Édito. “Un activisme associatif tous azimuts.” C’est le titre du paragraphe consacré à la région lyonnaise dans le rapport “Frères musulmans et islamisme politique en France”, mené par un groupe de hauts fonctionnaires en liaison avec les réseaux diplomatiques français..
"Une cinquantaine d’associations musulmanes apparentées ou en lien avec Musulmans de France ou affichant plus généralement une sensibilité frériste est recensée en région lyonnaise, peut-on lire. La région y est particulièrement exposée en raison de l’implantation du centre Tawhid et de l’Union des Jeunes Musulmans, relais de Tariq Ramadan à partir des années 80-90. Cette présence s’appuie par ailleurs sur la grande mosquée Othmane de Villeurbanne directement rattachée à Musulmans de France.”
“Cette multiplicité des acteurs se traduit par une ‘rigorisation’ de la pratique religieuse avec une explosion du nombre de jeunes filles portant une abaya et l’augmentation massive du nombre de petites filles portant le voile. Cette situation est rendue complexe pour les centres sociaux qui acceptent tout le monde (‘venez comme vous êtes’) et font face à des revendications communautaires.”
Objet politique identifié très commenté, le rapport, en grande partie classifié, est sorti dans Le Figaro à la fin du mois de mai, alors qu’il a été réalisé au printemps 2024, mais est resté derrière les rideaux eu égard à l’instabilité politique (pas de gouvernement).
La tentation serait de s’en tenir à la dimension politicienne du rapport particulièrement documenté de soixante-quinze pages, avec des éléments chiffrés et un élément de diagnostic. Et de rester, en quelque sorte, dans sa zone de confort, en fermant, c’est plus commode, les yeux sur le fond du sujet.
Pourtant, à moins d’un an des élections municipales, la question est un sujet de campagne. Le rapport fait état de dimensions locales assez soulignées avec, en toile de fond, la question de l’entrisme : clientélisme local dit bas (déjà à l’œuvre dans la métropole de Lyon) ou campagnes d’intimidation plus subtiles comme, typiquement, les accusations d’islamophobie d’État, de racisme systémique à l’égard des musulmans au nom d’un “projet” pour détruire l’islam.
Le rapport peut participer à une prise de conscience des élus. Il serait sain d’avoir un débat, notamment avant les municipales. Cela aiderait les gens de terrain, assistants sociaux, éducateurs sportifs, maires, à oser en parler ou faire en sorte qu’ils se sentent moins seuls quand ils osent.
Les Frères musulmans ciblent les piliers de l’État, ses institutions les plus robustes. Quand l’Éducation nationale est en ligne de mire, ça marche et ça fait peur. Quand ils visent l’université, c’est pour bloquer la production des connaissances sur ces sujets. Il s’agit d’intimidations.
L’histoire de Lyon 2 n’est ni une “polémique”, ni un “emballement médiatique”, comme France Universités, la présidente de Lyon 2, Isabelle von Bueltzingsloewen ou certains médias l’ont caractérisée. Avec, ce n’est pas anodin, la démission du vice-président du conseil d’administration, des finances et des personnels de Lyon 2, Willy Beauvallet-Haddad, visé par une enquête pour “apologie du terrorisme” ouverte par le parquet de Lyon, après qu’il a rendu hommage au chef du Hezbollah.
L’erreur serait de continuer à faire l’autruche, avec l’argument massue que les attaques contre les Frères musulmans sont, en fait, des attaques contre les musulmans tout court. Ce serait tomber dans le piège que tendent, depuis plus de trente ans, les Frères musulmans.
Un débat à Lyon semble pourtant très compliqué. Pour les prochaines élections municipales, Grégory Doucet souhaite dur comme fer une union de la gauche et de l’extrême gauche. Or, le leader de cette dernière, Jean-Luc Mélenchon, a dit, au sujet du rapport sur les Frères musulmans, qu’il s’agissait d’un “gadget” et “ne pas croire aux fantasmes complotistes” sur la mouvance frériste, et a accusé “le centre droit (de) faire de l’islamophobie une cause de l’État”. Et, dans le Rhône, LFI a été le grand vainqueur des dernières législatives avec quatre députés…
Demande en mariage de LFI aux écolos (ou inversement) pour les municipales : “Couvrez ce sein que je ne saurais voir.”
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