vol avait été caractérisée et reconnue, la relaxe avait été prononcée au motif que l’action militante avait été rendue nécessaire et légitime du fait de l’urgence climatique.
Des jugements assez audacieux, les juges ayant estimé que ces actions s’inscrivaient, en quelque sorte, “dans le cadre de nouvelles formes d’expression des citoyens dans un pays démocratique où s’exerce un devoir de vigilance critique” pour reprendre l’analyse de Michel Danti-Juan, professeur émérite à l’université de Poitiers et ancien directeur de l’Institut de sciences criminelles.
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